Marcel Barbeau nous quitte à l'âge de 90 ans

Portrait of Marcel Barbeau in his studio for the the Governor General Award. Photo: Martin Lipman / Canada Council for the Arts — Portrait of Marcel Barbeau in his studio for the the Governor General Award.
Photo: Martin Lipman / Canada Council for the Arts

Marcel Barbeau (1925-2016)

Ce 2 janvier à 10 h 53, l’artiste visuel Marcel Barbeau s’est éteint au Manoir de Verdun. Il laisse dans le deuil, sa compagne, l’historienne de l’art et sociologue Ninon Gauthier, sa fille, la cinéaste Manon Barbeau et son fils François, ses petits-enfants, la cinéaste et romancière Anaïs Barbeau-Lavalette et l’éducateur artistique Manuel Lavalette, leurs conjoints respectifs, ses arrières petits-enfants, Manoé, Ulysse, Edmond et Mishka, sa sœur Jeanine, ainsi que ses nombreux parents et amis.

Né sur le Plateau Mont-Royal d’une famille ouvrière le 18 février 1925, Barbeau découvre l’art à l’âge de 18 ans, avec son professeur de dessin de l’École du Meuble, le peintre Paul-Émile Borduas. Sous l’influence de ce dernier, le dessin, la peinture et la sculpture deviennent rapidement une vocation à laquelle il vouera toute sa vie. Il se lie alors aux autres jeunes disciples de son mentor, qu’on appellera bientôt les Automatistes. Il expose avec eux et signe le manifeste incendiaire Refus global, qu’on considère encore comme le texte et le geste fondateur de la modernité au Québec et au Canada. Nomade, Barbeau a vécu et produit des œuvres dans la plupart des régions du Québec, d’Ottawa à Toronto et Vancouver, de Paris à Saint-Tropez et Bâle, de New York à la Californie. Après un troisième séjour de plus de 15 ans à Paris, il est revenu en 2008 vivre à Montréal. Jusqu’à ses derniers moments il a peint, dessiné et il a conçu et produit des maquettes de sculptures qu’il rêvait monumentales dont à peine une dizaine ont été réalisées en grand format.

Plus qu’un style, l’Automatisme de ses vingt ans a été pour lui une philosophie de l’art et de la vie. Par delà les écoles, les styles et les périodes, la pensée automatisme l’a guidé tout au long de son parcours, l’incitant constamment à se remettre en question, à interpeler les règles et académies artistiques anciennes et nouvelles, poursuivant sa quête d’une beauté à toujours réinventer. Immense créateur en peinture comme en sculpture dès 1946, il a toujours cherché à exprimer le mouvement, la passagèreté et le devenir dans ses œuvres et à découvrir de nouvelles manières d’émouvoir et de déstabiliser le spectateur en habitant différemment l’espace. Farouchement indépendant, il a toujours cherché à préserver sa précieuse liberté de créer. Curieux de tout, il a même transgressé le domaine des arts visuels dans des productions et des performances transdisciplinaires. Pionnier de façon récurrente de plusieurs mouvements esthétiques qui ont marqué la seconde partie du XXe siècle, il est un artiste majeur de sa génération et un modèle de liberté artistique, de courage et de persévérance pour les nouvelles générations d’artistes.

Passionné, désirant partager son amour de l’art, sa joie de créer et sa vision esthétique avec le public, il participait volontiers aux activités d’animation et de communications organisées par les galeries et les musées où il exposait, qu’il s’agisse de conférences, de conférences de presse, de vidéo ou d’ateliers destinées aux jeunes enfants. Ainsi en 2010, il a animé, avec l’historien d’art Roald Nasgaard la séance de formation des guides bénévoles de l’exposition The Automatist Revolution à l’Albight-Knox Gallery de Buffalo la ville du vernissage, puis un atelier pour enfants, organisé en marge de cette exposition. Alors qu’il était déjà lourdement affecté par la maladie de Parkinson qui l’avait empêché de se rendre à Québec pour le vernissage de son exposition à la Galerie Michel Guimont le 18 septembre dernier, il a tenu à être présent le 18 octobre au vernissage de l’exposition Dynamiques du regard, à la Galerie Michel-Ange (Montréal), honorant ses 70 ans de carrière, puis le 29 novembre, à l’inauguration de l’exposition collective Op Le vertige optique à la Maison des arts de Laval. Ces rencontres étaient pour lui un moyen de mieux faire comprendre son œuvre et son message de joie dans le dépassement de soi. Car la création artistique était sa principale raison d’être. Il s’y est consacré sans compter et sans relâche, ne se laissant arrêter ni par les difficultés matérielles, ni par les refus, ni par les préjugées, ni par la maladie bipolaire qui l’affecté une grande partie de sa vie.

Barbeau a exposé dans les plus grands musées : du Musée des beaux-arts de Montréal au Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Canada au Boston Institute of Contemporary Art, des Galeries nationales du Grand Palais (Paris) au Musée d’art contemporain de Barcelone, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris au Guggenheim Museum Bilbao et au Palais de Tokyo (Paris). Ses œuvres figurent dans la plupart des musées canadiens et dans plusieurs grands musées étrangers dont le British Museum (Londres, au Stedelijk Museum (Amsterdam), le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg. Officier de l’Ordre du Canada et de l’Ordre national du Québec, il était récipiendaire en 2013 du Prix du Gouverneur général, du Prix Borduas et du Prix Louis-Philippe Hébert, trois des plus hautes distinctions honorifiques du pays en arts visuels, obtenant ainsi une reconnaissance tardive, mais unanime de son immense contribution aux arts visuels.

La famille de Marcel Barbeau recevra les condoléances des amis et admirateurs de l’artiste le samedi 23 janvier au Salon Dallaire Memoria, à partir de 13 heures, cette rencontre informelle suivie d’un hommage qui lui sera rendu à partir de 17 h 30. Le salon est situé 4231, boulevard Saint-Laurent, angle Rachel, à Montréal.

Il sera inhumé le lundi 25 janvier à 11 heures au cimetière de la Montagne. Pour plus d’information :

Alfred Dallaire Memoria,

Att : Martine Leclerc

1115, avenue Laurier Ouest Montréal, Qc, H2V 2L3.

Tél : 514 277 7778 ou 1 866 277 7778

www.memoria.ca

info@memoria.ca

Liens :

http://www.theglobeandmail.com/arts/art-and-architecture/marcel-barbeau-painter-was-a-quebec-pioneer-of-abstract-art/article28331683/

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2016/01/02/001-marcel-barbeau-peintre-sculpteur-deces-refus-global.shtml

http://ici.radio-canada.ca/emissions/desautels_le_dimanche/2013-2014/chronique.asp?idChronique=393799

http://ici.radio-canada.ca/breve/40389/marcel-barbeau-1925-2016