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de chemin de fer Canadien National. Militaire volontaire dans la cavalerie dès le début de la guerre de 1914-18, Philippe Barbeau est blessé plusieurs fois et il en revient avec une santé fragile. À la naissance de Marcel Barbeau, ses parents ont déjà deux filles, Pauline, 3 ans, et Yvette, 18 mois. (2)
Naissance en janvier de Jeannine, soeur cadette de l’artiste. L’urémie, suite des guerres de tranchées, frappe Philippe Barbeau. Après quelques semaines de maladie, il meurt en juin.
Ayant promis à son beau-frère à l’agonie de s’occuper de sa famille, Georges Saint-Antoine, épicier et boucher du Plateau Mont-Royal à Montréal, recueille sa soeu
r Éliza et ses quatre enfants. Jusqu’à l’âge de vingt et un an, Barbeau habitera chez son oncle, au 4541 de la rue Saint-Hubert à Montréal
.
C’est la crise, comme la plupart des familles de ce quartier populaire, la famille de Marcel Barbeau connaît d’importants problèmes financiers. Si grâce à Georges St-Antoine, les Barbeau mangent à leur faim, ils souffrent du froid l’hiver, dans la vieille maison mal chauffée.
2: Entrevues avec l’artiste et ses trois sœurs et documents personnels de la famille Barbeau recueilli en 1982, 1989 et en 1994 ; Fonds Marcel Barbeau Service des archives et de gestion des documents, UQÀM. dossier 110P1/b7.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1935
Devant les constantes récriminations de son oncle, qui se plaint de devoir supporter la famille de sa sœur, Barbeau commence à travailler le soir et les fins de semaine comme commissionnaire à l’épicerie de ce dernier.
Hiver comme été, il sillonne à bicyclette les rues du quartier se rendant même jusqu’à Outremont, le quartier bourgeois voisin, où il découvre un univers élégant et raffiné.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1942-43
Après avoir complété sa « dixième année » à l’école Louis-Hippolyte-Lafontaine (3) , Marcel Barbeau doit s’orienter vers une formation qui lui permette de trouver rapidement du travail pour aider sa mère. Refusant de reprendre l’épicerie de son oncle et ayant manifesté de l’ingéniosité et de l’habileté manuelle, ainsi qu’un intérêt pour le bricolage, Marcel Barbeau s’inscrit au programme d’artisanat en ébénisterie de l’École du Meuble de Montréal. L’institution a le double mandat de former des artisans du meuble et des stylistes, dessinateurs de meubles et architectes d’intérieur. À l’instar du Bauhaus en Allemagne, elle diffuse alors, parallèlement à cette formation professionnelle, un enseignement esthétique ouvert sur la modernité. Grâce à la présence au sein du corps enseignant du peintre Paul-Émile Borduas, de l’historien d’art Maurice Gagnon, de l’architecte Marcel Parizeau et du Père Marie-Alain Couturier, promoteur du renouveau de l’art liturgique en France, on y prodigue un enseignement esthétique plus ouvert que celui, dispensé à l’École des beaux-arts. Leur présence dynamique attire plusieurs jeunes gens qui ont déjà une pratique artistique. D’abord inscrit à la section “Apprentissage”, Barbeau reçoit une formation d’artisan au cours de ses deux premières années d’étude à l’École du Meuble. Sa bourse d’études étant insuffisante pour payer les frais de matériaux scolaires, il continue à travailler à l’épicerie de son oncle les fins de semaine et durant les vacances estivales. Élève assidu, Barbeau obtient de bonnes notes. Ses professeurs lui laissent même entrevoir la possibilité de remplacer un professeur d’ébénisterie, qui doit bientôt prendre sa retraite.
1944
Au cours de l’hiver, en traversant le couloir, Barbeau passe devant la salle de cours où Borduas enseigne le dessin. Subjugué par ce professeur attentif et enthousiaste, le jeune homme ne peut plus désormais se satisfaire de la formation d’artisan ébéniste. Il demande sa mutation à la section Artisanat. Ses bons résultats scolaires et les projets d’orientation vers l’enseignement, que son « professeur de siège » nourrit à son égard, lui permettent d’obtenir une dérogation et de s’inscrire l’année suivante au programme d’Artisanat bien qu’il n’ait pas complété ses études secondaires, comme cela est généralement obligatoire pour l’inscription dans cette section.
Début avril, il visite l’exposition Tableaux Célèbres Hollandais – Cinq siècles d’art hollandais, présentée du 9 mars au 9 avril à l’Art Association (Musée des beaux-arts de Montréal). C’est l’une de ses premières visites au musée. Bien que sa culture artistique soit alors très limitée, il y remarque surtout les rares œuvres modernes de l’exposition: les Van Gogh et une Composition de Mondrian(4), seule abstraction de cette exposition. Cette visite le confirme dans sa nouvelle orientation.
Avec Borduas, Barbeau se découvre une passion et un talent pour l’art. Il s’initie à la pensée des surréalistes à travers leurs écrits, particulièrement à la lecture d’anciens numéros du Minotaure, aux esthétiques modernistes et à l’œuvre de ses maîtres. Matisse, de Chirico, Miro et Klee sont, en peinture, les premières sources d’inspiration reconnues du jeune Barbeau. Au cours de l’hiver (1944-1945), Barbeau réalise ses premières peintures modernistes, inspirées de ses lectures des textes d’André Breton sur l’automatisme “surrationnel”. Parallèlement à ses premières peintures d’inspiration surréaliste, il réalise des sculptures en plâtre à la limite de l’abstraction, qui semblent inspirées de ses lectures du Minotaure et particulièrement des sculptures et des reliefs de Hans Arp, qui y sont reproduites. Il se lie d’amitié avec ses confrères, Jean-Paul Riopelle et Maurice Perron, qui deviendra le photographe du groupe des Automatistes. (5)
1945
Barbeau commence à fréquenter l’atelier de Borduas, qui reçoit les mardis au 3040 de la rue Mentana. (6) Parfois, la soirée se poursuit tard dans la nuit autour d’une tasse de café à la résidence de ce dernier, au 983 de la rue Napoléon. Barbeau, qui jusque-là n’a guère eu l’occasion de s’initier aux arts et aux lettres, y fait son éducation culturelle. Il y rencontre d’autres jeunes disciples de Borduas, les peintres, Fernand Leduc, Pierre Gauvreau, Jean-Paul Mousseau et Guy Viau, les chorégraphes Françoise Sullivan, Françoise (Lespérance) Riopelle et Jeanne Renaud, l’étalagiste, Madeleine Arbour et les poètes Claude Gauvreau, Rémi-Paul Forgue et Thérèse Renaud, ainsi que l’étudiant en psychiatrie, Bruno Cormier, qui écrit alors des œuvres dramatiques, parallèlement à ses études. Claude Gauvreau introduit Marcel Barbeau à la littérature surréaliste et dadaïste et il l’invite à des concerts et des récitals de musique classique, pour lesquels il obtient parfois des billets gratuits grâce aux amitiés de Madame Gauvreau dans le milieu artistique.(7)
Sur la recommandation de Borduas, il devient membre junior de la Société d’art contemporain. L’une de ses peintures est retenue pour l’exposition annuelle de cette association au Musée des beaux-arts de Montréal. La critique, qui s’attarde aux valeurs sûres ou aux œuvres de débutants qui, comme André Jasmin, s’engagent dans des voix plus familières, ignore cependant son envoi tout comme ceux de ses confrères Jean-Paul Riopelle et Jean-Paul Mousseau. (8)
Barbeau est aussi admis au Soixantième Salon du printemps, exposition compétitive annuelle, organisée par l’Art Association of the Montreal Museum of Fine Arts. Ouverte à tous, l’exposition regroupe des professionnels, des étudiants et des amateurs, des peintres académiques comme des tenants du modernisme.
Barbeau y expose du 5 au 29 avril, une huile, Convoitise(9). Il s’agit d’une œuvre de format moyen, si on en juge par le prix de 40 $ CAN (1252.73 FF (1945) soit 126.073 €), inscrit dans le catalogue de l’exposition, prix qui est légèrement inférieur à la somme de 50 $ CAN (1 565.91 FF (1945) soit 159,53 €) payée pour Veillomonde, l’année suivante.
Pendant les vacances d’été, Barbeau continu à travailler à l’épicerie familiale. Il se rend à quelques reprises à Saint-Hilaire, où Borduas vient d’emménager dans un nouvel atelier et où la famille Gauvreau loue une maison de ferme pour la saison estivale.
À l’automne, Barbeau entreprend sa quatrième année d’études à l’École du Meuble. Devant l’impatience de sa mère et de ses sœurs, qui ne supportent plus l’invasion du séjour et de la salle à dîner par ses tableaux, il loue d’un voisin un hangar, situé à l’arrière du 4549 de la rue Saint-Hubert, afin d’y aménager un atelier(10). Charlie Talbot, un ancien confrère de l’école Louis-Hippolyte-Lafontaine, lui sert d’intermédiaire auprès de ses parents. L’espace est exigu, ne comporte qu’une seule fenêtre, et les murs de planches de bois, couverts de tôle d’acier, ne sont pas isolés et laissent filtrer le jour et le froid à travers les fentes. Néanmoins, Barbeau invite son confrère, Jean-Paul Riopelle, dont la famille s’oppose fermement à sa vocation artistique (11) , à partager cet atelier de fortune avec lui. Parfois d’autres jeunes artistes, Jean-Paul Mousseau et Bernard Morisset, se joignent à eux. Les poètes Claude Gauvreau et Rémi-Paul Forgue en sont des visiteurs assidus. On connaît ce local sous le nom, “Atelier de la ruelle”. Le chauffage, qui devient rapidement essentiel, se réduit à un petit poêle à charbon rudimentaire, qu’on appelle «truie» ou «tortue» à cause de sa forme arrondie et son empattement bas. Il y fait tellement froid en janvier et février que les murs se couvrent alors de verglas. Par dérision, les jeunes artistes délimitent au sol des zones climatiques: près du poêle, un cercle rouge indique la zone torride et les risques de brûlure; plus loin un cercle vert accueille la zone tempérée où il fait bon peindre; plus loin encore près des murs, un cercle bleu rappelle que le froid risque de nuire au séchage des tableaux.(12)
Malgré ces conditions difficiles, s’ouvre pour Barbeau et Riopelle, qui n’ont plus à subir les contraintes familiales, une période d’expérimentation intense, tant du point de vue formel que technique. S’inspirant de descriptions d’expériences d’écriture automatique publiées dans Le Minotaure, ils réalisent leurs premières expériences d’automatisme mécanique en dessin et en peinture.(13) Dans l’urgence du besoin de création, ils expérimentent parallèlement les techniques de la détrempe, de la décalcomanie, des projections, des giclées, des coulures et du travail à la spatule. L’émulation de ces expérimentations parallèles incite les jeunes artistes à repousser toujours plus loin les frontières de leur art. Alors que son emploi à temps partiel de garçon d’épicerie lui permet de se payer des matériaux d’artiste, ses compagnons doivent recourir à des matériaux de commerce (émail et peinture pour automobile). Curieux des matériaux de fortune, souvent trouvés, qu’ils utilisent, Barbeau accepte une pièce de jute que lui offre Mousseau et comme lui, il associe à ses pigments habituels, de l’émail noir pour peindre le tableau Composition (MBAC). Libéré de la crainte de gaspiller des matériaux de qualité, Barbeau peint là le premier tableau abstrait dont il est entièrement satisfait ; il l’échange aussitôt avec Jean-Paul Mousseau contre un tableau de ce dernier. Insatisfait de la matière et du support, Barbeau reviendra cependant rapidement aux matériaux d’artiste traditionnels. Il n’utilisera plus de jute comme support, lui préférant le Masonite (bois aggloméré) ou le carton, qu’il juge plus solide. Constatant les difficultés de contrôle de l’émail, qu’il juge trop liquide, et s’inquiétant de son potentiel de conservation, exigence de pérennité que lui a transmise Borduas, il l’abandonnera également, après l’avoir utilisé dans quelques autres tableaux, comme Forêt vierge (MBAC). Il n’y reviendra que très occasionnellement, pour trois ou quatre tableaux, en 1951, puis pour trois autres peintures gestuelles, en 1957.
1946
Pour payer le loyer et acheter son matériel d’artiste, Barbeau continue à travailler à l’épicerie de son oncle le soir et les fins de semaine, tout en poursuivant de façon intensive sa recherche en peinture.
