1 – 25 novembre 2018
Vernissage : Jeudi 1 novembre de 17h à 20h
Galerie D’Este a le plaisir de présenter Jours d’envol, la première exposition de l’artiste Marcel Barbeau à la galerie.
MOT DE LA COMMISSAIRE : Dre Ninon Gauthier :
J’ai souvent expliqué comment l’expression du mouvement est au cœur même de la trajectoire de l’œuvre Marcel Barbeau depuis ses toutes premières gouaches de 1944-45. Le mouvement est aussi un thème que l’historienne d’art et philosophe Carolle Gagnon avait développé dans un chapitre de notre monographie Marcel Barbeau Le regard en fugue. L’éblouissante rétrospective Marcel Barbeau en mouvement, présentée actuellement au Musée national des beaux-arts du Québec, sous le commissariat d’Éve-Lyne Beaudry, le démontre brillamment.
L’exposition Jours d’envol aborde la même thématique à travers des œuvres de maturité de l’artiste, alors à l’apogée de son œuvre et de sa carrière. L’envol suggère l’amorce d’un mouvement léger, fluide, aérien, libérateur. Il réfère à l’exaltation qui habitait Marcel Barbeau lorsqu’il amorçait une nouvelle approche, une série comme une œuvre nouvelle. Il évoque ou aussi sur mode mineur, la veille de son grand départ alors qu’il a préservé jusqu’au bout de sa route sa curiosité intellectuelle, la même ferveur tenace. Malgré la maladie de Parkinson qui le minait, lorsqu’il pouvait se rendre à sa table de travail, seule sa flamme pour son art comptait. Il y retrouvait son désir de créer, le sentiment de liberté que la création lui procurait. Son visage s’illuminait alors, émerveillé de cette nouvelle œuvre rayonnante qui lui était donnée et qu’il pouvait offrir au monde. Car, son seul souhait était de communiquer ainsi la joie de repousser les limites du regard.
Dans ses deux dernières périodes, exposées à Galerie D’Este, Marcel Barbeau a voulu faire le point sur l’ensemble de son parcours en repoussant encore davantage les frontières disciplinaires et esthétiques. En 1990 et surtout en 1991, il a intégré dans une même œuvre picturale ou sculpturale les éléments plastiques qui lui étaient étrangers. Ainsi en 1988, il a repris la polychromie de ses sculptures de 1984, dans une série de maquettes de sculptures associant les complémentaires déclinées en nuances également opposées, qui, par leur confrontation, créaient un monde d’illusions, semblable à celui de ses peintures optiques. Puis à la fin de 1990 et surtout de 1991, il a repris, en peinture, des éléments spatiotemporels, des trouées, des figures, de ses sculptures récentes. Ces tableaux, qu’ils appellent Anaconstructions, construisent et déconstruisent constamment, dans le regard du spectateur, des objets bidimensionnels qui s’interpellent. Ils créent un ballet fascinant de formes-objets abstraits qui se propulsent à l’avant du tableau pour aussitôt s’y résorber en une image plane.
À partir de 2011, il réintroduit la gestualité et le tachisme de sa jeunesse en les associant à des éléments picturaux nettement délimités, arcs de cercle, ondulations, ou obliques minces, isolées ou répétées en rythmes initiant un effet d’optique. Il donne ainsi à voir combien son œuvre entier n’est qu’une quête d’expression du mouvement et de la vie, du devenir qui est le propre de notre univers et de notre humanité.
Marcel Barbeau, OC, ONQ, RCA, Prix Borduas, Prix du Gouverneur Général et Prix Louis-Philippe Hébert, naît à Montréal le 18 février 1925. Il étudie avec Paul-Émile Borduas à l’École du Meuble de Montréal (1944-1947) et il fréquente l’atelier personnel de ce dernier où il rencontre les jeunes artistes et intellectuels qui formeront le groupe des Automatistes. Il participe à toutes les activités de ce mouvement entre 1946 et 1955, dont ses deux premières expositions d’avril 1946 et de février 1947, et signe le manifeste Refus Global en 1948. Depuis, il n’a cessé de remettre en question ses acquis. Constamment à la recherche de formes nouvelles et de nouveaux modes d’expression, « guidé par une impulsion réitérée de « passage à la limite » selon Charles Delloye. En ce sens, il est pleinement un « artiste exploréen », selon le terme du poète Claude Gauvreau. Nomade par sa curiosité de l’autre, Vancouver, Paris, New York, la Californie du Sud ont été tour à tour ses ports d’attache, bien qu’il ait toujours maintenu des liens profonds avec le Québec où il revenait pour de longs séjours annuels. De retour à Montréal en 2008, il y est décédé le 2 janvier 2016, ayant continué à pratiquer son art jusque dans ses dernières semaines, comme il le souhaitait. Figure majeure de l’art canadien, on trouve ses œuvres dans la plupart des musées d’art du pays et dans plusieurs musées étrangers réputés. Le Musée national des beaux-arts du Québec présente actuellement une grande exposition rétrospective de son œuvre.
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Pour plus d’information à propos de la galerie d’Este : https://galeriedeste.com/
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