En février, le Service culturel de l’Université François-Rabelais de Tours présente une exposition de ses peintures, de ses collages et de ses sculptures récentes à la Galerie Mathurin dans le cadre de Journées québécoises.[57] Lancé au Festival des Films sur l’art de Montréal en février, le film de sa fille Manon Barbeau provoque une importante controverse dans les médias.[58]
À la fin février, Barbeau recouvre la santé. Au cours de ses dernières semaines d’hospitalisation, il produit une cinquantaine de collages en se servant de papier de couleur et de coupures de magazine.[59] L’un d’entre eux, L’homme est imprévisible, lui sert de maquette pour l’estampe du livre d’art que le Musée du Mont Saint-Hilaire publie à l’occasion de l’exposition du cinquantième anniversaire du manifeste automatiste, Éternel présent : 50 ans après « Refus global » [60] À sa sortie de l’hôpital, au début mars, Barbeau rédige un texte d’accompagnement pour le livre d’art publié à l’occasion de cette exposition.[61] Il produit un grand tableau dans lequel, il introduit des éléments de collage, utilisant des affiches de cinéma qu’il déchire et découpe. Insatisfait, il le détruit aussitôt. Projetant de produire une œuvre d’une longueur de cinq mètres pour l’exposition du Musée du Mont Saint-Hilaire, il loue pour un mois, par l’intermédiaire de son voisin, le peintre algérien Djeffar Bestani, l’atelier Corlin, situé rue Émile-Dubois dans le treizième arrondissement.[62] Il utilise l’un de ses derniers collages comme étude préliminaire de ce grand tableau. Il y intègre à nouveau des éléments de collage sous forme de
textes. À cette fin, il sélectionne des extraits de Refus global, qu’il fait agrandir et photocomposer dans un atelier de graphisme du quartier. À la fin mars, son nom est retenu pour la première fois pour un concours d’intégration de l’art à l’architecture du gouvernement québécois.[63] Malgré une santé encore vacillante, il fait un saut à Québec, pour y rencontrer l’architecte. À son retour en France, il
complète le tableau de l’exposition Éternel présent et il produit six études en vue de sa participation à la finale du concours québécois. Le projet d’une grande murale sur toile de lin, qu’il présentera le 14 mai à Québec, ne sera pas retenu par le jury qui lui préférera une murale de granit, essentiellement décorative.
Parallèlement à ces activités intenses de création, il réalise un entretien avec son épouse Ninon Gauthier à propos de sa participation au mouvement automatiste pour le numéro spécial de la revue l’Action nationale, consacré au manifeste Refus global.[64] Avant son départ pour le Québec, où il prévoit passer l’été, il accorde une entrevue au journaliste Michel Arsenault pour le magazine l’Actualité[65] et une autre, à Jean Barbe, de passage à Paris pour enregistrer l’émission spéciale des Beaux dimanches, « Refus global et la quête de la liberté » dont la diffusion sur les ondes de Radio Canada est prévue pour le 9 août suivant. À l’occasion du cinquantenaire du manifeste, plusieurs expositions réunissent des œuvres de ses signataires. Ainsi, deux de ses œuvres figurent dans l’exposition Borduas et l’épopée automatiste, [66] au Musée d’art contemporain de Montréal. On peut également voir ses œuvres à l’exposition d’œuvres abstraites des collections permanentes du Musée des beaux-arts du Canada, de la Galerie Leonard et Bina Ellen Gallery à l’Université Concordia et du Musée des beaux-arts de Montréal. Une de ses peintures de 1976, Cap à l’aigle, figure également dans l’exposition didactique, Rêver en couleur, organisée par le Service de l’éducation du Musée des beaux-arts de Montréal.[67] Un cédérom reproduisant Cap à l’aigle est produit à cette occasion. À son
retour à Montréal, Barbeau supervise la production de son estampe incluse dans le livre d’art Éternel présent. Il assiste au vernissage de l’exposition au Musée de Saint-Hilaire.[68]
Il visionne le film Les enfants de « Refus global » de sa fille Manon et il la revoit fréquemment au cours de l’été.[69] Ce long séjour est aussi une occasion de retrouvailles avec des amis. Il loue un atelier, rue Saint-Laurent où il travaille quotidiennement durant tout l’été.
Le directeur et le conservateur du Musée du Bas Saint-Laurent (Rivière du Loup) et la conservatrice du Domaine Cataraqui (Québec) lui rendent visite en vue de l’organisation d’expositions au cours de l’été 1999. Ces rencontres chaleureuses et une activité professionnelle modérée favorisent son retour à la santé. En juillet et en août, il fait de cours séjours à Pointe au Pic (Charlevoix), dans la famille de son épouse. En août, son tableau Le tumulte à la mâchoire crispée (1946) est reproduit dans la série de timbres commémoratifs du Refus global que publie la Société des Postes du Canada.[70] À cette occasion, le Musée canadien de la Poste organise une exposition itinérante des œuvres reproduites sur les timbres qui est inaugurée au Musée des civilisations à Ottawa, le 7 août.
[71]
Cette exposition est par la suite présentée à Canada House, à Londres, le 18 septembre, puis au Centre culturel canadien, à Paris, le 24 septembre, et plus tard au cours de l’automne, à l’Ambassade du Canada, à Washington. Barbeau est présent aux vernissages de cette exposition à Ottawa, à Londres et à Paris. Le 29 septembre, il participe avec Madeleine Arbour, Pierre Gauvreau et Françoise
Sullivan, à une table ronde réunissant des signataires de Refus global au Musée des beaux-arts du Canada.[72]
Il se rend ensuite à New York pour récupérer quinze tableaux conservés dans un entrepôt par son ancien marchand, Bruno Palmer-Poroner depuis la fin des années soixante.[73] De retour à Paris, il assiste au vernissage de l’exposition sur Les Automatistes et « Refus global » au Centre culturel canadien à Paris.[74] Il participe aussi à une table ronde présentée dans le cadre du colloque Les automatistes à Paris. Fernand Leduc, Thérèse et Jeanne Renaud participent également à cette rencontre.[75]
Du 31 octobre au 15 novembre, le comité des arts de Churchill College Art Gallery de l’université de Cambridge présente une exposition de peintures, de sculptures et de collages récents de Barbeau. On publie une affiche, une estampe et un catalogue, Marcel BarbeauMastering the Accidental à cette occasion.[76] La préface est signée par une jeune historienne de l’art britannique, Linda Goddard et la chronologie, par son épouse, l’historienne de l’art Ninon Gauthier. L’artiste se rend en Angleterre pour le vernissage. Plusieurs personnalités de l’Ambassade du Canada, du Consulat de France et de la Délégation générale du Québec, le sculpteur britannique Sir Anthony Caro ainsi que quelques amis français de l’artiste se joignent aux professeurs et aux étudiants de Cambridge pour le vernissage.[77] Durant son séjour Barbeau et son épouse participent à une rencontre avec des étudiants et ils donnent une causerie au Cambridge Arts Club. L’exposition est également présentée à Loughborough University School of Art and Design, dans le Leicestershire en Angleterre du 20 novembre au 11 décembre.[78] En plus de ces nombreuses activités, Barbeau peint quatre nouveaux tableaux, dans lesquels il s’inspire de la composition de ses collages de l’hiver précédent.
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