À l’École du Meuble, Barbeau participe à un mouvement de protestation des étudiants finissants contre les modifications apportées au syllabus du cours de Décoration et composition, désormais axé strictement sur la décoration intérieure, et contre le remplacement de Borduas par un professeur de tendance académique.(14) Il obtiendra son diplôme de dessinateur de meubles en mai, malgré des résultats nettement inférieurs à ceux des années précédentes, selon l’artiste.(15)
En février, l’envoi de Marcel Barbeau est accepté à l’exposition annuelle de la Société d’art contemporain qui se tient au Musée des beaux-arts de Montréal. Il y expose trois aquarelles. Du 28 mars au 28 avril, il participe au soixante et unième Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal où il présente la peinture, Ténébreuse, Étrange, Inattendue.(16)
Les jeunes disciples de Borduas pressent leur maître d’organiser une exposition de groupe.(17) Madame Gauvreau, la mère de Pierre et de Claude Gauvreau, leur permet d’obtenir gracieusement un local commercial désaffecté, situé au 1257 de la rue Amherst, que vient d’abandonner le comité de marraines de guerre auquel elle était associée. Barbeau participe à sa transformation en galerie d’art de fortune et à l’accrochage de la première exposition du groupe qu’on appellera bientôt «Automatistes ». Elle a lieu du 20 au 29 avril. À la porte, une affiche d’inspiration surréaliste annonce : «Ouvrez-les yeux » .(18) À l’exposition de la rue Amherst, Claude Gauvreau et Marcel Barbeau rencontrent Marcelle Ferron, une jeune peintre, qui dit travailler dans la même voie proche du surréalisme que les Automatistes. Elle les invite à visiter son atelier. (19) À la suite de cette visite, ils l’introduisent à Borduas. Toutefois, ce n’est qu’au début des années cinquante que Borduas l’invitera à participer aux expositions du groupe.
Affolé par ces jeunes qui «barbouillent» les murs de son hangar, Riopelle ira jusqu’à découper l’un d’eux sur lequel il a peint, Monsieur Talbot exige de reprendre possession du local. En mai, Barbeau doit quitter l’atelier de la ruelle. Il trouve un autre hangar semblable à celui de la rue Saint-Hubert derrière le 4553 de la rue Resther où il emménage seul cette fois. Il ne l’occupera que quelques mois.(20) Fuyant l’inconfort et craignant de devoir peindre à nouveau dans des conditions de froid extrême, il le quitte à la première occasion. Au cours de cet été 1946, il se rend à Saint-Hilaire où il visite Borduas, qui réside désormais dans sa nouvelle maison au bord du Richelieu.
Vers la fin de l’été, le poète Rémi-Paul Forgue lui propose de partager un atelier confortable rue Université. Ils conviennent que Barbeau l’occupera le jour et que le poète y écrira et y logera la nuit. Barbeau y réalise ses premières sculptures de broche recouvertes de papier mâché laqué. Il y poursuit sa série de plus de quarante peintures gestuelles, dont certaines, presque all over, sont de format assez grand, au dire de l’artiste. Le prix demandé pour Vol incrusté des quasi-feuilles sensibles, qu’il expose en novembre à la Galerie Dominion avec la Société d’art contemporain (21)et un portrait de l’artiste, par Maurice Perron , sur laquelle Barbeau pose à côté d’un de ces tableaux, le confirment. C’est là aussi qu’Il réalise Le tumulte à la mâchoire crispée, qui deviendra une des peintures “phares” de la période automatiste, ainsi que la plupart de ses autres peintures figurant dans la seconde exposition des Automatistes. C’est là, dit-il, qu’il peint les meilleurs tableaux de cette période.
1947
Du 15 février au 1er mars, Barbeau participe à la seconde exposition du groupe à la résidence familiale des Gauvreau, située au 75 de la rue Sherbrooke Ouest (Montréal). Ily présente 10 peintures à l’huile sur toile, dont trois, d’assez grands formats, et neuf petites encres de couleur. (23) Tancrède Marsil, un étudiant de l’Université de Montréal, journaliste au journal étudiant le Quartier latin, qualifie leur peinture d’«automatisme» .(24) Ce terme, déjà utilisé par Claude Gauvreau et par d’autres membres du groupe pour qualifier leur démarche, est aussitôt repris par l’ensemble des critiques d’art montréalais qui en font rapidement l’étiquette du groupe et de leurs œuvres. L’exposition attire plusieurs collégiens et étudiants de l’Université de Montréal. Timide, Barbeau se fait éloquent pour défendre la nouvelle esthétique automatiste auprès des visiteurs. (25) Une des huiles de Barbeau, Veillomonde, est achetée par Bernard Leprohon, un jeune diplômé de l’École polytechnique.(26) C’est la toute première vente du jeune artiste. Une de ses encres est acquise par un autre jeune polytechnicien, ami des Automatistes, Denis Noiseux, époux de Magdeleine Desroches, une jeune peintre, proche du groupe des Automatistes.(27)
À la mi-février, il figure également dans l’exposition rétrospective La peinture montréalaise des dix dernières années au Cercle universitaire de Montréal. Les œuvres exposées proviennent des collections personnelles des membres du Cercle. Barbeau y est représenté par des huiles très colorées qui, selon François Gagnon de La Presse, «font éclater comme des feux d’artifice » .(28) Du 21 mars au 20 avril, il participe au Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal avec deux envois : Vol incrusté des quasi-feuilles sensibles et Cavernane.(29)
Barbeau conçoit et exécute le décor de la pièce Sans titre de J. T. Maeckens (Jean Mercier, ami de Claude Gauvreau) et tient un rôle de figurant dans la représentation de Bien être de Claude Gauvreau. Les deux spectacles du Théâtre Moderne sont présentés le 20 mai au Congress Hall de Montréal, situé au 54 ouest, rue Dorchester.(30)
Ses œuvres sont retenues par un jury composé de Borduas, Brandtner, Lismer et Pellan,(31) pour représenter le Québec au Festival mondial de la jeunesse à Prague, manifestation qui doit se dérouler au cours de l’été 1947. Les œuvres sont exposées à Montréal et ailleurs au Canada avant leur départ pour la Tchécoslovaquie.
Au cours de l’hiver, Barbeau poursuit intensivement des recherches picturales à l’atelier de la rue Université. Il y produit une quarantaine de peintures au cours de l’hiver. Ces peinture de matière très fine, selon l’artiste, peinte tout en surface, atténuent la profondeur de champ jusqu’à son abolition en se répendant de part en part jusqu’aux limites du tableau, dans le prolongement de Vol incrusté des quasi feuille sensibles , de l’automne 1946. Fier de cette production, il invite Borduas et ses amis à son atelier vers la fin mai pour la leur présenter. Borduas rejette en bloc tous les tableaux, alléguant leur absence de profondeur et leur confusion du fond et de la forme. Des membres du groupe qui sont présents, seul le poète Claude Gauvreau défend ses œuvres. Brisé par ce qu’il perçoit comme un rejet et un échec, Barbeau repeint rageusement tous ses tableaux dans une recherche de conformité à leur jugement. S’acharnant » sur ces peintures au mépris de ses recherches antérieures et sans considération pour les exigences techniques de respect des périodes nécessaires au séchage entre chaque mouvement, il a détruit d’un point de vue formel les images qu’il avait créées plus tôt au printemps avant de les détruire physiquement . Les nouvelles peintures résultant de sa tentative de récupération n’étaient plus, d’après Barbeau, qu’un amoncellement informe de matière grisaillée et elles étaient irrécupérables. Désespéré, regrettant déjà cette intervention, il interrompt sa production artistique pendant plusieurs mois. Il évite de justesse la dépression en jouant au tennis durant tout l’été, parfois presque sans relâche du matin jusqu’au soir.(32) Il participe cependant à l’exposition Automatisme, à la Galerie du Luxembourg, rue Gay-Lussac à Paris, du 20 juin au 13 juillet avec une seule aquarelle, apportée par Leduc l’hiver précédent. (33) Il reviendra à la peinture que le printemps suivant.
Barbeau maintient ses relations avec ses confrères automatistes par l’intermédiaire de Claude Gauvreau. Sous l’influence du peintre Fernand Leduc, qui vit désormais à Paris, et du poète Claude Gauvreau, le petit groupe ressent le besoin de se distinguer du milieu artistique montréalais et d’affirmer ses positions éthiques et esthétiques. L’organisation d’expositions ne leur suffit plus, désormais il leur faut proclamer publiquement leur pensée libertaire. Le projet d’un manifeste se concrétise. Des ébauches de texte circulent. Claude Gauvreau, qui est le seul membre du groupe avec lequel Barbeau conserve des relations suivies après l’évènement du rejet de sa production du début 1947, lui en présente les différentes versions. (34)
1948
Malgré cette interruption, Barbeau participe à la dernière exposition de la CAS qui se tient du 7 au 29 février à l’Art association et son nom est mentionné dans les critiques de l’exposition. L’accrochage qui relègue encore une fois les disciples de Borduas dans une salle exiguë ce qui accroît les dissensions croissantes entre le petit groupe et les autres membres de la Contemporary Art Society. La réunion qui suit consacre la rupture entre les «anciens» et les «modernes» et entraîne la dissolution de la CAS.(35)
À la demande de Françoise Sullivan, Barbeau crée un masque pour le costume de sa nouvelle chorégraphie, Dédale. La représentation est prévue pour le 3 avril à la Maison Ross, rue Peel. Barbeau utilise du gros fil métallique pour fabriquer ce masque qui se prolonge dans une coiffure inspirée de ses sculptures de papier mâché. Mais ce casque est lourd et inconfortable et la danseuse le perd constamment dans la violence des mouvements de “derviche” de sa chorégraphie. Elle ne peut pas le porter pour le spectacle (36) ce qui provoque une nouvelle déception pour Barbeau.
À la fin de l’hiver, Claude Gauvreau présente à Barbeau, Suzanne Meloche, une jeune artiste et poétesse d’Ottawa avec laquelle le poète entretient des relations épistolaires. (37) Barbeau en devient éperdument amoureux. Il revient à la peinture, repeignant entièrement les quelques toiles de l’année précédente, qu’il n’a pas entièrement détruites. Pour se rapprocher de Suzanne Meloche, il loue comme atelier le sous-sol de la maison de la rue Fabre où elle vient d’emménager. Dans ses nouvelles peintures, il se soumet au jugement de Borduas et de ses confrères et tente de retrouver l’espace «allant vers l’infini», préconisé par son maître. Il invite Borduas à voir cette nouvelle production que ce dernier apprécie l’encourageant à poursuivre dans cette voie. Maurice Perron se rend à l’atelier de fortune de Barbeau pour y photographier Coquille évoluée des mers brûlantes, une de ses sculptures, retenue par Borduas pour être reproduite dans le manifeste du mouvement automatiste. Barbeau profite de sa présence pour lui faire photographier une autre sculpture et sa nouvelle production en peinture depuis l’hécatombe du printemps précédent. Mais Barbeau en est insatisfait, les trouvant trop sages et regrettant déjà ses peintures all over de l’année précédente. Ces peintures seront également détruites pour la plupart et celles qui échapperont à cette furie autodestructrice seront perdues dans ses nombreux déménagements. À l’exception d’œuvres prêtées ou données à des amis, le reste de sa production des années antérieures disparaîtra dans un grand ménage du hangar de la maison familiale.
Bientôt, Barbeau quitte la résidence familiale pour partager discrètement la chambre de Suzanne Meloche. Le propriétaire, Monsieur Rivest, surprend les jeunes amants. Jugeant cette cohabitation immorale, il les somme de quitter les lieux ou de se marier, leur offrant même d’accélérer les procédures en les faisant exempter de la publication des bans grâce à l’intervention de son frère, curé de la paroisse voisine. Marcel Barbeau épouse Suzanne Meloche le 7 juin 1948 à l’église Saint-Philippe de Montréal. Son oncle, George Saint-Antoine lui sert de témoin alors que Claude Gauvreau est celui de Suzanne Meloche. (38) Le jeune couple s’installe quelques semaines plus tard dans un petit appartement du 3185, de la rue Evelyn à Verdun, banlieue ouvrière de Montréal, propriété de la famille de Guy et Jacques Viau, d’anciens confrères de l’École du Meuble. (39) Les deux frères qui viennent de créer une maison de décoration et de fabrication de meubles exclusifs lui offrent un emploi de dessinateur. Barbeau y travaillera pendant trois ou quatre mois. Mais les jeunes dessinateurs sont trop audacieux pour la clientèle montréalaise de l’époque et ils sont confrontés à la production en série qui commence à se développer. Les commandes se tarissent rapidement et la jeune entreprise doit bientôt limoger ses employés.
