En janvier, Barbeau expose à la Galerie Le Point d’or à Grenoble. En compagnie de son ami, le critique d’art Henry Galy-Carles, il assiste le 18 janvier au vernissage de l’exposition Magnelli au Musée National d’Art Moderne. À la suggestion de Jacques Asselin, Barbeau se rend à Londres, à la fin janvier, afin d’y organiser une exposition au Centre culturel du Haut Commissariat canadien, l’année suivante. Il profite de ce voyage pour visiter une exposition des Futuristes italiens à la Royal Academy[16] qu’il met en parallèle avec l’exposition Magnelli vue à Paris.
Début février, à l’instigation de Louise Asselin, épouse du conseiller culturel canadien, Barbeau commence à donner des cours d’initiation à l’art aux enfants des diplomates canadiens en poste à Paris ce qui lui assure un minimum de sécurité financière. En février, la Galerie III (Trois) présente ses sérigraphies de l’album En marge de 1969. Parallèlement, elle expose ses peintures gestuelles récentes et ses six huiles expressionnistes all over de 1969.[17] Dans le cadre d’un festival de films canadiens, ses collages et une sculpture, composée de deux éléments de Saint-Raphaël, sont exposés au Centre culturel de Poitiers qui acquiert le groupe de deux sculptures de grand format.
Le Musée d’art contemporain de Montréal acquiert plusieurs œuvres de Barbeau dans le cadre de l’achat de la collection de Gérard et de Gisèle Lortie. La collection est exposée en mars au Musée d’art contemporain de Montréal sous le titre La collection Gérard et Gisèle Lortie : Acquisitions 1972.[18] En mars, Louise Asselin organise une exposition privée de ses œuvres à sa résidence. Parallèlement à ces activités de diffusion, Barbeau poursuit de façon intensive ses activités en peinture et produit deux tableaux de grand format en vue d’une exposition itinérante dont la circulation doit s’étendre jusqu’en Europe, Création Québec.
Le 22 avril à 21 heures, dans le cadre du récital de poésie Kitchenoumbiorganisé au Grand Théâtre de Caen par le comédien et metteur en scène québécois Gabriel Gascon, Barbeau réalise sa première performance de création publique en interaction avec le compositeur et percussionniste Vincent Dionne.[19] Les cinq peintures monumentales réalisées dans le cadre du spectacle sont exposées dans le hall d’entrée du Grand Théâtre de Caen au cours de l’été 1972.
L’ambassade du Canada à Bruxelles organise une exposition itinérante de ses nouvelles peintures gestuelles sur papier.[20] L’exposition est présentée dans le cadre d’autres évènements culturels canadiens en Belgique et au Luxembourg: inaugurée à la fin avril à l’ambassade du Canada à Bruxelles, l’exposition est présentée au Centre culturel français du Luxembourg début mai, puis, au Centre culturel de Hasselt, de la fin mai au début juin, au Centre culturel de Namur en juin et au Centre culturel de Liège en juillet. Barbeau se rend à Bruxelles pour le vernissage.
À son retour à Paris, Barbeau réalise deux autres peintures gestuelles de grand format en vue de l’exposition des artistes de la Cité internationale des Arts à la fin mai. Le lendemain du vernissage, il est hospitalisé à la suite d’une crise de tachycardie. La maladie l’oblige alors à ralentir ses activités.
Début juin, il se rend cependant à Bâle pour le vernissage deCréation Québec, présenté sous le patronage du ministère des Affaires culturelles du Québec. Il y expose Samouraï et La Lupe Aliole, deux de ses peintures récentes.[21] Dans le jardin de la maison de pension où il loge, il réalise une série d’encres de couleurs sur papier.[22]
À Montréal, un des Elles (L shapes) figure dans l’exposition Les arts au Québec, au Pavillon du Québec de Terre des hommes au cours de l’été.[23] À Toronto du 21 juin au 31 juillet, la Galerie Carmen Lamanna présente ses œuvres dans le cadre d’une exposition Barbeau, Bolduc, Martin, Molinari et R. Rabinovitch.[24] Début juillet, alors qu’il représente le Canada au Festival international de peinture de Cagnes-sur-mer, Barbeau se rend sur la Côte d’Azur pour le vernissage.[25] À son retour, il s’arrête à La Rochelle, lieu d’origine de la famille Barbeau.
