Marcel Barbeau installe une nouvelle murale à l’École de métiers de la Construction de Montréal

Marcel Barbeau installe une nouvelle murale à l’École de métiers de la Construction de Montréal

 

23/05/2012 au 30/09/2012

Author :Etchevery, Robert   Date : 01/06/2012
Author :Etchevery, Robert
Date : 01/06/2012
“Points of vision”, acrylic on aluminium and pine, École des métiers de la construction de Montréal, Montreal, 2011-2012.

 

Le 31 mai dernier, Marcel Barbeau a supervisé la dernière phase de l’installation de sa murale « Les angles du regard » à l’École des métiers de la construction de Montréal. L’ayant conçue au cours de l’été et de l’automne 2011, l’artiste en a supervisé la réalisation au cours de l’hiver et du printemps 2012. Pour la conception de son projet, l’artiste a bénéficié des conseils techniques de l’architecte Georges Lagacé et de Kim Landry, étudiante en architecture. En ce qui concerne la production technique, Axis Peinture a réalisé la peinture au pistolet selon les esquisses de Marcel Barbeau et sous sa supervision, tandis que le menuisier Patrick Roy a produit entièrement le lambris de pin où s’insèrent les tableaux et procédé à leur installation, le tout, encore une fois, selon les directives et sous sa supervision de l’artiste.

Marcel Barbeau a obtenu cette commande de la Commission scolaire de Montréal en décembre dernier dans le cadre du Programme d’intégration d’œuvres d’art à l’architecture du gouvernement du Québec. C’est à la suite d’importants travaux de rénovation et de réaménagement de l’immeuble de l’École de métiers de la Construction de Montréal qu’un concours d’art public sur invitation a été lancé et que le projet de Marcel Barbeau a été retenu. Bien qu’il s’intéresse à l’intégration de l’art à l’environnement et à l’art monumental depuis le milieu des années soixante, comme en témoignent des esquisses de son fonds d’archives et une grande étude récemment acquise en donation par le Musée national des beaux-arts du Québec, qu’il soit inscrit à des concours d’art public québécois depuis la fin des années soixante-dix et qu’il ait produit une dizaine d’œuvres publiques — des sculptures monumentales pour la plupart —, c’est la toute première commande institutionnelle que Marcel Barbeau obtient à 87 ans. En effet, ses autres œuvres publiques ont été réalisées dans le cadre de symposium ou de projets privés et plusieurs ont d’abord été entièrement réalisées à ses frais. C’est là un bel exemple de persévérance.

Composée de 4 tableaux de 182 x 182, peints à l’acrylique sur aluminium, installés dans les fenêtres d’un lambris de pin, cette murale entoure le nouveau hall d’entrée qui sert désormais de centre d’accueil de l’école. Cet espace est la voie d’accès principale vers les différents pavillons. Située dans cet emplacement stratégique, la murale fait écho à la diversité des métiers de la construction en suggérant leur réunion sous le même toit par les éléments unificateurs que sont les diverses figures géométriques qui s’y déploient. Cette approche est en continuité avec les problématiques « anaconstructives » qui orientent la production de Barbeau depuis 1991. Le rapport complexe au construit qui l’inspire est pertinent dans ce lieu voué aux métiers de la construction. Il se manifeste par les figures géométriques vivement colorées qui constamment construisent et abolissent des objets picturaux tridimensionnels. Ils sont la métaphore de cet immeuble et de la ville qui se construisent et se déconstruisent constamment à travers l’espace, le temps et l’histoire.