Au cours de l’été, il signe le manifeste Refus global et il participe à son impression. Une de ses sculptures, Coquille évoluée des mers brûlantes, y est reproduite. Le manifeste paraît le 8 août. Le manifeste fait scandale dans la société québécoise. Borduas perd son emploi à l’École du Meuble. Avec quelques anciens élèves de Borduas, Marcel Barbeau témoigne dans La Clairon en faveur de Borduas pour dénoncer son renvoi de l’École du Meuble. (40) Le maître et ses jeunes disciples deviennent les cibles de la critique et des institutions québécoises, situation qui se prolongera pendant plusieurs années. Un article de Maurice Gagnon sur le mouvement automatiste paraît dans le numéro 3 du volume V du magazine, Canadian Art. Le nom de Barbeau y est cité. (41)
Après la perte de son emploi chez les frères Viau, Marcel Barbeau retourne travailler à l’épicerie de son oncle les fins de semaine et il effectue divers petits boulots pour assurer la survie du couple.
1949
Barbeau entreprend une petite série d’encres de couleur sur papier. Il développe alors un nouveau procédé de découpage et de cadrage a posteriori de ses peintures gestuelles qu’il recompose de cette façon.(42) Il amorce ainsi la série des Combustions originelles qu’il poursuivra jusqu’en 1953.
Il contresigne avec son épouse et plusieurs artistes et intellectuels québécois une lettre de protestation, rédigée par Pierre Gauvreau, contre l’oppression des membres du parti communiste et contre l’emprisonnement d’un chef huron qui tente alors de créer un gouvernement amérindien et défend la liberté d’expression. La pétition paraît dans le numéro du 5 février du quotidien Le Devoir et dans celui du Canada du 8 février. (43)
Barbeau participe au Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal avec deux grandes huiles Soupirs dans le Trébuchard Pittoresque des Alentours Poudres et Une maîtresse cajole un Arc-en-ciel(44). Le titre du premier tableau laisse penser qu’il devait probablement appartenir à sa production de la cave de la rue Fabre, le printemps précédent. Seul Charles Doyon mentionne brièvement sa participation au Salon dans Le Clairon(45).
Ayant repris sa production artistique, Barbeau incite sa compagne, poétesse, à écrire à nouveau. Pour l’encourager, il lui propose den faire une édition miméographiée et d’illustrer la couverture d’une de ses encres.(46) À cette fin, il entreprend des démarches auprès de Borduas pour que Mitra-Mythe l’édite. Quelques copies sont produites, semble-t-il.(47)
Les Barbeau quittent la banlieue pour retourner à Montréal. Ils louent rue Jeanne-Mance, une chambre double, qui sert à la fois de logement au jeune couple et d’atelier, à l’artiste. Le 8 mai, Suzanne Meloche donne naissance à une fille, Manon. En juin, Barbeau signe une nouvelle pétition d’artistes et d’intellectuels québécois pour appuyer les grévistes de la mine d’amiante d’Asbestos et pour protester contre la répression gouvernementale dont ils font l’objet. (48)
En juillet, Barbeau tient une exposition d’encres de couleur dans son petit logement de la rue Jeanne-Mance. C’est la période des vacances et les visiteurs sont peu nombreux. Le collectionneur et historien d’art d’origine suisse, L. V. Randall visite cependant l’atelier de Barbeau et lui achète une encre de couleur. (49) C’est probablement aussi à cette occasion, qu’Yves Lasnier, un étudiant de l’Université de Montréal, rencontré à la seconde exposition des Automatistes, lui achète la petite encre de sa collection.. (50)
3: Documents personnels, archives personnelles, de l’artiste.
4: GAGNON, François-Marc, Chronique du mouvement Automatiste, Édition Lanctôt Éditeur, Montréal 1998, p. 143. – Dans cet ouvrage, l’historien d’art François-Marc Gagnon identifie cette composition comme étant la Composition n° 7 que Piet Mondrian produisit à Paris en 1937 et qu’il compléta à New York en 1942. Pour ce faire – le catalogue de l’Art Association n’étant pas illustré- il s’appuie sur la reproduction de ce tableau dans celui publié par le Musée des beaux-arts du Canada (Galerie Nationale, Ottawa), qui avait présenté la même exposition en février 1944. Il le décrit comme un tableau donnant «…plus d’importance aux plans colorés derrière le croisement des lignes noires.» Ce tableau a pu avoir une certaine influence sur les toutes premières peintures de Marcel Barbeau, qui réduisent les figures à de larges plans colorés cernés de couleurs contrastantes ou de blanc, comme dans ses peintures de 1947 composées de fragments de plans colorés de formes irrégulières.
5: Conversations avec l’artiste 1982, confirmées en 2002.
6: Op. cit. Chronique du mouvement automatiste, p.193, note 1.
7: Cf. note 4.
8: Fonds d’Archives du Musée des beaux-arts de Montréal, dossiers de presse sur les expositions de la C.A.S.
9: Fonds d’Archives du Musée des beaux-arts de Montréal. catalogue du Salon du printemps 1945, Evelyn de R., Formerly Montreal Museum of Fine Arts Spring Exhibitions 1880-1970, MMFA, Montreal, date p. 15.
10: Cf. note 4.
11: Entrevue téléphonique avec Jean-Paul Riopelle en septembre 1994.
12: Cf. op. cit. note 5 p. 219. Nombreuses conversations sur ce sujet avec l’artiste depuis 1968 et entrevue avec Jean-Paul Riopelle à Sainte-Marguerite en juillet 1988 et entrevue avec Jean-Paul Mousseau en décembre 1989.
13: Nombreux témoignages de l’artiste depuis 1968.
14: Lettre de six étudiants, dont Marcel Barbeau, à Jean-Marie Gauvreau, directeur de l’École du Meuble, Montréal, 25 février 1946. Service des archives et de gestion des documents du cégep du Vieux-Montréal dépositaire des documents d’archives de l’École du Meuble. Il a été impossible de retrouver le curriculum, les syllabus de cours de l’époque de même que les documents concernant les résultats scolaires de Barbeau autres que ceux obtenus en fin d’études.
15: Cf. note 12.
16: Cf. note 8. Catalogue du Salon du printemps 1946.
17: Cf. note 8 et 9.
18: Conversations entre Marcel Barbeau et Pierre Gauvreau à l’occasion de l’organisation de l’exposition anniversaire de la première exposition automatiste, Ouvrez-les yeux à la Galerie Le Patrimoine à Chloé en avril 1976. C’est Barbeau qui avait déniché cette affiche, véritable objet-trouvé, et qui l’avait posé dans la porte de cette galerie de fortune.
19: Témoignages répétés de Marcel Barbeau et conversation privée entre Marcel Barbeau et Marcelle Ferron en octobre 1971 à l’occasion du vernissage d’une visite privée de l’exposition par les exposants, la veille du vernissage officiel.
20: Cf. note 4 et entretien avec l’artiste, 15 février 2002.
21: Catalogue de la Société d’art contemporain, Bibliothèque du MBAM.
22: Fonds d’archives photographiques de Maurice Perron, Musée du Québec.
23: GAUVREAU, Claude, “L’épopée automatiste vue par un cyclope”, La Barre du jour, n°17-20, janvier-août, 1969, p. 63-64.
24: MARSIL, Tancrède jr, ”Les Automatistes – École Borduas”, le Quartier latin, 28 février, 1947, p.4.
25: Entrevue téléphonique avec Michèle Lasnier, octobre 1994.
26: Commentaire de l’artiste lorsqu’il a identifié cette œuvre chez Madame Varin, courtière en art et antiquité à qui ce collectionneur l’avait confié au printemps 1980. Il a également évoqué alors l’achat d’une œuvre sur papier par un ami de ce jeune polytechnicien, Denis Noiseux, qui fréquentait groupe des Automatistes. Ce dernier avait épousé Magdeleine Desroches une jeune femme peintre, amie du groupe automatiste, qu’on voit sur une photographie de groupe prise dans l’exposition de la rue Sherbrooke par Maurice Perron. Selon Barbeau, c’est probablement lui qui avait amené Bernard Leprohon au vernissage de l’exposition automatiste.
27: Cf. note 4.
28: GAGNON, François, “La peinture montréalaise des dix dernières années”, La Presse, Montréal, 15 février 1947.
29: Cf. note 8. Catalogue du Salon du printemps 1947.
30: LACROIX, Laurier, Borduas et les automatistes, Galeries Nationales du Grand Palais et Musées d’art contemporain de Montréal, Paris-Montréal, 1971.
31: Op. cit. note 3, p. 422.
32: Le psychiatre, Dr Hugues Cormier, consulté à ce sujet, explique que c’était là une façon très saine de réagir à un début de dépression. Cf. note 4. Voir aussi Op. cit. note 3, et note 20.
33: En avril 1994, à l’occasion d’une visite chez les Leduc, Fernand Leduc s’est rappelé d’avoir longtemps conservé cette aquarelle de Marcel Barbeau qu’il devait lui remettre et qu’il a probablement fini par égarer dans un déménagement.
34: Cf. note 4.
35: Op. cit. note 3, p. 453-462.
36: Cf. note 4. Aussi, conversation entre Marcel Barbeau avec Françoise Sullivan en 1978 lors d’une rencontre au Studio Nouvel Aire au cours de laquelle cette dernière demande à Barbeau de réaliser pour elle une copie de ce masque pour la reconstitution et la représentation de sa chorégraphie Dédale. Le fait que Françoise Sullivan ait présenté cette demande à Barbeau en relation avec la reconstitution de Dédale par Ginette Laurin, nous incite à situer cet évènement en 1948 en relation avec son spectacle à la Maison Ross plutôt qu’en 1949, tel qu’indiqué dans Chronique du mouvement automatiste. Op. cit. note 3, p. 610
37: Cf. note 4. Ces évènements sont aussi relatés par Claude Gauvreau. Cf. note 20.
38: Extrait de mariage de Marcel Barbeau et Suzanne Meloche, 7 juin 1948. Cour supérieure. Service de l’état civil. Archives personnelles de Marcel Barbeau.
39: GAUVREAU, Claude, “Borduas jugé par ses élèves”, Le Clairon de Montréal, 15 octobre, 1948, p. 5.
40: Op. cit. note 3, p. 614.
41: GAGNON, Maurice, “D’une certaine peinture canadienne, jeune…ou de l’Automatisme“, Canadian Art, vol V, n° 3, 1948. P. 136-145.
42: Op. cit. note 3, p. 576.
43: Cf. op. cit. Note 3. p. 573 à 587. N’ayant pas été aux avant-postes de l’action dans cette affaire, Marcel ne se souvient que vaguement d’avoir signé cette pétition et des évènements entourant sa publication. Il en conserve d’ailleurs une copie non datée dans ses archives personnelles. Pour le détail, je m’en suis référée à l’ouvrage de Francois-Marc Gagnon.
44: Cf. note 6, catalogue du Salon du printemps, MBAM, Montréal, 1949
45: Charles Doyon, “Le 66e Salon du printemps“, Le Clairon, 20 mai, 1949, p4.
46: Op. cit. n°3. p. 631.
47: Dans une conversation téléphonique en juillet 1998, Marcelle Ferron affirmait qu’elle possédait une copie des Aurores fulminantes de Suzanne Meloche, accompagnée d’une encre de Marcel Barbeau. Elle devait la rechercher dans ses cartables, mais déjà très affectée par la maladie, elle n’a semble-t-il pas réussi à retrouver le livre et l’encre.
48: Op. cit. note 3 p. 614.
49: Cf. note 4 et entrevue avec Suzanne Randall, été 1994.
50: Entretien avec Jacques Lasnier à l’occasion d’une séance de photographie en octobre 1994. – Cette encre est de la même série que celles de la collection de Manon Barbeau (1949).
