Depuis le 11 avril, on peut voir deux œuvres de Marcel Barbeau au Musée d’art contemporain de Montréal, dans le cadre du nouvel accrochage d’œuvres abstraites de la collection du musée. Sous le titre « La question de l’abstraction », l’exposition regroupe des pièces d’artistes de différentes générations qui ont contribué au développement de l’art abstrait au Québec depuis les années quarante. Deux œuvres majeures de Marcel Barbeau témoignent ainsi de son immense contribution au développement de cette problématique dans l’art canadien : « Le tumulte à la mâchoire crispée » (1946), et « Rétine virevoltante » (1966). Dans la section consacrée aux années quarante, « Le tumulte à la mâchoire crispée » — une œuvre particulièrement significative et accomplie de la période automatiste de Barbeau — se distingue comme l’une des plus innovatrices de cette époque dans le contexte de cette exposition. Dans la section portant sur les années soixante et l’abstraction construite, « Rétine virevoltante » se démarque comme une œuvre à la fois éblouissante et efficace. Ce tableau qui est l’un les derniers de la production optique de Barbeau est sans doute l’un des plus brillants. Il s’est rapidement imposé dans les médias comme œuvre emblématique de cette exposition.
Mentionnons toutefois que ces deux œuvres ne représentent qu’une mince partie de la collection de Marcel Barbeau du Musée d’art contemporain. Car si « Rétine virevoltante » et « Le tumulte à la mâchoire crispée » ont joui d’une large visibilité depuis leur acquisition à la fin des années soixante, les pièces qui enrichissent le reste de la collection, qui compte une trentaine de Barbeau, n’ont jamais ou presque jamais été exposées depuis leur acquisition par le musée. C’est le cas notamment de ses peintures calligraphiques en relief, de 1957, dont le musée possède deux beaux exemples et qui aurait apporté un éclairage particulier sur l’époque de leur production et sur la dimension transdisciplinaire de l’œuvre de Barbeau. Le musée possède également deux de ses tableaux-formes de la fin des années soixante, deux pièces remarquables qui mettent en évidence le lien entre l’œuvre picturale et sculpturale de l’artiste et la problématique métamorphique qui traverse toute sa démarche. Cette production, initiée et exposée à New York en même temps que les premiers shape-canvas de Robert Mangold, et qu’on semble avoir oublié au Québec, annonce aussi la production picturale récente de l’artiste. Leur présence dans l’exposition aurait également été éclairante, bien que le musée montréalais ne possède aucune œuvre de l’artiste postérieure à 1969. Pour les voir, il faut voyager et visiter d’autres musées au Québec ou ailleurs au Canada où ils sont fréquemment exposés.
http://www.macm.org/expositions/la-question-de-labstraction/
Sorry, comments are closed for this post.