La fragmentation de la murale en 4 tableaux de même que son unité formelle suggère visuellement la vocation distinctive et multiple de l’institution, qui réunit différents corps de métiers, tous reliés à la construction, avec pour chacun sa culture particulière et son rapport à une tradition artisanale forte, bien que plus ou moins ancienne, ainsi que l’important renouvellement de leurs techniques. La singularité du motif de chaque tableau et le lien formel qu’on décèle entre eux, par la répétition des couleurs, des formes et des figures à travers la murale et par le mouvement des trajectoires qui conduisent l’œil d’un tableau à un autre, rappellent l’interaction des métiers dans l’école et les liens profonds entre les réalités de chaque métier. Par ailleurs, le contraste entre les tableaux peints sur aluminium, un matériau moderne, et le lambris de pins, évocateur des techniques traditionnelles de la construction, rappellent l’évolution des métiers et la prégnance de leurs traditions. Le mouvement perpétuel qui s’installe entre les figures convie au dynamisme actuel de ces métiers en pleine évolution. Cependant, comme partout dans son œuvre, l’approche de Barbeau demeure résolument abstraite et intuitive.

L’articulation complexe de l’image en 4 éléments distincts rappelle la bande dessinée, un langage plastique familier aux jeunes qui fréquentent l’école. À l’inverse d’un long tableau en continu, ce type d’image s’insère finement et dynamiquement dans l’espace du hall qui est fragmenté par la présence du poste d’accueil. En proposant une lecture narrative de l’œuvre, l’artiste invite à des pauses et à l’examen individuel de chaque panneau, ce qui en facilite la perception. Le format à l’échelle humaine des tableaux incite à une appréhension presque physique de la peinture. Le spectateur peut s’arrêter un moment devant chaque tableau du mur principal pour le pénétrer du regard. La disposition d’un quatrième tableau sur le mur d’entrée, perpendiculaire au mur principal, accentue cette fragmentation de l’image et crée une forte interaction entre les deux surfaces, tout en orientant la circulation entre les deux principaux couloirs d’accès.

Les deux longs parallélogrammes irréguliers, rouge et vert, qui surgissent au centre de ce tableau situé sur le mur latéral d’entrée, telles des poutres lancées dans l’espace, orientent le regard vers la partie principale de la murale située dans le couloir qui joint les deux ailes frontales de l’immeuble. Le contraste de couleurs complémentaires entre ces deux figures accentue la tension entre elles. Un parallélogramme semblable, peint en noir, leur répond sur l’autre mur attirant l’usager vers la suite de la murale et de l’immeuble ou, au contraire, le dirigeant vers la sortie. Le retour de cette figure, selon un angle différent du côté droit du dernier tableau, clôt ce circuit visuel.

La répétition dans chacun des tableaux d’éléments formels semblables, malgré leurs différences de taille, de forme, de couleur et le jeu de contrastes qui s’y déploie, renforce l’impression d’unité de l’œuvre, tout en affirmant l’autonomie de chaque élément. La récurrence des mêmes couleurs d’un tableau à l’autre souligne également l’unité formelle de l’ensemble par-delà l’impression de dispersion. De même, la disposition des figures et la trajectoire que suggèrent leur forme et leur emplacement les unes par rapport aux autres créent des lignes virtuelles qui lient les tableaux entre eux en une chorégraphie virevoltante, évocatrice de l’animation des grands chantiers. Cette effervescence plastique cherche à donner le même sentiment de dynamisme et de force joyeuse d’un tableau à l’autre. Le même bleu intense du fond, qui domine dans les quatre tableaux, et la trame rythmique du lambris de pin clair, dans laquelle ils s’insèrent comme des fenêtres ouvertes sur l’imaginaire, unifient la composition et propose la vision positive d’un jour ensoleillé. Chaque tableau concourt à suggérer un monde en devenir où tous les éléments sont reliés, tout en demeurant autonomes comme chacun des métiers représentés dans l’école.

À l’entrée, Marcel Barbeau a inscrit sur la plaque d’identification de l’œuvre cette sobre présentation de son œuvre : « Comme la ville et les bâtiments qui la composent, mon œuvre est en mouvement permanent, se construisant et se transformant. »

L’inauguration est prévue à la rentrée scolaire 2012, soit à la fin août ou au début septembre. La date exacte vous sera précisée ultérieurement sur ce site.

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