Du 26 janvier au 13 février, Barbeau participe avec cinq petites encres de la série des Combustions originelles à l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters au Musée des beaux-arts de Montréal. (68)
En février, à la suite d’une crise aiguë d’appendicite, Barbeau subit une intervention chirurgicale qui le retient à la maison pendant quelques semaines. (69) Cette absence et une erreur de calcul entraînent son congédiement de l’Office Equipment. Cette période de convalescence, puis de chômage, lui permettent cependant de consacrer plus de temps à son art. Il poursuit la série des Combustions originelles. Reprenant la technique de la sculpture de fil métallique recouverte de papier mâché et laqué, il réalise une sculpture de grand format. À l’invitation de Marcel Barbeau, Maurice Perron se rend à Saint-Mathias pour y photographier la dernière production de son ancien confrère, dont cette sculpture, photographie qui sera reproduite dans la Revue populaire au cours de l’été 1953. Le photographe profite de cette visite pour réaliser quelques portraits de Marcel Barbeau, de son épouse et de ses enfants. (70)
À la suite du voyage de Barbeau à New York l’automne précédent, la One Wall Gallery de Wittenborn and Schultz présente en mars la première exposition de Marcel Barbeau à New York. La galerie expose en même temps des œuvres d’un artiste américain. Choisi par la galerie, inconnu de Barbeau, ce dernier ne retient pas le nom de ce partenaire d’occasion. Aucune documentation de l’exposition ne permet de l’identifier. Sa situation financière, toujours précaire, ne permet pas à Barbeau de retourner à New York pour le vernissage. Suzanne Meloche rédige un communiqué de presse que les journaux montréalais reprennent presque tous intégralement. L’exposition lui vaut aussi de brefs commentaires dans les magazines américains Art News, Art Magazine et Art Digest (71). À la suite de cette exposition, deux de ses encres sont retenues pour une exposition d’art contemporain en Floride. (72) Le jury du Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal accepte aussi une de ses encres de la série des Combustions originelles. (73)
Début mars, Barbeau écrit à R. T. Davies pour le remercier d’avoir permis la tenue de l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters, et pour apporter son soutien moral au directeur du musée dans ses démêlés avec le conseil d’administration qui refuse de renouveler le contrat de ce dernier. (74) Il le félicite également de l’acquisition de deux Picasso. En réalité, il s’agit d’un prêt à long terme de natures mortes de la fin des années vingt.(75)
À Ottawa, la galerie et librairie, le Foyer de l’art et du livre reprend l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters. À la suite de cette exposition, Madame Boutin, la propriétaire de la galerie invite Barbeau à présenter une seconde exposition à sa galerie l’année suivante. En avril, Barbeau retourne à Québec, où Pauline Shink lui achète encore quelques encres. (76)
En juin, Pauline Rochon, directrice du Centre d’art de Sainte-Adèle, une station de villégiature à la mode des Laurentides, au nord de Montréal, engage Marcel Barbeau comme professeur de sculpture sur bois pour la session estivale. (77) Ces cours, dispensés en anglais comme en français, s’adressent surtout à une clientèle touristique locale et étrangère, des adultes et des enfants, en villégiature dans la région. Cet emploi d’à peine quelques semaines — la saison ne dure que du 7 juillet au 16 août —, ne permet cependant pas au jeune peintre de résoudre ses problèmes financiers. Aussi, son épouse doit-elle accepter un emploi de secrétaire pour subvenir temporairement aux besoins de sa famille.
En août, Suzanne Meloche quitte Marcel Barbeau et ses deux enfants. (78) Ayant trouvé, un emploi temporaire de professeur de dessin à l’École des arts et Métiers de Rouyn-Noranda, en remplacement d’un professeur malade, Barbeau se résout à confier ses enfants à une garderie. À la fin août, il quitte Montréal pour l’Abitibi. Parallèlement à son enseignement à l’École des arts et métiers, il donne des cours de peinture à des amateurs de Rouyn-Noranda, de Val-d’Or et d’Amos. (79)
Ces tâches multiples et surtout les longs déplacements, que lui impose la distance entre ces différentes villes, lui laissent peu de temps pour son art et il réalise à peine quelques petites encres au cours de l’automne et de l’hiver passés dans cette région nordique du Québec. Il les expose avec des encres de la série des Combustions originelles au bar Le Petit Duc, de Rouyn-Noranda. (80) Un amateur d’art de la région, Monsieur René Buisson, lui achète deux encres pour les offrir à son épouse, qui joue alors un rôle important dans l’organisation des activités culturelles dans la région. (81) Pour susciter d’autres ventes, le peintre organise une loterie avec une de ses encres pour enjeu. Acheteur d’un billet, le journaliste Pierre Chouinard, qui travaille alors à la radio locale, en est l’heureux gagnant. Il la conservera sa vie durant. (82)
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