« Le difficile, le compliqué qui aura un long parcours à faire avant d’atteindre la sérénité d’un équilibre plus stable, peut-être moins précieux Émotivité intense en pleine évolution… Nous avons cru à l’avènement de la transmutation, depuis Marcel continue à ne pas nous ménager les surprises. » Paul-Émile Borduas, Les indiscrétions, vers 1947-1948.
« Parti de l’accidentel Barbeau a nettement affirmé la volonté d’éliminer l’accidentel. Et si l’on peut parler de géométrie, ce n’est pas de l’usage raisonné de figures conventionnelles qu’il s’agit, mais d’une géométrie du cœur et de la mémoire. Loin d’être une création arbitraire, cette géométrie retrouve, selon le mot de Borduas, “une espèce de nature”, une géologie s’apparentant aux formes usées ou mieux, forgées par le temps des galets échoués sur le rivage. Tout est venu de la nature et y retourne, Barbeau a opéré cet aller-retour par les voies du pressentiment. » Guy Viau, « Marcel Barbeau ou le hasard conjuré » dans Cité libre, vol. XII, Montréal, octobre 1961.
« Marcel Barbeau crée un espace, un monde, qui ne sont qu’à lui. On croit que sa peinture est une austère création de l’esprit et de l’intelligence; et, puis, soudain il en surgit un contact magistral avec une nature colossale, germante à force de frottements de masses contre l’infini. Lyrisme implacable et nu qu’il faut ressentir en s’intégrant à ce qu’on croit de la sécheresse. » Jean Sarrazin, « Marcel Barbeau Résonance terrible et austère », Le Nouveau journal, Montréal, 7 avril 1962.
« Barbeau’s art provides an argument for the irrelevance of style, distinguished as it is by a consistent intensity of expression and a decicive personality, no matter what the mode. There are constants- the ferocity of Tumulte and the shimmer of Recherche are there again, for instance in the op. But the development was rational, and necessary. He has not been eclectic, but rigourously experiemental – in the the best tradition, after, all of Borduas. He looks likely to stay that way. » Barry Lord, « Marcel Barbeau Retrospective at Scarborough College », Arts Canada, Toronto, 1969.
« Toute son œuvre s’inscrit dans un esprit de successives mutations intérieures et d’ouvertures illimitées, re…flétant une poursuite angoissée d’une identification toujours plus aiguë, entre les sens et l’esprit et, dans une prise de conscience, certes fugitive, mais dans laquelle l’artiste va au plus profond de lui-même, traduisant sur la toile, dans une tension majeure, cet instant fatal qu’il vit; comme le temps s’écoule irrémédiablement, l’homme se transforme autour de son axe. » GALLY-CARLE, Henry, « Marcel Barbeau et la fascination de l’immédiat », Vie des arts, Montréal, no.66, Printemps 1972.
« Sous l’apparence d’une fixation prolongée à Borduas, puis d’une évolution précipitée et discontinue, l’œuvre de Barbeau offre une cohérence profonde. II suffit de ne pas s’arrêter aux reflets, de “traverser le miroir” : alors le projet du peintre apparaît comme celui de Rimbaud, “le dérèglement raisonné de tous les sens” avec ce surcroît de précision froide que l’ère électronique ajoute aux cruautés du poète. Barbeau est doué d’une sensibilité à fleur de peau : tantôt il s’y abandonne, tantôt il en joue, avec une pudeur qui a pour autre face l’humour de Jarry et des dadaïstes… Le surréel n’a rien perdu de son urgence à l’ère des cerveaux électroniques. » Bernard Tesseydre, « Introduction », Barbeau, Winnipeg Art Gallery, Winnipeg, 1969.
« … toute une vie dédiée à la lumière… Trajectoire d’une immuable clarté, il y a un “art de voir-Barbeau” qui parle de bonheur avec ténacité, sur tous les registres et tonalités. » Yves Navarre, « Carnets », Le Devoir, Montréal, 19 octobre 1990; repris dans La vie dans l’âme – Carnets, VLB Éditeur-Le Jour éditeur, Montréal, 1992.
« L’option fondamentale qui sous-tend et enveloppe toute l’activité artistique de Marcel Barbeau depuis ses premières toiles automatistes des années 1945-1950 jusqu’à ses productions les plus récentes et lui confère une cohésion et une continuité évidentes, est une impulsion réitérée de “passage à la limite”… Car ce qui compte pour lui,… c’est d’attester, dans sa marginalité latérale englobante, le principe créateur initial absolu, le pouvoir instaurateur originaire pur de l’apparaître pictural, dans son irréductibilité à toute formulation, qu’il promeut ou est susceptible d’établir. » Charles Delloye, « Préface » Marcel Barbeau : le regard en fugue, Editions CECA, Montréal, 1990; Edition Cercle d’Art, Paris, 1994.
