« Un tableau est là, aussi présent que le paysage qui m’entoure, il se tient comme une falaise et j’en suis très fier. Je l’intitule Bic ». Marcel Barbeau, lettre à Gérard et Gisèle Lortie, Le Bic, juillet 1964. Fonds Gérard et Gisèle Lortie, Archives des collections, Musée d’art contemporain de Montréal.
« Je suis un peintre intuitif. Je ne développe aucun programme particulier. Je me laisse plutôt guider par la direction que me suggère une approche particulière, par le sentiment d’une démarche à poursuivre plutôt que par une conception clairement définie. » Marcel Barbeau, in Optical Art Symposium International, Fifth Art Seminar, Fairleigh-Dickinson University, Riverside Museum, New York, 1965.
« Je ne crois pas qu’il y ait de vérité réellement, mais uniquement des approches interrogatives sur le monde qui nous entoure et qui est fait de nous-mêmes, des interrogations qui nous conduisent à des solutions toujours différentes. » Marcel Barbeau tiré d’un entretien inédit avec Henry Galy-Carles, octobre 1972.
« Il n’y a jamais de rupture, il n’y a qu’un dépassement dans la continuité. La qualité de l’objet d’art se situe en dehors de l’anecdote. Elle existe lorsque l’objet d’art nous permet d’accéder à la tragédie… Le drame se situe à l’intérieur même de l’objet. C’est l’objet lui-même dans sa matérialité qui est source d’émotion… » Marcel Barbeau, « L’artiste devant son œuvre », Cahier, No 1, Montréal, printemps 1979, pages 6 et 7.
« Par sa vision, l’artiste est conscience de soi et re-connaissance du monde. Son regard métamorphose. Voir, pour moi, n’est pas une perception passive, mais active… Inscrite dans la course du temps, cette vision sans cesse renouvelée est ultimement une quête de plénitude, une recherche de l’universel à travers une démarche profondément personnelle. » Marcel Barbeau, Programme de Voir, Symposium de la Jeune peinture, Baie-Saint-Paul, été 1990.
« On a voulu réduire l’Automatisme à une chapelle qui aurait indiqué une voie précise de création, avec comme seul moteur le subconscient et l’accident… Ces expériences représentaient plutôt pour nous une permission d’aller plus loin, de poursuivre sans relâche notre évolution en fonction de notre propre trajectoire. Pour nous, l’automatisme n’était qu’un moyen de nous dégager de nos habitudes de voir le monde, de nos habitudes de peindre, pour aller vers une plus grande liberté d’expression, pour nous engager dans un mouvement d’évolution permanente, » Marcel Barbeau, texte inédit rédigé à la demande de Marc Dachy, Piémont, juillet 1992.
« Mes œuvres actuelles se situent à l’écart des tendances à la mode qui, pour la plupart rejettent les notions de beauté et de dépassement. S’il me fallait leur trouver une quelconque parenté, c’est plutôt vers l’architecture nouvelle dans sa complexité d’écriture qu’il faudrait me tourner. Mais elles trouvent aussi leur source dans mes œuvres antérieures… Ce qui m’intéresse, c’est la création à partir de lignes et de formes simples et pures, d’images mouvantes, de structures légères qui contiennent leur propre déconstruction. » Marcel Barbeau., octobre 1993, in « Réflexion sur ma démarche actuelle », in Écrits de peintres, Éditions Fini-Infini, Montréal, 1994.
« Le désir de liberté et d’authenticité a réveillé en moi, j’ai voulu le défendre envers et contre tous et d’abord contre moi-même, en remettant en question chaque jour ma façon de l’écrire dans mon art comme dans ma vie… Si aujourd’hui encore mon art se transforme, c’est que je reste à l’écoute de la vie. » Marcel Barbeau, in, Éternel présent, catalogue et livre d’artiste numéroté, tiré à 50 exemplaires, Musée du Mont-Saint-Hilaire, mai 1998.
« Aux ordonnancements mathématiques des formalistes, je préfère la complexité d’une géométrie où les droites se plient, se courbent, se cassent et s’entremêlent en un perpétuel ballet de formes, de lignes et de couleurs. Mes peintures comme mes sculptures sont en constante mutation comme notre monde, comme la vie. J’y provoque des rencontres imprévues de plans, de lignes, de couleurs ou de volumes, génératrice de leur métamorphose : les plans deviennent volumes ou lignes pour habiter l’espace, puis s’abîment dans le vide. Les rouges vifs s’exaltent dans la rencontre des bleus ou des verts; ils se liquéfient au contact des orangés et des bruns. Les masses s’envolent; les volumes s’éclatent et composent des espaces de lumière qui appellent les ombres J’aime surprendre et me surprendre moi-même, car chaque surprise révèle un peu plus la beauté du monde. Chaque regard est unique et il n’en présente jamais qu’une facette. » Marcel Barbeau janvier 2001.
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* Extraits tirés de l’annexe « Écrits de Marcel Barbeau » de la thèse de doctorat Marcel Barbeau Écho et métamorphoses : catalogue raisonnée des peintures (1945-1971) et des sculptures (1945-2000), par Ninon Gauthier sous la direction du Professeur Serge Lemoine, soutenu à l’Unversité Paris IV – Sorbonne, Paris, 9 mars 2004.