En février, Marcel Barbeau et Suzanne Meloche assistent au vernissage de l’exposition de Jean-Paul Mousseau et de Marcelle Ferron à la Librairie tranquille. (51) .Il revient à l’huile et produit trois ou quatre petites peintures dans l’esprit des Combustions originelles dont Claude Gauvreau rendra compte dans un article du Haut-Parleur à la fin septembre .(52)
Les dernières œuvres de Barbeau, à l’instar de celles de la plupart de ses confrères automatistes, sont refusées par le jury du Salon du printemps. Barbeau collabore à l’organisation d’une manifestation contre le jury qui a lieu au Musée des beaux-arts de Montréal à l’occasion du vernissage. Il participe aussi à la contre-exposition, Les Rebelles, qui a lieu en même temps au 2146 de la rue Mansfield.(53) Barbeau y expose des aquarelles et des huiles «minuscules» que le journaliste Jean-Claude Dussault et Claude Gauvreau mentionnent dans leur correspondance. (54) Pierre Gauvreau, qui tient parallèlement une exposition solo à la résidence familiale, dénonce la tenue de cette exposition dans un texte qu’il affiche dans sa propre exposition et qu’il envoie à Borduas. Il se dissocie de Barbeau et de Jean-Paul Mousseau, dont il rejette l’évolution esthétique. (55) Barbeau lui répond dans une lettre personnelle. À la suite de la publication d’un article de Rémi-Paul Forgue, qui reprend les critiques de Pierre Gauvreau, Claude Gauvreau engage avec Forgue une polémique dans les journaux pour défendre l’exposition des Rebelles de même que les œuvres de Barbeau et de Mousseau. (56) Au début de l’été, inspiré par l’idéal anarchiste libertaire et coopératif, Barbeau s’installe sur une ferme de Saint-Jean-Baptiste de Rouville avec son épouse, Suzanne, et leur fille, Manon, son confrère, le peintre Jean-Paul Mousseau, sa femme, la comédienne Dyne Mousseau et leur fille Katryn ainsi que le producteur de film Paul Legault et sa compagne. (57) L’objectif de cette commune : par la coopération et le partage et par une culture rationnelle de la betterave à sucre, réunir au cours de l’été les revenus nécessaires à leur subsistance et au financement de leur production artistique au cours de l’hiver. L’achat de poulet et la culture d’un potager doit assurer leur subsistance avant la récolte automnale tardive. Grâce au conseil d’un agronome, suivi scrupuleusement par les agriculteurs néophytes, la récolte est prometteuse, mais les pluies abondantes, la manque de main d’œuvre et un gel prématuré entraînent sa perte. Devant cet échec, la commune se dissout. Les Barbeau demeurent dans la région de Saint-Hilaire où les loyers sont modiques. Ils s’installent d’abord dans la montagne de Saint-Hilaire. Barbeau trouve un emploi d’artisan en finition de meuble à l’Office Equipment, premier importateur et fabriquant de meubles de bureau de Montréal. (58) Cet emploi lui offre une certaine sécurité financière, ce qui le libère de l’obligation de maintenir un second emploi à l’épicerie de son oncle les fins de semaines. Cependant, les déplacements quotidiens du jeune peintre entre Saint-Mathias et Montréal lui laissent peu de temps pour son art. Il poursuit pourtant les fins de semaine sa suite des Combustions originelles.
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