« Barbeau demeure l’inclassable fidèle à lui-même et à une conception de la peinture à la fois contrôlée et spontanée. N’est-ce pas la grande leçon que l’automatisme aura donnée à la peinture au Québec? “François-Marc Gagnon, ‘Le refus global et la peinture’, Vie des arts, No 170, Montréal, Printemps 1998.
« C’est la joie qui frappe chez Barbeau, joie que l’artiste doit bien un peu contenir, car elle serait scandaleuse.… Comment comprendre cette joie, cette quasi indifférence de la peinture comme nécessité, cette indépendance par rapport au monde n’environnant qu’elle impose à l’artiste? D’une autorité impérieuse, la nécessité artistique ne tolère aucune concurrence… » GAGNON, Carolle, « Marcel Barbeau : la réponse aux nécessités profondes de l’être », Parcours : l’informateur des arts, vol. 4, no 4, Montréal, août 1998.
« Barbeau is an active practitioner of hot expressionism although not an exclusive one. Constantly searching for himself and his metaphysical place, he wanders the globe, responding intuitively and emotionally to his place and particular encounters with the external and internal… Surpassing himself, he taps into tragedy. It is this tragedy, this passion pushed to its limits that produces the magical quality of his paintings.» Ann Davis, ‘Hot expressionism in Canada’, Marcel Barbeau : le fleuve en escales – Episodes along the river 1953-1990, Musée du Bas-Saint-Laurent, Rivière du-Loup, 1999.
« Qu’elles appartiennent à l’abstraction gestuelle, au op’art ou au courant néo-plasticien, ses compositions obliques traduisent toujours le mouvement, l’agitation d’un corps dans l’espace en fonction du temps. » Dany QUINE, ‘Les mouvements du désir’, Vie des arts, numéro 176, Montréal, automne 1999.
« L’affinité de Barbeau avec le graphisme se manifeste par un fin réseau de lignes structurelles, enluminure apparente ou architecture implicite qui se révèle par transparence, au second regard… De cette interdisciplinarité naissent des œuvres capables de donner forme à un univers sonore de capter par la ligne et par la lumière la sinuosité des corps des danseurs en mouvement et de renouveler les gestes de l’écriture.’ Lucie Couillard, Marcel Barbeau en filigrane 1945-1999, Domaine Cataraqui, automne 1999.
« La vie de Marcel Barbeau est intimement liée à son œuvre, et réciproquement. Cet échange mutuel, ce dialogue entre intérieur et extérieur, s’étale sur les kilomètres carrés de toile qui jalonnent l’existence artistique de ce créateur pluridisciplinaire. Tel un événement à la Christo, l’œuvre de Marcel Barbeau enveloppe ses propres développements artistiques et fait ressentir ce qui est monumental dans la modernité : son regard ironique sur les travers de la vie. Il est donc raisonnable de voir, de sentir et de lire dans l’étendue de l’œuvre le double tranchant de l’aventure humaine…» Véronique Tomaszewski, ‘Du néant au haïku barbeausien’, Dérives et variations 1995-2000, Galerie Moncalm, Ville de Hull, 2000.
« Il ne faut pas confondre chez Marcel Barbeau la mouvance de l’expression avec un quelconque reniement de sa pensée philosophique de base, nourrie aux sources du surréalisme et de l’importance du subconscient, de l’instant fugitif de la sensibilité et de la dynamique du geste. Il a toujours cherché au-delà de l’évidence apparente du geste plastique une fois qu’il a été posé. Cinquante ans de production, cinquante ans de doute; véritable définition d’une vie d’artiste. Qu’il passe du tachisme à un structuralisme de la couleur, ou au Hard Edge à une nouvelle forme de l’expressionnisme, il ne fait pas autre chose que d’explorer les limites du geste. Ce dernier est intimement lié à la pensée qui lui a donné naissance, mais il n’en livre pas toujours la tonalité au premier regard.» Jean Dumont, « Marcel Barbeau et l’art contemporain », Parcours, Montréal, automne 2003.
« Libertaire, Barbeau ignore toutes les frontières. C’est dans le changement même que Barbeau affirme sa singularité et signe son écriture. Maniériste, il cherche à allier les contraires et à résoudre les contradictions dans la synthèse des arts, mais aussi, parfois, dans celles des formes et des figures, tentant de déjouer jusqu’aux lois mathématiques. Poussant constamment le langage plastique jusqu’aux derniers retranchements de la logique d’une approche disciplinaire ou stylistique, excessif dans le déploiement des formes comme dans l’ascèse, Barbeau inscrit singulièrement sa peinture et sa sculpture dans l’univers expressionniste, par-delà les contradictions et le maniérisme. » Ninon Gauthier, Échos et métamorphoses : catalogue raisonné des peintures (1944-1971) et des sculptures (1944-2000), thèse de doctorat par Ninon Gauthier, Université Paris IV – Sorbonne, Paris, mars 2004.