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1950
En février, Marcel Barbeau et Suzanne Meloche assistent au vernissage de l’exposition de Jean-Paul Mousseau et de Marcelle Ferron à la Librairie tranquille. (51) .Il revient à l’huile et produit trois ou quatre petites peintures dans l’esprit des Combustions originelles dont Claude Gauvreau rendra compte dans un article du Haut-Parleur à la fin septembre .(52)
Les dernières œuvres de Barbeau, à l’instar de celles de la plupart de ses confrères automatistes, sont refusées par le jury du Salon du printemps. Barbeau collabore à l’organisation d’une manifestation contre le jury qui a lieu au Musée des beaux-arts de Montréal à l’occasion du vernissage. Il participe aussi à la contre-exposition, Les Rebelles, qui a lieu en même temps au 2146 de la rue Mansfield.(53) Barbeau y expose des aquarelles et des huiles «minuscules» que le journaliste Jean-Claude Dussault et Claude Gauvreau mentionnent dans leur correspondance. (54) Pierre Gauvreau, qui tient parallèlement une exposition solo à la résidence familiale, dénonce la tenue de cette exposition dans un texte qu’il affiche dans sa propre exposition et qu’il envoie à Borduas. Il se dissocie de Barbeau et de Jean-Paul Mousseau, dont il rejette l’évolution esthétique. (55) Barbeau lui répond dans une lettre personnelle. À la suite de la publication d’un article de Rémi-Paul Forgue, qui reprend les critiques de Pierre Gauvreau, Claude Gauvreau engage avec Forgue une polémique dans les journaux pour défendre l’exposition des Rebelles de même que les œuvres de Barbeau et de Mousseau. (56)
Au début de l’été, inspiré par l’idéal anarchiste libertaire et coopératif, Barbeau s’installe sur une ferme de Saint-Jean-Baptiste de Rouville avec son épouse, Suzanne, et leur fille, Manon, son confrère, le peintre Jean-Paul Mousseau, sa femme, la comédienne Dyne Mousseau et leur fille Katryn ainsi que le producteur de films Paul Legault et sa compagne. (57) L’objectif de cette commune : par la coopération et le partage et par une culture rationnelle de la betterave à sucre, réunir au cours de l’été les revenus nécessaires à leur subsistance et au financement de leur production artistique au cours de l’hiver. L’achat de poulet et la culture d’un potager doivent assurer leur subsistance avant la récolte automnale tardive. Grâce au conseil d’un agronome, suivi scrupuleusement par les agriculteurs néophytes, la récolte est prometteuse, mais les pluies abondantes, le manque de main-d’œuvre et un gel prématuré entraînent sa perte. Devant cet échec, la commune se dissout.
Les Barbeau demeurent dans la région de Saint-Hilaire où les loyers sont modiques. Ils s’installent d’abord dans la montagne de Saint-Hilaire. Barbeau trouve un emploi d’artisan en finition de meuble à l’Office Equipment, premier importateur et fabricant de meubles de bureau de Montréal. (58) Cet emploi lui offre une certaine sécurité financière, ce qui le libère de l’obligation de maintenir un second emploi à l’épicerie de son oncle les fins de semaine. Cependant, les déplacements quotidiens du jeune peintre entre Saint-Mathias et Montréal lui laissent peu de temps pour son art. Il poursuit pourtant les fins de semaine sa suite des Combustions originelles.
1951
En février, Barbeau participe à une troisième exposition du groupe automatiste, Les étapes du vivant, qui a lieu dans un local commercial, situé au 81 de la rue Ontario Est. (59) Il y expose une de ses petites encres, série à laquelle il donne alors le titre : Combustions originelles. Borduas lui achète trois de ces petites peintures. (60) Découvrant à la suite de sa visite de cette exposition que Barbeau est peintre, son employeur, Monsieur Lowber, lui achète deux encres et il lui offre un poste de dessinateur. (61) Cependant, ce poste demande davantage de compétence technique que de talent artistique et cette promotion déçoit rapidement le jeune artiste, qui n’y trouve pas un second lieu de création comme il l’aurait souhaité.
Au printemps, Barbeau déménage dans une grande maison au bord du Richelieu, à Saint-Mathias, un village avoisinant Saint-Hilaire. Le 9 mai, Suzanne Barbeau donne naissance à un fils, François. Mais le couple bat déjà de l’aile. (62)
En juin, Barbeau expose plusieurs de ses aquarelles au Foyer de l’art et du Livre, situé au 445, rue Sussex à Ottawa. (63) C’est sa toute première exposition solo en galerie. Quelques aquarelles sont vendues.
En juillet, il effectue un court voyage à Québec, où il rencontre de jeunes artistes et intellectuels qu’il initie à l’art et à la pensée automatiste. Pauline Shink, une jeune marchande d’art et d’artisanat, lui achète une petite encre.
À la mi-septembre, Barbeau se rend à New York pour y rencontrer les expressionnistes abstraits américains (64) et pour voir leurs œuvres, qu’il ne connaît que par des descriptions et de rares reproductions. Il cherche aussi à y organiser une exposition. À New York, Barbeau visite les galeries d’art. Il approche la Durlacher Gallery et la Galerie Passedoit, qui ont déjà exposé des peintres surréalistes. (65) Ces galeries, qui n’ont jamais alors exposé d’art abstrait, se montrent réservées. Il organise finalement, une exposition de ses encres à la One Wall Gallery, une petite galerie attenante à la librairie de Wittenborn and Shultz, les spécialistes new-yorkais du livre d’art et de collection.
Dans une galerie coopérative de 7th Street, il rencontre Jack Arnold, un ami d’Earl Kirkam, qui l’invite à visiter son atelier et qui échange une peinture avec lui. Arnold lui présente son maître et ami, Earl Kirkam ainsi que d’autres confrères. Au Cedar Bar, où Arnold l’introduit, Barbeau rencontre Franz Kline avec lequel il discute de peinture. En parlant avec Kline, Barbeau découvre qu’il partage avec le peintre américain le même procédé de cadrage a posteriori. Ces rencontres avec les artistes américains le confirment dans la voie développée à la fin de 1946 et en 1947. (66) Dans une lettre à Borduas en date du 13 décembre, Robert Tylor Davis, directeur de l’Art Association (Musée des beaux-arts de Montréal), suggère à Borduas d’inclure dans l’exposition de groupe qu’il propose à ce dernier, les petites encres de Barbeau, qu’il a remarquées dans une exposition récente. (67)
Le directeur du musée fait probablement allusion à l’exposition Les étapes du vivant où Barbeau a exposé quelques-unes de ces encres. Selon le témoignage de Claude Gauvreau dans “L’épopée automatiste vue par un cyclope”, Borduas pense d’abord suivre la suggestion du directeur du musée et exposer en duo avec Barbeau dont il apprécie particulièrement les dernières œuvres. Il consulte cependant à ce sujet le poète Claude Gauvreau qui l’en dissuade au nom de la nécessité de promotion du mouvement et de l’ensemble de ses membres.
1952
Du 26 janvier au 13 février, Barbeau participe avec cinq petites encres de la série des Combustions originelles à l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters au Musée des beaux-arts de Montréal. (68)
En février, à la suite d’une crise aiguë d’appendicite, Barbeau subit une intervention chirurgicale qui le retient à la maison pendant quelques semaines. (69) Cette absence et une erreur de calcul entraînent son congédiement de l’Office Equipment. Cette période de convalescence, puis de chômage, lui permettent cependant de consacrer plus de temps à son art. Il poursuit la série des Combustions originelles. Reprenant la technique de la sculpture de fil métallique recouverte de papier mâché et laqué, il réalise une sculpture de grand format. À l’invitation de Marcel Barbeau, Maurice Perron se rend à Saint-Mathias pour y photographier la dernière production de son ancien confrère, dont cette sculpture, photographie qui sera reproduite dans la Revue populaire au cours de l’été 1953. Le photographe profite de cette visite pour réaliser quelques portraits de Marcel Barbeau, de son épouse et de ses enfants. (70)
À la suite du voyage de Barbeau à New York l’automne précédent, la One Wall Gallery de Wittenborn and Schultz présente en mars la première exposition de Marcel Barbeau à New York. La galerie expose en même temps des œuvres d’un artiste américain. Choisi par la galerie, inconnu de Barbeau, ce dernier ne retient pas le nom de ce partenaire d’occasion. Aucune documentation de l’exposition ne permet de l’identifier. Sa situation financière, toujours précaire, ne permet pas à Barbeau de retourner à New York pour le vernissage. Suzanne Meloche rédige un communiqué de presse que les journaux montréalais reprennent presque tous intégralement. L’exposition lui vaut aussi de brefs commentaires dans les magazines américains Art News, Art Magazine et Art Digest (71). À la suite de cette exposition, deux de ses encres sont retenues pour une exposition d’art contemporain en Floride. (72) Le jury du Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal accepte aussi une de ses encres de la série des Combustions originelles. (73)
Début mars, Barbeau écrit à R. T. Davies pour le remercier d’avoir permis la tenue de l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters, et pour apporter son soutien moral au directeur du musée dans ses démêlés avec le conseil d’administration qui refuse de renouveler le contrat de ce dernier. (74) Il le félicite également de l’acquisition de deux Picasso. En réalité, il s’agit d’un prêt à long terme de natures mortes de la fin des années vingt. (75)
À Ottawa, la galerie et librairie, le Foyer de l’art et du livre reprend l’exposition Borduas and a Group of Young Montreal Painters. À la suite de cette exposition, Madame Boutin, la propriétaire de la galerie invite Barbeau à présenter une seconde exposition à sa galerie l’année suivante. En avril, Barbeau retourne à Québec, où Pauline Shink lui achète encore quelques encres. (76)
En juin, Pauline Rochon, directrice du Centre d’art de Sainte-Adèle, une station de villégiature à la mode des Laurentides, au nord de Montréal, engage Marcel Barbeau comme professeur de sculpture sur bois pour la session estivale. (77) Ces cours, dispensés en anglais comme en français, s’adressent surtout à une clientèle touristique locale et étrangère, des adultes et des enfants, en villégiature dans la région. Cet emploi d’à peine quelques semaines -la saison ne dure que du 7 juillet au 16 août-, ne permet cependant pas au jeune peintre de résoudre ses problèmes financiers. Aussi, son épouse doit-elle accepter un emploi de secrétaire pour subvenir temporairement aux besoins de sa famille.
En août, Suzanne Meloche quitte Marcel Barbeau et ses deux enfants. (78) Ayant trouvé, un emploi temporaire de professeur de dessin à l’École des arts et métiers de Rouyn-Noranda, en remplacement d’un professeur malade, Barbeau se résout à confier ses enfants à une garderie. À la fin août, il quitte Montréal pour l’Abitibi. Parallèlement à son enseignement à l’École des arts et métiers, il donne des cours de peinture à des amateurs de Rouyn-Noranda, de Val-d’Or et d’Amos. (79)
Ces tâches multiples et surtout les longs déplacements, que lui impose la distance entre ces différentes villes, lui laissent peu de temps pour son art et il réalise à peine quelques petites encres au cours de l’automne et de l’hiver passés dans cette région nordique du Québec. Il les expose avec des encres de la série des Combustions originelles au bar Le Petit Duc, de Rouyn-Noranda. (80) Un amateur d’art de la région, Monsieur René Buisson, lui achète deux encres pour les offrir à son épouse, qui joue alors un rôle important dans l’organisation des activités culturelles dans la région. (81) Pour susciter d’autres ventes, le peintre organise une loterie avec une de ses encres pour enjeu. Acheteur d’un billet, le journaliste Pierre Chouinard, qui travaille alors à la radio locale, en est l’heureux gagnant. Il la conservera sa vie durant. (82)
1953
À la fin février, son contrat étant échu et une rivalité amoureuse l’ayant opposé au directeur, son contrat n’est pas renouvelé. Barbeau quitte Rouyn-Noranda pour Montréal, où il doit s’occuper de l’encadrement et de l’organisation de son exposition à la Galerie Agnès Lefort, prévue du 3 au 14 mars. (83) La galerie présente en parallèle à ses encres des poteries de la céramiste Louise Cimon. Suzanne Meloche que Barbeau revoit alors, rédige pour lui un communiqué de presse qui est repris dans Le Devoir. (84) Rodolphe de Repentigny publie une longue critique de l’exposition dans La Presse. (85) Du 7 au 18 avril, Barbeau expose avec la céramiste ses Combustions originelles au Foyer de l’art et du livre à Ottawa. Comme chez Agnès Lefort, l’exposition regroupe ses encres et des céramiques de Louise Cimon. Elle est commentée dans le Journal d’Ottawa. (86) Cependant, n’ayant pas répondu à temps à l’invitation des organisateurs de l’exposition Canadian Painting. (87) Barbeau ne figure pas dans cette exposition, présentée à la Galerie nationale du Canada en même temps que son exposition personnelle. Par ailleurs à Montréal, il est refusé au Salon du printemps de l’Art Association. (88) À son retour d’Ottawa, Barbeau participe avec Jean-Paul Mousseau et quelques copains de ce dernier à la décoration de la salle Charpentier, située au 3560, du boulevard Saint-Laurent pour le Bal masqué, organisé par un groupe d’artistes reliés à Jean-Paul Mousseau et Dyne Mousseau. Ce bal travesti a lieu le 12 avril. (89)
À la fin avril, Barbeau retourne à Québec, où il fréquente des étudiants et de jeunes artistes. (90) Un copain, étudiant en médecine, l’invite à observer des cristaux au microscope électronique, observation qui confirme chez Barbeau l’idée que la peinture abstraite peut rejoindre un autre niveau de réalité que celui, immédiatement perceptible. (91) Il introduit quelques jeunes artistes de Québec auprès des organisateurs de l’exposition Place des artistes, exposition prévue à Montréal du 1er au 31 mai. (92) À la veille du vernissage, Barbeau remet en question le sérieux et la probité des organisateurs de l’exposition et il conteste dans une lettre ouverte aux journaux la politisation de l’exposition et l’éclectisme de la sélection, associant l’avant-garde abstraite au réalisme socialisme et à l’académisme, de même que le dirigisme des organisateurs, qui ne souffrent aucune discussion. (93) Il menace de retirer son envoi. Cependant, il y participera. L’oeuvre provenant de la dernière production de l’artiste, présente une fragmentation de la surface si on se réfère à la description qu’en donne Paul Gladu dans son compte rendu de l’exposition paru dans L’Autorité. Le critique y souligne en effet, son «obsession des cristaux» (94), ce qui laisse présumer que les encres qu’il présente dans cette exposition appartiennent à la production tardive de la série des Combustions originelles, où l’image est fragmentée par l’entrecroisement des coulures et des giclées. Cela permet de situer dès cette période ses premières observations de cristaux au microscope.
