En janvier, il obtient le premier prix de la Cinquième Biennale canadienne de peinture. Le Dr Willem Sandberg, alors directeur du Stedelijck Museum d’Amsterdam, préside le jury. Samuel et Ayola Zack, les mécènes torontois qui financent ce prix, achètent le tableau primé et l’offrent au Stedelijck Museum. L’artiste torontois Moshel Teitelbaum, également lauréat de ce prix, consacre sa bourse à l’acquisition d’une peinture de Barbeau, ce dont ce dernier ne sera informé que quelque quarante ans plus tard.[39] Les deux mille dollars du prix, auxquels s’ajoutent les quelque trois cent cinquante dollars de l’achat de son confrère torontois, assurent à Barbeau la sécurité financière nécessaire à la préparation de son exposition chez Iris Clert. Aussitôt, il amorce une nouvelle production de trente-six tableaux.[40]
Du 18 mars au 15 avril, Iris Clert présente sous le titre L’an 3000 : le règne de la IVe dimension une exposition solo des peintures de Barbeau de 1961 à 1963. L’artiste italien Lucio Fontana et le critique d’art Charles Delloye signent chacun un bref texte d’introduction à l’exposition dans Iris-Time, bulletin d’information publié par la galerie.[41] Le Stedelijck Museum d’Amsterdam acquiert un second tableau, une des œuvres de l’exposition. Les revues d’art, Vie des arts (Montréal) et Art et Architecture (Paris) publient chacune sous la signature de Charles Delloye deux longs articles sur son œuvre.[42] Barbeau expose à la Galerie Denyse Delrue, du 31 mars au 12 avril.[43] Sa visite de l’expositionNouvelles tendances au Musée des arts décoratifs confirme l’intérêt de Barbeau pour les recherches sur les images virtuelles et sur le cinétisme.[44]
Comme ses expositions génèrent peu de ventes, Barbeau continu à essuyer des ennuis financiers. Ne pouvant prolonger son séjour en France dans des conditions aussi précaires, Barbeau décide de rentrer en Amérique. En mai, prévoyant son départ prochain, il traverse la France en moto en compagnie d’une amie de Rimouski. Il visite Marcelle Ferron à Cagnes, puis il se rend en Espagne.[45] Le 3 juin, Barbeau s’embarque sur le paquebot l’Arcadia vers Montréal, avec le projet de s’établir à New York à l’automne.[46]
Du 11 au 23 juin, Barbeau participe à la Biennale flottante à bord de la Bella Laura ancrée à Salute (Venise). [47] Cette manifestation, organisée par Iris Clert en marge de la Biennale, regroupe vingt artistes de la galerie. Une œuvre de chaque participant est acquise par l’armateur grec, propriétaire du bateau.
Barbeau passe l’été au Bic, dans la région du Bas du Fleuve. Il loge et peint dans deux petits chalets appartenant à son ami Pierre-Paul Riou, qui accepte à nouveau des tableaux en paiement du loyer. Il y poursuit ses recherches cinétiques et y peint quelques petits tableaux et quelques-uns de grands formats, dont un tableau intitulé, Bic.[48]
Barbeau quitte le Québec pour New York le 30 août. Il s’installe d’abord au 250 West de la 88 th Street. Puis, il loue comme atelier, un « loft », situé au numéro 7E du 416, Broadway, à l’intersection de Canal Street et de Broadway.[49] Il y poursuit, avec plus de maîtrise et de rigueur, les recherches d’art cinétique, amorcées à Paris. Il fréquente le sculpteur canadien Robert Murray. Par son intermédiaire et par celle de son ami Charles Delloye, il fait la connaissance de Barnett Newman avec lequel il développe des relations amicales et qui visite son atelier. Il visite l’exposition de Pol Bury chez Lefebvre et celle de Murray Louis, chez Emmerich. Il s’attarde à l’exposition Bonnard au MOMA.[50]
Il visite la Camino Gallery. Il y fait la connaissance de Margot Sylvestre, une compatriote qui dirige cette galerie d’art coopérative. Elle l’introduit à son ami, Bruno Palmer-Poroner, critique d’art au Village Voice et directeur d’une nouvelle galerie, la East Hampton Gallery.[51] Ce dernier s’intéresse au travail de Barbeau et accepte de le représenter. Barbeau participe à l’exposition Color Dynamism, Then and Now à la Galerie East Hampton du 22 décembre au 9 janvier. Parmi les exposants figurent Hannes Beckman, Richard Anuszkiewicz, Ben Cunningham et le peintre canadien, Guido Molinari.[52]
Sorry, comments are closed for this post.