Au cours de l’été, il reçoit la visite de Jeanne Renaud et d’Ed Kostiner de la Galerie III (Trois), qui l’informent de la réorientation de leur galerie vers la diffusion de multiples. Barbeau réalise quelques nouvelles peintures sur papier et poursuit ses recherches en sculpture. La trentaine de petites sculptures filiformes de tubes de métal et de chlorure de polyvinyle s’inscrivent en continuité avec ses dessins du tournant des années cinquante et ses grandes calligraphies.
Aux prises avec de graves difficultés financières, Barbeau téléphone au début septembre à son marchand Carmen Lamanna le pressant de réaliser une vente, même à un prix forfaitaire. Omettant de l’informer de la vente récente d’un de ses tableaux de grand format au Conseil des arts du Canada et de l’achat imminent de sept autres peintures par la Banque d’œuvre d’art, un nouvel organisme qui vient d’être créé par le Conseil des arts du Canada, son marchand lui propose d’acheter pour 2 000 $ (12 197,354 FF [1972]. soit 9 409.283 €) les quelque vingt tableaux qu’il a laissés en consignation à la galerie. Désemparé ne voyant aucune issue, Barbeau accepte cette offre.[26] À la fin
septembre, un important collectionneur d’Ottawa visite son atelier et lui achète à prix forfaitaire une dizaine de tableaux de sa production récente ; cette dernière vente apporte une solution temporaire aux problèmes financiers de l’artiste.
Le 29 septembre, son séjour étant terminé, Barbeau doit quitter l’atelier de la Cité internationale des arts et s’installe temporairement à Chaville au 4, rue du Pavé des Gardes, à l’étage d’un petit pavillon situé face au bois de Meudon.[27] Suzanne Viau, la directrice de la maison des étudiants canadiens à la Cité universitaire, accepte d’entreposer la plupart de ses tableaux jusqu’à ce qu’il trouve un atelier. L’exiguïté de l’appartement de Chaville et son état de santé précaire limitent ses activités de création. En novembre, une amie, Michèle Lépine, le visite à Chaville et lui propose d’être son agent à Montréal. Barbeau poursuit ses recherches en sculpture et prépare une demande de bourse pour réaliser en grand format la suite de sculptures monumentales modulaires dont il rêve depuis la fin des années soixante.[28]
En octobre, Suzanne Viau et Louise Asselin l’invitent à rencontrer Jacques Gignac, ambassadeur du Canada à Beyrouth. Ce dernier lui achète deux tableaux et une encre de couleur de sa production récente. Andrée Paradis, la directrice de Vie des arts l’informe que le comité des arts de Radio Canada, dont elle fait partie, a recommandé l’acquisition d’une de ses œuvres pour la collection d’œuvres d’art de la société d’État.[29] Cet achat ne se réalisera cependant jamais malgré les démarches de Michelle Lépine pour en assurer le suivi, puis les démarches personnelles de l’artiste à son retour au Canada, dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Le 28 octobre, l’exposition Création Québec est présentée au Centre culturel Warande à Turnbout en Belgique. Elle est reprise en décembre par le Musée d’Ixelles à Bruxelles.[30]
Les Barbeau rencontre Marie-José Beaudouin, sœur de Louis Beaudouin, un ami de sa compagne. Marie-José les invite à dîner et les introduit à son mari, l’éditeur Robert Laffont et à ses amis et relations. Barbeau fréquente aussi Henry Galy-Carles, qui le présente à d’autres artistes et à des critiques d’art à l’occasion de vernissages.
Ayant rencontré à la Cité des arts Reg Holmes, un artiste de Vancouver dont il avait visité l’atelier lors de sa tournée canadienne avec le Conseil des arts du Canada, Barbeau l’invite à dîner et à visiter des expositions avec lui. Il tente ainsi de faciliter l’adaptation à la vie parisienne du nouvel occupant de l’atelier canadien de la Cité internationale des arts. À la mi décembre, ce dernier n’arrivant pas à surpasser la barrière linguistique lui cède l’atelier canadien de la Cité internationale des arts pour retourner à son atelier de New York.
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