Au début juin, Barbeau accompagne dans le comté de Charlevoix son ami François Soucy, un étudiant de l’École des beaux-arts de Québec. (95) Les deux artistes croient pouvoir passer un mois à peindre en assurant leur subsistance par la pêche. De passage à Baie-Saint-Paul, les deux jeunes artistes visitent le peintre et ancien coureur des bois, René Richard, un ami du père de l’étudiant, rencontre qui les conforte dans ce projet. Barbeau est séduit par sa faconde de conteur et l’expressivité de ses dessins. Après la nuit à Baie-Saint-Paul chez René Richard, ils poursuivent leur route vers La Malbaie où ils rencontrent le maire Boris Maltais. Ce dernier leur propose de les héberger durant leur séjour dans un petit chalet de pêche qu’il possède au Grand-Lac-Sainte-Agnès, situé à quelques kilomètres en amont de ce chef-lieu. Barbeau y inaugure sa suite de paysages abstraits que Borduas appellera Fonds marins, un titre qui leur sera conservé. D’abord peinte au pinceau par larges plans colorés, l’image est structurée et redessinée par un procédé de grattage à la spatule qu’il avait utilisé dans ses toutes premières abstractions, notamment Au domaine des feux follets (1945) et L’airain apposé sur l’attente (1946, Collection The Edmonton Art Gallery). Le bleu de Prusse et le vert de Véronèse dominent d’abord la palette de Barbeau avec parfois des ponctuations d’ocre ou d’orangé, qui font écho à la lumière hautement contrastée des ciels de Charlevoix.
À son retour, Barbeau s’installe dans une grande chambre au 1 rue Hamel, dans le vieux Québec. (96) Il y résidera durant ses différents séjours à Québec entre 1953 et 1955. Il y poursuit la suite des Fonds marins, avec des œuvres généralement plus achevées ou plus radicales que celles déjà produites. Dans cette série se prolonge une nouvelle suite de peintures aux harmonies, couleurs de terre, que Barbeau privilégie. Souvent, le fond se confond avec la forme. Début juillet, Barbeau se rend chez des amis à l’île d’Orléans où il réalise quelques sculptures en bois. (97) Du 1er juillet au 22 août, il retourne à Sainte-Adèle où il enseigne à nouveau la sculpture au Centre d’art. (98) Il y produit aussi une grande sculpture sur bois d’aspect biomorphique et quelques petites sculptures de céramique qu’il expose dans la vitrine de l’atelier, puis dans le cadre d’une petite exposition organisée par le Centre d’art en fin de session. Un homme d’affaires montréalais, qui possède une résidence secondaire dans la région, lui achète sa grande sculpture de bois. (99)
De retour à Québec en septembre, Barbeau fréquente le milieu artistique et universitaire de la ville de Québec, surtout les étudiants de l’École des beaux-arts. Pauline Shink présente Marcel Barbeau au photographe Gaby qui lui offre un travail d’assistant. Il travaille avec lui pendant quelques mois et il s’initie à la photographie qui deviendra son métier alimentaire jusqu’au printemps 1962. (100)
Parallèlement aux portraits commerciaux qu’il produit dans le cadre de ce métier alimentaire, il entreprend des recherches en photographie où il explore les effets conjugués du mouvement et de la lumière. Il réalise une suite de photographies de nuit de faisceaux lumineux en mouvement, phares d’auto sur les pavés mouillés, et de trajectoires lumineuses du traversier de Québec à Lévis. Il expose quelques-unes de ses photographies et ses encres à la Galerie l’Échoppe de son amie Pauline Shink. À l’exception de deux photographies conservées par cette dernière, la plupart des photographies de Barbeau de l’époque ont été égarées à la fin des années soixante.
Le 22 décembre, sur la recommandation d’Agnès Lefort, le conseil d’administration du Centre d’art de Sainte-Adèle engage Marcel Barbeau pour y donner des cours de peinture aux enfants pour la saison d’hiver. (101) Ce contrat de travail d’une durée de trente semaines formalise ses relations avec le centre d’art et lui assure pour quelque temps une sécurité financière minimale. Une subvention du Secrétariat de la province de Québec, responsable des affaires culturelles, assure le financement de cette activité. Barbeau y donnera un cours hebdomadaire jusqu’à l’automne 1954.
1954
Barbeau fait la navette entre Montréal, Sainte-Adèle et Québec durant tout l’hiver. Ces voyages hebdomadaires dans les Laurentides lui donnent l’occasion de renouer avec le ski, qu’il avait beaucoup pratiqué à l’adolescence et qu’il avait abandonné pendant plusieurs années. (102)
Au cours de l’hiver et du printemps, il peint chez ses amis la journaliste Fabienne Julien et l’urbaniste Jean-Paul Guay, qui lui prêtent une grande chambre en guise d’atelier en échange d’une peinture. (103) Barbeau y produit de très grands fusains en vue d’un lointain projet d’exposition au Palais Montcalm. Il y complète également sa série des Fonds marins, produisant les peintures de plus grand format de cette série, dont La torture des esprits lucide.
Du 17 mars au 18 avril, Barbeau expose au Soixante et onzième Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal La torture des esprits lucides, un grand tableau de la suite des Fonds marins. (104) Comme le tableau est grand, Claude Gauvreau l’aide à le transporter au musée. (105) Barbeau participe également à la dernière exposition des Automatistes, La matière chante, qui se tient à la Galerie Antoine, rue Guy à Montréal du 20 au 30 avril. (106) Cette galerie, rattachée à un commerce d’encadrement, se situe à l’intersection des rues Guy et Sherbrooke. Barbeau y présente six peintures de la suite des Fonds marins et des Terres labourées. Après l’exposition, Agnès Lefort reprend quelques-unes de ces huiles pour les exposer. Elle en vend quelques-unes, dont La torture des esprits lucides. (107)
Barbeau poursuit son enseignement au Centre d’art de Sainte-Adèle durant l’été. Il y expose un groupe de Combustions originelles dans la vitrine de son atelier. Un groupe de touristes américains, de passage dans la région, s’intéressent à son travail et lui achètent quelques encres de la série des Combustions originelles. Parmi eux se trouve le directeur d’un théâtre de Buffalo qui invite le peintre à le visiter s’il passe par sa ville. Durant cette période, Barbeau poursuit la série des gouaches all over.
Au cours de l’automne, Barbeau poursuit ses observations au microscope électronique grâce à ses amis, étudiants en médecine. Il peint à nouveau dans sa chambre du 1, rue Hamel. Il y amorce une série de gouaches, inspirées de ces observations, dans lesquelles il reprend et développe l’approche tachiste all over qu’il avait commencé à explorer en 1947. (109)
1955
Barbeau vit surtout à Québec. Il poursuit la série de gouaches tachistes all over et il réalise deux huiles de grand format, en continuité avec ces gouaches. Ces deux peintures annoncent la suite d’huiles all over de 1956.
En mars, Barbeau expose sept grands fusains et une dizaine de peintures de la suite des fonds marins au Palais Montcalm. (110) Ce complexe multifonctionnel est alors un des lieux d’exposition les plus importants de la capitale du Québec. Son envoi au Salon du printemps est refusé encore une fois. Devant ce nouveau rejet de la part du jury du Salon, Barbeau décide de ne plus s’y présenter. (111)
En novembre, il participe, avec ces deux huiles, à une exposition de peinture canadienne organisée par les étudiants de l’École des Hautes Études commerciales de l’Université de Montréal. L’adresse inscrite dans le catalogue de cette exposition indique qu’il réside alors principalement à Québec. Du 7 au 24 décembre, Barbeau expose ses gouaches de 1954-55 à la Galerie l’Actuelle, que dirigent le peintre Guido Molinari et sa compagne, la philosophe et critique d’art Fernande Saint-Martin. (112) L’exposition obtient une critique favorable dans Le Devoir sous la signature de Noël Lajoie (113) alors qu’elle est mal reçue par le critique de La Presse.
1956
Barbeau poursuit les recherches amorcées dans ses dernières gouaches dans une suite d’une douzaine de peintures all over où il explore systématiquement les variations de la lumière. Il devient membre de l’Association des artistes non-figuratifs de Montréal. Une de ses gouaches de 1955 est retenue pour la première exposition de l’Association, présentée au Restaurant Hélène de Champlain dans l’Île Sainte-Hélène (Montréal), du 27 février au 3 avril. C’est la seule exposition du groupe à laquelle il participera. (114)
Au printemps, Barbeau revient temporairement à la sculpture. Il utilise, comme atelier en plein air, le toit de la maison où il habite. C’est là qu’il réalise Abstraction, une sculpture en planches de bois de longueurs irrégulières. (115) Sa structure en damier irrégulier rappelle celle des gouaches de 1954-55. En juillet, il visite à Rimouski Pierre-Paul Riou, un jeune confrère, rencontré au Centre d’art de Sainte-Adèle.
Il s’installe pour quelques semaines au Bic dans un chalet prêté par Pierre-Paul Riou. (116)
Il poursuit ses recherches de peintures all over. Quelques collectionneurs de la région s’intéressent à son travail. De retour à Montréal, Barbeau loge rue du Fort à proximité de ses amis de Québec, les Guay et de Pauline Shink, qui viennent aussi de déménager à Montréal. Barbeau y poursuit sa suite de peintures de l’été précédent.
1957
En février, Barbeau expose ses peintures all over à la Galerie Agnès Lefort dans le cadre d’une exposition trio avec Pierre-Paul Riou et Yolande Paquette. (117)
Au cours d’un voyage à Québec, il a une brève liaison avec une jeune fille. (118) Cette rencontre l’incite à revenir au dessin. Il amorce ainsi une série de dessins libres d’après modèle vivant, à la limite de l’abstraction qui le conduira à une nouvelle épuration dans son œuvre. C’est le début d’une nouvelle période d’expérimentation intensive. Cette période, au cours de laquelle Barbeau explore en même temps plusieurs voies d’apparences divergentes, en dessin, en peinture, en collage et en sculpture, se poursuit jusqu’en 1960. Il réalise une série de petites encres de Chine expressionnistes sur fond blanc, suivi d’une série de grandes gouaches noires sur papiers de couleurs. Expérimentant avec l’émail, il peint trois ou quatre grandes toiles dans lesquelles il utilise pour la première fois la ficelle comme instrument. (119) Son intérêt pour le déploiement de lignes fluides dans l’espace l’amène à explorer une nouvelle voie en peinture. La technique de peinture en relief à la douille, qu’il développe, lui permet de retrouver en peinture la précision du trait du crayon, en dessin. Sa palette se réduit généralement alors au noir et au blanc avec une ou deux incursions du côté du rouge pour le fond (Laviola-Blanire. (PE.302), collection du Musée d’art contemporain de Montréal). Plusieurs œuvres de cette période sont monochromes : noir sur noir, blanc sur blanc.
