En janvier, la Galerie Denyse Delrue expose à nouveau Ouvri Dalida Doni Dosa dans le cadre de l’exposition La collection d’œuvres canadiennes de Charles Delloye. Au cours de l’hiver, Barbeau tient une exposition au Théâtre de l’Estérel à Sainte-Marguerite, un centre de villégiature des Laurentides. Le 13 mars, Barbeau obtient une bourse du Conseil des arts du Canada dans le cadre d’un projet de séjour à Paris et de stage à l’atelier Hayter. [1] Du 30 mars au 15 avril, le Musée des beaux-arts de Montréal présente à la Galerie XII une exposition de peintures de Marcel Barbeau et de sculptures du Torontois, Gerald Gladstone. Barbeau y expose cinq peintures de très grand format de 1959 et 1960. [2] L’exposition suit de quelques semaines la grande rétrospective Borduas, présentée au musée, exposition qui entraîne alors un renouveau d’intérêt pour le mouvement automatiste dans le public québécois. En même temps, il expose chez Denyse Delrue des œuvres plus récentes auxquelles sont associées des peintures à la douille de 1957 et ses trois premières grandes peintures très épurées de 1959. [3]
Départ pour Paris en mai sur le paquebot l’Homéric. Barbeau projette d’y séjourner au moins quelques mois. Il passe quelques jours à Paris, à la Maison du Canada de la Cité universitaire, puis il s’installe dans une grande chambre au 10 rue Guérard, à Fontenay-aux-roses, chez le sculpteur Philippe Scrive et son épouse Françoise, des amis de Pauline Julien, sur la recommandation de cette dernière. [4] Il y résidera pendant près d’un an. Il s’adapte difficilement à la société française. Cependant, le premier juin, il commande de grandes toiles et recommence à peindre. [5] Il fréquente des confrères québécois, Jean-Paul Riopelle, Fernand Leduc et Marcelle Ferron, déjà installés depuis plusieurs années à Paris, Rita Letendre et Ulysse Comtois, qui, en route pour Spoleto, tentent comme lui de prolonger leur séjour en Europe.
À la fin juin, s’ouvre le Festival des Deux Mondes de Spoleto en Italie auquel Barbeau participe dans le cadre d’une exposition d’art canadien avec trois envois,Natashkouan, Ouvri Dalida Doni Dosa et Tomac. À la mi-juillet, il se rend en Italie en compagnie du peintre Fernand Leduc et de leur ami Michel Lortie, fils des collectionneurs, montréalais Gérard et Gisèle Lortie, qui possèdent déjà plusieurs de ses œuvres. [6] Charles Delloye, le conservateur de l’exposition, l’introduit à plusieurs personnalités de la scène artistique italienne dont le sculpteur Ettore Colla, le critique d’art Ceasare Vivaldi et la fille du peintre Severini, dont il visite la collection. [7] Il y rencontre aussi des participants de différents pays dont les sculpteurs israéliens, Chamail Aber, un ami de Charles Delloye, et Kosso Eloul, qui deviendra le compagnon de la peintre canadienne Rita Letendre. Il assiste à divers spectacles dont celui de la troupe de danse Nikolaï New Theater of Motion, dont le merveilleux le séduit. De retour à Paris, il peint durant tout le mois d’août. Il fréquente Chamail Aber et ses confrères canadiens qui vivent à Paris.
À la mi-septembre sur la recommandation de Charles Delloye, Barbeau décide, de prolonger son séjour d’un an et demi ou deux ans. [8] Au cours de l’automne, Barbeau se rend à l’atelier Hayter en vue de s’initier aux techniques de l’estampe, comme le prévoit son projet de séjour en France, présenté au Conseil des arts du Canada. Rapidement déçu par l’atelier et par une discipline qui ne correspond nullement à son approche intuitive de l’art, il abandonne son stage après quelques semaines, pour se consacrer à la peinture. Ses recherches évoluent rapidement d’une épuration minimaliste à une recherche rythmique, en continuité avec sa production picturale de 1959-60. Il s’intéresse au jeu des contrastes de couleurs pures et tente de provoquer l’hallucination par le biais d’illusions cinétiques, comme en témoigne une lettre aux Lortie, datée du 25 octobre. [9] Il visite la Galerie Iris Clert et s’y découvre des affinités en raison de “son caractère dada”. Charles Delloye l’introduit à la marchande qui l’accepte parmi les artistes de sa galerie. [10] Avec la marchande, il élabore un projet d’exposition solo pour l’année suivante.
À Montréal, il figure dans l’exposition Noir et blanc de la Galerie XII du Musée des beaux-arts de Montréal. [11] En octobre, la Maison du Canada à la Cité universitaire lui achète Duègue-Altoc,un des tableaux exposés au Musée des beaux-arts de Montréal.[12] Le tableau est accroché dans le Salon Wilson, utilisé comme salle de concert et de réception. Dans une lettre au Secrétariat de la province, Robert Élie, Délégué du Québec à Paris, recommande au Secrétariat du Québec l’acquisition d’une œuvre de Barbeau pour la collection de la Délégation du Québec à Paris. [13] Cette dernière proposition demeure cependant lettre morte.
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