En septembre, Barbeau entrepose ses tableaux chez son copain Yves Lasnier et quitte Montréal pour la côte Ouest en compagnie d’un ami d’enfance. (120) Après un bref arrêt à Buffalo, où il vend encore quelques encres au collectionneur américain rencontré à Sainte-Adèle, il se rend à San Francisco, où il rencontre quelques artistes locaux. N’ayant pu obtenir de permis de travail ni rencontrer les artistes les plus connus de la région auxquels il s’intéresse et qui sont déjà à New York ou à Paris, Barbeau quitte San Francisco pour Vancouver. Il s’arrête à Seattle où il visite The Artists’ Gallery et rencontre quelques artistes locaux, David Borders, William Mair, William Packer et Frank Okada, qui lui apparaît alors comme “un peintre d’une grande vitalité”. (121) Ses économies étant épuisées, il s’arrête dans la vallée d’Okanagan où il travaille quelques semaines à la cueillette des pêches. En octobre, il s’installe à Vancouver où il séjourne pendant une année. Il loge dans une chambre exiguë d’une maison située dans une petite rue parallèle à la rue Granville, à proximité de l’océan Pacifique.
1958
Accaparé par son métier alimentaire de photographe, il n’arrive guère à reprendre ses activités de création. Il occupe ses loisirs à la lecture et profite de ce séjour pour parfaire sa culture, particulièrement dans les domaines de la philosophie de la connaissance et de la psychologie. À la bibliothèque municipale de Vancouver, qu’il fréquente assidûment, il découvre les écrits de Gaston Bachelard et d’Henri Bergson, dont la pensée alimentera sa réflexion sur la mémoire visuelle et ses premiers travaux sur l’image virtuelle. Il fréquente la West End Gallery, la seule galerie d’art moderne de la région, et il y expose quelques encres. Il y rencontre quelques artistes de la côte Ouest, dont le peintre Takao Tanobe.
Barbeau revient à Montréal vers la fin novembre 1958. À son retour à Montréal, il se remet au dessin. (122) Par l’intermédiaire de son amie, la chanteuse Pauline Julien, Barbeau fait la connaissance du compositeur Serge Garant, qui est alors l’accompagnateur de cette dernière. À la suggestion du compositeur, Barbeau assiste au début de décembre au premier concert à Montréal de Karlheinz Stockhausen, ainsi qu’à un exposé du compositeur allemand. (123)Les deux évènements ont lieu à la Faculté de Musique de l’Université de Montréal le 11 décembre 1958. Barbeau, qui ignore tout de la musique contemporaine, est bouleversé par ces sonorités et ces rythmes nouveaux. Il est surtout séduit par les collages musicaux de Stockhausen et par les sonorités et les vibrations sonores produites par des procédés électroacous- tiques. Dans les mois qui suivront, ce concert aura une influence déterminante sur le développement de l’œuvre graphique de Barbeau.
Connaissant les difficultés financières de Barbeau, Yves Lasnier lui propose une grande chambre dans sa résidence familiale du 17 du Chemin de la Côte Sainte-Catherine en échange de travaux de peinture en bâtiment. Barbeau accepte l’offre ; il y résidera presque cinq mois alternant la peinture corvée et la peinture d’expression. (124)
1959
Barbeau poursuit ses explorations du trait, de la ligne, de l’écriture cursive et de la calligraphie libre, à travers des dessins et des peintures. Ces œuvres s’inscrivent tour à tour dans la lignée de ses gouaches expressionnistes, de ses peintures à l’émail de 1957 et de ses peintures en relief à la douille. Parallèlement, il réalise une suite de papiers collés et de peintures sur papier à l’encre de Chine et au crayon-feutre qui sont le point de départ des grandes peintures “biomorphiques” en noir et blanc de 1959-60. Ouvri Dalida Doni Dosa, une grande huile, réalisée à partir d’une des grandes peintures à l’émail de 1957 et dans laquelle il tente une synthèse entre ses calligraphies et ses collages, marque la fin de cette période.
Barbeau fréquente alors Yves Lasnier et sa compagne, le peintre Lise Gervais. Il retrouve aussi régulièrement Michel Lortie, le fils des grands collectionneurs montréalais Gérard et Gisèle Lortie, qui commencent à s’intéresser à ses œuvres, le journaliste Robert Millet, Anita Côté-Lortie et sa fille Michèle, des amies rencontrées à Rimouski en 1956, la chanteuse Pauline Julien et son compagnon le poète et journaliste Gérald Godin. (125) Il se lie également avec des membres de l’équipe de rédaction de la Revue socialiste pour l’indépendance du Québec. Il s’engage même dans le mouvement indépendantiste et rédige deux articles dans cette revue, qui sont publiés en 1959. (156) Barbeau participe à la polémique qui oppose les Plasticiens et les Automatistes et signe une lettre collective pour défendre Borduas et dénoncer les Plasticiens. (127)
Ayant complété son contrat, Barbeau retourne à Québec en juillet. Il loge chez ses amis Paul Vézina et Francine Gauthier, qui viennent d’aménager au 120 de la rue Sainte-Anne, la maison no 2 du domaine de Maureen College. (128) Il réalise une série de trois sculptures en contreplaqué de bois, assemblages par superposition de formes géométriques qui annoncent son évolution vers une simplification formelle en peinture. (129) Il crée quelques reliefs avec des matériaux de rebut, vieilles planches de bois et clous rouillés. Par leur composition, ces reliefs s’apparentent à ses dessins et à ses collages. Il y réalise aussi ses trois ou quatre premières peintures en aplat de très grands formats, Athena, Edwidge (Bec de brise), Céres (À ma fenêtre) et probablement Marina. (130) Leur composition et leurs formes simples apparentent ces peintures aux éléments géométriques utilisés dans ses sculptures de l’été 1959. Au cours de l’été, Barbeau visite à nouveau Pierre-Paul Riou à Rimouski. (131)
Un groupe de jeunes membres associés du Musée des beaux-arts de Montréal, dont fait partie Jacques Lasnier, le frère cadet d’Yves Lasnier, organise à la Galerie de l’Étable une première exposition rétrospective du mouvement automatiste, Automatisme, Paintings by Barbeau, Borduas, Ferron, Gauvreau, Leduc, Mousseau and Riopelle. L’exposition Automatistes a lieu du 11 septembre au 9 octobre à la Galerie de l’Étable du Musée. (132) Barbeau y est représenté par six peintures: Forêt Vierge de 1946, de la collection de Madeleine Arbour, le Bar des cerveaux volants de 1953, de la collection d’Yves Lasnier ainsi que quatre peintures du début des années cinquante, provenant de la Galerie Agnès Lefort, soit une encre datée 1952 de la série des Combustions originelles, deux huiles sur panneau de particules de bois (Masonite) de 1952 et de 1953 et une gouache de 1955. Vivant en retrait à Québec, Barbeau ne se rend pas à Montréal pour le vernissage. Toutefois, Barbeau retourne à Montréal en novembre et il s’installe dans une grande chambre, située au 403 Ouest de la rue Mont-Royal. Il y logera et peindra jusqu’à son départ pour Paris en avril 1962.
51: Op. cit. note 3, p. 658.
52: Entretien avec Pauline Shink de janvier 1982, de février 1988 et de mars 1990 et dédicace d’une encre de la suite des Combustions originelles.
53: Cf. note 4 et Op. cit. note 3, p. 671-683
54: GAUVREAU, Claude et DUSSAULT, Jean-Claude, Correspondance 1949-1950, Montréal, Hexagone, 1993, p. 227.
55: Proclamation et lettre de Pierre Gauvreau à Borduas, 29 mars 1950, Fonds Borduas, Médiathèque, Musée d’art contemporain de Montréal et Archives personnelles de Madeleine Arbour et de Marcel Barbeau (photocopie). Cette polémique est aussi mentionnée dans ELLENWOOD, Ray, Egregore: The Montreal Automatist Movement, Exile Edition, Toronto, 1992. Dans une lettre ultérieure, Pierre Gauvreau apporte des nuances à cette dénonciation. Archives personnelles de Madeleine Arbour.
56: Op. cit. note 3, p. 701-705.
57: Cf. note 4. et op. cit. 3, p. 719-722.
58: Cf. note 4 et rencontre avec Monsieur Lowber à l’Office Equipment en novembre 1969 à l’occasion de l’organisation de la rétrospective Marcel Barbeau au Winnipeg Art Gallery.
59: Cf. note 4. Voir aussi op. cit. 3 p. 758-757.
60: GAUVREAU, Claude, “Tranches de perspective dynamique”, Le Haut Parleur, Montréal, 20 octobre 1951, p. 2 et 5. Deux de ces petites peintures ont été acquises par le MBSM en novembre 2001. Deux de ces peintures ont été acquises récemment par le Musée des beaux-arts de Montréal. Cf.. Catalogue raisonné des peintures, PE.115 et PE.119.
61: Cf. note 56.
62: Cf. note 4.
63: Op. cit. 3.
64: Cf. note 4.
65: Missive de Marcel Barbeau à Borduas sur une carte postale du MOMA représentant une huile de 1914-1918, Les jouets d’un prince (mauvais génie d’un roi) de Giorgio de Chirico, Correspondance de Borduas, Archives de Borduas, MACM.
66: Cf. note 4.
67: Op. cit. note 20, p. 87-88 et op. cit. note 3, 788 à 792.
68: Cf. Fonds d’archives du MBAM, Dossier de l’exposition Borduas and a Group of Young Montréal Painters, 1952.
69: Cf. note 4.
70: Cf. note 21 et conversation avec Maurice Perron à propos de sa visite à Saint-Mathias et de ces photographies en relation avec leur reproduction dans la monographie Marcel Barbeau Le regard en fugue (1990), au cours de l’hiver 1959.
71: Dossier de presse, archives personnelles de l’artiste.
72: Cf. note 4.
73: Cf. note 8.
74: Archives du Musée des beaux-arts de Montréal, Dossier Marcel Barbeau.
75: Archives des collections Musée des beaux-arts de Montréal.
76: Cf. note 4 et 62.
77: Bibliothèque des arts de l’UQÀM, Collections spéciales, Dossier du Centre d’art de Sainte-Adèle.
78: Cf. note 4 et Fonds Paul-Émile Borduas, MACM, Correspondance avec Suzanne Meloche et avec Marcel Barbeau.
79: Cf. note 4 et photographie avec légende titrée “La peinture a bien des adeptes dans le Nord de notre province”, Photo-Journal, Montréal, 22 janvier 1953.
80: Entrevue avec Pierre Chouinard, mars 1982.
81: Entrevue avec René Buisson, vers 1989 : ces encres ont brûlé dans les années soixante dans l’incendie qui a ravagé la maison de ce dernier.
82: Entrevue avec Pierre Chouinard, hiver 1984.
83: Cf. note 4.
84: “Ce soir vernissage de l’exposition Barbeau-Cimon”, Le Devoir, Montréal, 7 avril 1953.
85: Rodolphe de Repentigny, “À la Galerie Agnès Lefort. Marcel Barbeau et ses Combustions; l’art délicat de L. Cimon”, La Presse, 11, mars 1953, p. 33.
86: W.Q.K, “Drawings Shown By Montreal Artist Follow New Trend”, The Journal, Ottawa, 8 avril 1953.
87: Cf. note 3, op. cit. p. 832. Étant donné les déménagements successifs de Barbeau durant cette période, où il quittait Rouyn-Noranda pour Montréal, il est possible que l’invitation lui soit parvenue trop tard ou qu’elle ait été égarée. Il est moins probable qu’il ait négligé d’y répondre, bien qu’il était alors très occupé avec les préparatifs de ses deux expositions à Montréal et à Ottawa, car il semblait alors rechercher toutes les occasions d’exposition de ses œuvres, comme on peut en juger par le relevé de ces activités.
88: Cf. note, 3, op. cit. p. 837.
89: François Bourgogne, le Salon du printemps, L’Autorité, 21 mars 1953, p. 5. Dans sa Chronique du mouvement automatiste québécois, Francois-Marc Gagnon précise que François Bourgogne était un pseudonyme de Rodolphe de Repentigny, op. Cit. p 830.
90: Cf. note 4 et 62.
91: Cf. notes 4.
92: Charles Doyon, “Un évènement artistique. Place des artistes.” Le Haut parleur, Montréal, 16 mai, 1953, p. 4-5.
93: Cf. note 4 et dossier de l’artiste, “Coup de théâtre. Barbeau (mécontent) accuse le sculpteur Roussil de faire de la politique”, Samedi-Dimanche, Montréal, vol II, no 12, 16 mai 1953, p. 23 et Claude Gauvreau, “L’épopée automatiste vue par un cyclope”, La Barre du jour, op. cit. p. 69-70. À l’encontre de ce que suggère Claude Gauvreau dans cette chronique, Marcel Barbeau n’a jamais enseigné pas à Québec. Cependant, selon plusieurs témoins interviewés entre 1968 et 1992, il y a exercé une influence déterminante sur les jeunes artistes qu’il fréquentait de façon informelle.
94: GLADU, Paul, “Place des artistes”, L’Autorité, Montréal, 16 mai 1953.
95: Le récit de la période de Québec s’appuie sur de nombreuses conversations avec l’artiste et sur des entrevues formelles avec divers témoins de cette époque dont, René Boissé en 1982, Pauline Shink (cf. note 62), Paul Vézina et Francine Gauthier en juillet 1981 et en juillet 1994 et François Soucy, lors d’une entrevue en juillet 1968 (Fonds d’archives sonores Ninon Gauthier, Médiathèque, MACM) et de rencontres en mars 1975, à Saint-Hippolyte, et en juillet 1980, à Saint-Irénée de Charlevoix.
96: Cf. note 4.
97: Cf. note 4, no 76 et légende de la photographie de Barbeau à côté de sa sculpture et légende, La Revue populaire, Montréal, vers 1953.
98: Cf. note 76.
99: Entretien avec Marcel Barbeau au sujet d’une exposition au Centre d’art de Sainte-Adèle, mai 2002
100: Cf. note 4 et 62.
101: Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/2. Il ne semble pas que l’engagement de l’artiste comme professeur de sculpture pour les sessions d’été 1952 et 1953 ait été établi sur une base contractuelle, ni que sa rémunération ait été aussi importante qu’en 1954.
102: Cf. note 4.
103: Cf. note 4 et entretien avec Fabienne Julien et Jean-Paul Guay, août 1994, à l’occasion d’une séance de photographie de tableaux.
104: Cf. note 6 et Jean-René OSTIGUY, “Le Salon du printemps”, Le Devoir, Montréal, 1er avril 1954, p. 7.
105: Entretien avec l’artiste, avril 2002.
106: Rodolphe de Repentigny, “Vitalité de l’art. La matière chante”, La Presse, 24 avril 1954, p. 66; Claude Gauvreau, “L’épopée automatiste vue par un cyclope”, La Barre du jour, op. cit. p 93; Fournier, Marcel, “Chronologie des évènements”, Borduas et les Automatistes, Galeries nationales du Grand Palais et musées d’État du Québec, 197. Voir aussi François-Marc Gagnon, Chronologie du mouvement automatiste québécois, p. 901-902.
107: Cf. note 4 et entretiens en 1982, 1988, 1989 et 1994 avec des collectionneurs qui ont acheté un tableau de cette époque à la Galerie Agnès Lefort vers 1954 et 1955.
108: Entretien avec l’artiste, mars 2002.
109: Cf. note 4.
109: Cf. note 4 et 102.
110: Cf. note 4 et 102.
111: Cf. note 4 et 102.
112: Cf. note 4 et entretien avec Guido Molinari, août 1994, à l’occasion d’une séance de photographie des peintures de Marcel Barbeau de sa collection.
113: LAJOIE, Noël, “Vers un art plus actuel”, Le Devoir, Montréal, 17 décembre 1955. L’article de Noël Lajoie qui mentionne ces expositions ne précise ni le lieu exact, ni la date, ni le titre de l’exposition ou celui de ses organisateurs.
114: PAKOWSKI, Sandra, Montreal Non-figurative Artists Association, Sir George Williams Art Gallery, Concordia University, 1983. PAKOWSKI, Sandra, Robert Ayre: the critic and the collection, Concordia Art Gallery, Concordia University, Montréal, 1992. pp. 5 et 59.
115: Photographie d’époque représentant l’artiste avec cette sculpture par un photographe anonyme. Marcel Barbeau a réalisé une copie de cette sculpture pour l’exposition Naissance et persistance de la sculpture au Québec, qu’il a donnée au Musée de Joliette pour en assurer la conservation.
116: Cf. note 4. Aussi conversation avec Pierre-Paul Riou et d’autres témoins de l’époque au cours de l’automne 1968 à l’occasion de la préparation de la rétrospective Barbeau du Winnipeg Art Gallery.
117: GLADU, Paul, “Trois peintres qui fuient la réalité”, Le Petit Journal, Montréal, 24 février 1957, p. 57. Aussi note 4 et rencontre avec Pierre-Paul Riou, cf. note 92.
118: Cf. note 4 et rencontre avec cette personne à la Galerie Estampe Plus, en décembre 1990 à l’occasion d’un vernissage.
119: Cf. note 4.
120: Nous n’avons retrouvé aucun document permettant d’établir avec certitude et précision les dates exactes du séjour de Barbeau sur la Côte Ouest. L’artiste affirme n’avoir presque rien produit sur la Côte Ouest et n’en avoir rien rapporté, si ce n’est un carnet de dessins, aujourd’hui perdu. Sa très faible production répertoriée pour l’année 1958 et le fait que cette année est la seule où l’on observe une interruption presque complète de sa production, nous incite à retenir l’année 1958 comme celle de son séjour à Vancouver. Par ailleurs, Barbeau affirme qu’il a travaillé quelques jours à la récolte des pêches dans la vallée d’Okanagan alors qu’il se rendait de San Francisco à Vancouver. Ce fait semble indiquer qu’ il a quitté Montréal au plus tard à la fin d’août 1957. Par ailleurs, il se rappelle qu’il est revenu de la Côte Ouest au début de l’hiver suivant, alors que la température était particulièrement maussade. Il se souvient aussi avoir assisté peu de temps après son retour au premier concert avec conférence de Karlheinz Stockhausen à l’Université de Montréal le 11 décembre 1958. Considérant le souvenir vivace que Barbeau conserve de ce concert et son influence sur sa production graphique des mois suivants, dont certains dessins datés «décembre 1958» et son séjour d’environ six mois chez Yves Lasnier, date confirmée par son frère Jacques Lasnier, avant son départ pour Québec au début mai 1959, date confirmée par Francine Gauthier et Paul Vézina chez qui il logea au cours de l’été 1959, il semble qu’on puisse établir la date de son retour de Vancouver vers la fin novembre ou le début de décembre 1958. Comme Barbeau a voyagé en automobile en s’arrêtant à plusieurs endroits à l’aller et qu’il est revenu en autobus au retour, ce qui représente un voyage de 5 jours, on peut vraisemblablement retenir les dates de septembre 1957 à novembre 1958 comme celles de son séjour sur la Côte Ouest. Les dates de 1958 et 1959 qui ont parfois été avancées à propos du séjour de Barbeau sur la côte Ouest canadienne dans des articles et dans des curriculum vitæ des années soixante et soixante-dix, sont certainement erronées.
121: Correspondance de Marcel Barbeau avec Michèle Côté-Lortie, Fonds d’archives personnelles de Michèle Côté-Lortie.
122: Carnets de dessin de 1958 du Fonds Marcel Barbeau Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P6b/3.
123: Cf. note 4 et note 49.
124: Correspondance de Marcel Barbeau avec Michèle Côté-Lortie, Fonds d’archives personnelles de Michèle Côté-Lortie.
125: Cf. note 4 et entretien avec ces témoins.
126: BARBEAU, Marcel, “Face à la meute”, Revue socialiste pour l’indépendance du Québec et la libération prolétarienne nationale des Canadiens français, Montréal, hiver 1959-1960. et BARBEAU, Marcel, “L’exilé Borduas: Une victime du conservatisme”, Revue socialiste pour l’indépendance du Québec et la libération prolétarienne nationale des Canadiens français, Montréal, Montréal, été 1960.
127: “Courrier des arts : plasticiens et automatistes”. La Presse, Montréal, vendredi 10 mars 1961, p. 35.
128: Entrevue téléphonique avec Francine Gauthier et Paul Vézina, septembre 1994.
129: Deux photographies, fonds d’archives photographiques de l’artiste. Cf. Note 102.
130: Cf. note 128.
131: Cf. note 4.
132: Entretien avec Jacques Lasnier, août 1995 à l’occasion d’une séance de photographie des œuvres de Marcel Barbeau de sa collection, provenant de la collection de son frère Yves Lasnier ; Archives du MBAM, dossiers des expositions de la Galerie de l’Étable.
134: Correspondance de Marcel Barbeau avec Michèle Côté-Lortie, Fonds d’archives personnelles de Michèle Côté-Lortie.
135: Correspondance de Marcel Barbeau avec Michèle Côté-Lortie, Fonds d’archives personnelles de Michèle Côté-Lortie.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1960
Il réalise la plupart des peintures biomorphiques de la suite de 1959 à 1961 et ses premières peintures minimales de 1961 à 1962. Un système de poulies, qu’il installe au plafond, lui permet de suspendre ses toiles afin de dégager l’espace de travail au plancher et au mur durant le temps de séchage. (0) Il accélère ainsi considérablement son rythme de production. Parallèlement à sa production picturale, il poursuit son exploration du dessin passant de l’écriture cursive, à la calligraphie libre, à la ligne trait qui évoque la géométrie plane, à la ligne pointillée et à la rythmique de lignes répétitives. Certains dessins linéaires, inspirés du graphisme de l’écriture musicale ou de l’écriture cursive, annoncent les premières peintures cinétiques de 1964 et 1965.
À l’occasion du vernissage d’une exposition de groupe, Marcel Barbeau, invite la marchande d’art, Denyse Delrue, qui dirige alors la plus importante et la plus dynamique galerie d’art contemporain de Montréal, à visiter son atelier. Il vient alors de terminer sa série de grands tableaux noirs et blancs. À la suite de cette visite, Denyse Delrue décide d’organiser une exposition des peintures de Barbeau de 1957 à 1959, des œuvres qui n’ont pas encore été exposées.[1] Guy Viau, un ancien confrère de Barbeau, devenu critique d’art, visite également son atelier.[2] À la suite de cette visite, il écrit un article qui sera publié en octobre 1961 à la fois en anglais, dans le magazine torontois, The Canadian Architect, et en français, dans la revue Cité libre.[3] En décembre plusieurs de ses derniers tableaux de 1960, dont Tomac et Junon, figurent dans l’Exposition des Fêtes de la Galerie Denyse Delrue.[4]
1961
Denyse Delrue présente du 13 au 25 mars une première exposition des peintures de Marcel Barbeau à sa galerie, située au 2080 de la rue Crescent à Montréal.[5] L’exposition est largement couverte par la presse francophone et anglophone de Montréal. Quelques collectionneurs influents acquièrent ses œuvres. Denyse Delrue introduit Barbeau au critique d’art français Charles Delloye, qui séjourne alors à Montréal pour y organiser la participation canadienne au Festival des Deux Mondes de Spoleto en Italie.[6] Le critique achète Ouvri Dalida Doni Dosa pour sa collection personnelle. Avec la complicité de Charles Delloye, Denyse Delrue convainc le directeur du Musée des beaux-arts de Montréal, Evan H. Turner, de présenter une exposition des grandes peintures noir et blanc de Barbeau à la Galerie XII du musée.[7] Au cours de l’été, Barbeau visite à nouveau son ami Pierre-Paul Riou et il peint au Bic. Charles Delloye lui rend visite dans le Bas du Fleuve et Barbeau l’introduit à ses amis artistes et collectionneurs de la région.[8]
Au cours de l’année 1961, Barbeau poursuit de façon accélérée son évolution dans le sens d’une épuration proche du formaliste. Sa palette se réduit toujours au noir et au blanc. Monc-fac-pic est sélectionné pour figurer dans la Quatrième Biennale canadienne de peinture, organisée sous l’égide de l’Académie Royale du Canada et du Musée des beaux-arts du Canada.[9]
1962
En janvier, la Galerie Denyse Delrue expose à nouveau Ouvri Dalida Doni Dosa dans le cadre de l’exposition La collection d’œuvres canadiennes de Charles Delloye. Au cours de l’hiver, Barbeau tient une exposition au Théâtre de l’Estérel à Sainte-Marguerite, un centre de villégiature des Laurentides. Le 13 mars, Barbeau obtient une bourse du Conseil des arts du Canada dans le cadre d’un projet de séjour à Paris et de stage à l’atelier Hayter. [1] Du 30 mars au 15 avril, le Musée des beaux-arts de Montréal présente à la Galerie XII une exposition de peintures de Marcel Barbeau et de sculptures du Torontois, Gerald Gladstone. Barbeau y expose cinq peintures de très grand format de 1959 et 1960. [2] L’exposition suit de quelques semaines la grande rétrospective Borduas, présentée au musée, exposition qui entraîne alors un renouveau d’intérêt pour le mouvement automatiste dans le public québécois. En même temps, il expose chez Denyse Delrue des œuvres plus récentes auxquelles sont associées des peintures à la douille de 1957 et ses trois premières grandes peintures très épurées de 1959. [3]
Départ pour Paris en mai sur le paquebot l’Homéric. Barbeau projette d’y séjourner au moins quelques mois. Il passe quelques jours à Paris, à la Maison du Canada de la Cité universitaire, puis il s’installe dans une grande chambre au 10 rue Guérard, à Fontenay-aux-roses, chez le sculpteur Philippe Scrive et son épouse Françoise, des amis de Pauline Julien, sur la recommandation de cette dernière. [4] Il y résidera pendant près d’un an. Il s’adapte difficilement à la société française. Cependant, le premier juin, il commande de grandes toiles et recommence à peindre. [5] Il fréquente des confrères québécois, Jean-Paul Riopelle, Fernand Leduc et Marcelle Ferron, déjà installés depuis plusieurs années à Paris, Rita Letendre et Ulysse Comtois, qui, en route pour Spoleto, tentent comme lui de prolonger leur séjour en Europe.
À la fin juin, s’ouvre le Festival des Deux Mondes de Spoleto en Italie auquel Barbeau participe dans le cadre d’une exposition d’art canadien avec trois envois, Natashkouan, Ouvri Dalida Doni Dosa et Tomac. À la mi-juillet, il se rend en Italie en compagnie du peintre Fernand Leduc et de leur ami Michel Lortie, fils des collectionneurs, montréalais Gérard et Gisèle Lortie, qui possèdent déjà plusieurs de ses œuvres. [6] Charles Delloye, le conservateur de l’exposition, l’introduit à plusieurs personnalités de la scène artistique italienne dont le sculpteur Ettore Colla, le critique d’art Ceasare Vivaldi et la fille du peintre Severini, dont il visite la collection. [7] Il y rencontre aussi des participants de différents pays dont les sculpteurs israéliens, Chamail Aber, un ami de Charles Delloye, et Kosso Eloul, qui deviendra le compagnon de la peintre canadienne Rita Letendre. Il assiste à divers spectacles dont celui de la troupe de danse Nikolaï New Theater of Motion, dont le merveilleux le séduit. De retour à Paris, il peint durant tout le mois d’août. Il fréquente Chamail Aber et ses confrères canadiens qui vivent à Paris.
À la mi-septembre sur la recommandation de Charles Delloye, Barbeau décide, de prolonger son séjour d’un an et demi ou deux ans. [8] Au cours de l’automne, Barbeau se rend à l’atelier Hayter en vue de s’initier aux techniques de l’estampe, comme le prévoit son projet de séjour en France, présenté au Conseil des arts du Canada. Rapidement déçu par l’atelier et par une discipline qui ne correspond nullement à son approche intuitive de l’art, il abandonne son stage après quelques semaines, pour se consacrer à la peinture. Ses recherches évoluent rapidement d’une épuration minimaliste à une recherche rythmique, en continuité avec sa production picturale de 1959-60. Il s’intéresse au jeu des contrastes de couleurs pures et tente de provoquer l’hallucination par le biais d’illusions cinétiques, comme en témoigne une lettre aux Lortie, datée du 25 octobre. [9] Il visite la Galerie Iris Clert et s’y découvre des affinités en raison de “son caractère dada”. Charles Delloye l’introduit à la marchande qui l’accepte parmi les artistes de sa galerie. [10] Avec la marchande, il élabore un projet d’exposition solo pour l’année suivante.
À Montréal, il figure dans l’exposition Noir et blanc de la Galerie XII du Musée des beaux-arts de Montréal. [11] En octobre, la Maison du Canada à la Cité universitaire lui achète Duègue-Altoc, un des tableaux exposés au Musée des beaux-arts de Montréal. [12] Le tableau est accroché dans le Salon Wilson, utilisé comme salle de concert et de réception. Dans une lettre au Secrétariat de la province, Robert Élie, Délégué du Québec à Paris, recommande au Secrétariat du Québec l’acquisition d’une œuvre de Barbeau pour la collection de la Délégation du Québec à Paris. [13] Cette dernière proposition demeure cependant lettre morte.
1963
En janvier Barbeau participe à une première exposition de groupe à la Galerie Iris Clert.[23] Barbeau y rencontre quelques-uns des artistes qu’elle représente notamment, Lucio Fontana, Pol Bury, Leon Golub et Jean Tinguely.[24]
Barbeau poursuit en peinture les recherches sur la couleur et le rythme, amorcées l’automne précédent. Début mars, il se rend à Rome en compagnie de Charles Delloye et de Marcelle Ferron pour assister au vernissage de l’exposition Cinq peintres québécois, qui regroupe les membres du groupe des Automatistes à la Galerie Pogliani.[25] Cette exposition, présentée à la suite de démarches de Charles Delloye, se prolonge jusqu’en avril. À son retour, Barbeau connaît de sérieuses difficultés financières. En mars, il quitte Fontenay-aux-roses pour Paris, où il loge au City Hôtel, 29 Place Dauphine, dans l’Île de la Cité. Vers la fin mars, Barbeau visite l’exposition Vasarely au Musée des arts décoratifs (Paris).[26] Cette visite confirme son nouvel intérêt pour l’illusion d’optique et cinétique. En avril, il participe au Salon d’avril : l’an 2104 à la Galerie Iris Clert.[27]
Barbeau retourne au Canada à la mi-avril pour le vernissage de son exposition avec Claude Tousignant à la Dorothy Cameron Gallery de Toronto, du 13 au 30 avril, et de son exposition solo à la Galerie Denyse Delrue, à Montréal du 29 avril au 12 mai.[28] Il passe l’été dans la région de Rimouski chez son ami le peintre Pierre-Paul Riou qui lui prête un petit chalet à Pointe au Père.[29] Fasciné par les recherches d’art cinétique de Vasarely, Barbeau intensifie ses propres explorations de l’univers cinétique. Il reprend les expériences de répétition de lignes parallèles ondulantes et de mouvements qu’il avait amorcées dans quelques-uns de ses dessins de 1957. Au cours de l’été, il peint douze tableaux de quarante figures et deux quadriptyques. Parallèlement, il réalise une nouvelle série de sept reliefs composés de clous plantés inégalement dans des panneaux de planches de bois vieilli. Il connaît à nouveau des difficultés financières, manquant même de matériel pour peindre.[30] Brisé par un échec amoureux et ne percevant aucune issue à ses problèmes financiers, Barbeau quitte le Bas-Saint-Laurent pour Montréal. Il interrompt pour quelques mois sa production artistique en proie à un état dépressif.
En septembre, Barbeau tient une exposition solo chez Dorothy Cameron. Au cours de l’automne 1963, plusieurs de ses œuvres figurent aussi dans une exposition d’artistes de la galerie dans laquelle Dorothy Cameron se plaît à confronter les artistes de Montréal et de Toronto.[31]
Malgré ses problèmes financiers, Barbeau retourne en Europe à la fin septembre. Il se rend d’abord à Lausanne, tentant vainement d’y retrouver la femme aimée. Puis, il revient à Paris, où il vit d’abord à l’Hôtel Henri IV, puis au City Hôtel dans l’Île de la Cité, à la recherche d’un logement susceptible de lui servir également d’atelier. Il s’installe en octobre à Paris, dans une grande chambre d’un appartement situé au 47 rue de Bougainvillier dans le 16e arrondissement.[32]
En octobre à la suggestion de Charles Delloye, Gérard Lortie ainsi que Madeleine Gagnon achètent chacun un tableau de Barbeau, à la Galerie Iris Clert à l’occasion de leur passage à Paris. Ces achats de mécènes québécois confortent la galeriste dans son projet d’exposition et apportent une solution temporaire aux difficultés financières du peintre.[33] Barbeau se remet au travail dans la perspective de sa prochaine exposition solo à la Galerie Iris Clert. Il amorce alors une période de recherche et de production intensive, dont témoigne une lettre de Charles Delloye aux Lortie.[34]
Parallèlement à sa production artistique, Barbeau assiste comme auditeur libre à quelques cours à la Sorbonne. Sa curiosité s’étend à l’ethnologie, à la littérature et à la physique. Plus prosaïquement, il s’inscrit à des cours de perfectionnement en grammaire française, cours qu’il abandonne rapidement après avoir constaté qu’ils s’adressent à des non francophones.[35]
À Montréal, Denyse Delrue ferme sa galerie pour diriger la Galerie du Siècle, une nouvelle galerie, propriété du financier et mécène montréalais, Aubert Brillant. Le vernissage inaugural a lieu le 21 octobre. Une peinture de Barbeau est vendue lors du vernissage. Barbeau obtient de la Galerie du Siècle une garantie de revenu minimum en échange d’un contrat d’exclusivité pour le Canada.[36]
Début décembre, Barbeau déménage dans une très grande chambre, située en face de l’appartement précédent, au 50 de la rue de Bougainvillier.[37] Il y logera jusqu’à la fin de ce premier séjour en France. En quête de lumière et de soleil, il se rend pour Noël à Courchevel où il loge dans une auberge de jeunesse. Puis, il descend sur la Côte d’Azur pour les fêtes de fin d’année.[38]
1964
En janvier, il obtient le premier prix de la Cinquième Biennale canadienne de peinture. Le Dr Willem Sandberg, alors directeur du Stedelijck Museum d’Amsterdam, préside le jury. Samuel et Ayola Zack, les mécènes torontois qui financent ce prix, achètent le tableau primé et l’offrent au Stedelijck Museum. L’artiste torontois Moshel Teitelbaum, également lauréat de ce prix, consacre sa bourse à l’acquisition d’une peinture de Barbeau, ce dont ce dernier ne sera informé que quelque quarante ans plus tard.[39] Les deux mille dollars du prix, auxquels s’ajoutent les quelque trois cent cinquante dollars de l’achat de son confrère torontois, assurent à Barbeau la sécurité financière nécessaire à la préparation de son exposition chez Iris Clert. Aussitôt, il amorce une nouvelle production de trente-six tableaux.[40]
Du 18 mars au 15 avril, Iris Clert présente sous le titre L’an 3000: le règne de la IVe dimension une exposition solo des peintures de Barbeau de 1961 à 1963. L’artiste italien Lucio Fontana et le critique d’art Charles Delloye signent chacun un bref texte d’introduction à l’exposition dans Iris-Time, bulletin d’information publié par la galerie.[41] Le Stedelijck Museum d’Amsterdam acquiert un second tableau, une des œuvres de l’exposition. Les revues d’art, Vie des arts (Montréal) et Art et Architecture (Paris) publient chacune sous la signature de Charles Delloye deux longs articles sur son œuvre.[42] Barbeau expose à la Galerie Denyse Delrue, du 31 mars au 12 avril.[43] Sa visite de l’exposition Nouvelles tendances au Musée des arts décoratifs confirme l’intérêt de Barbeau pour les recherches sur les images virtuelles et sur le cinétisme.[44]
Comme ses expositions génèrent peu de ventes, Barbeau continu à essuyer des ennuis financiers. Ne pouvant prolonger son séjour en France dans des conditions aussi précaires, Barbeau décide de rentrer en Amérique. En mai, prévoyant son départ prochain, il traverse la France en moto en compagnie d’une amie de Rimouski. Il visite Marcelle Ferron à Cagnes, puis il se rend en Espagne.[45] Le 3 juin, Barbeau s’embarque sur le paquebot l’Arcadia vers Montréal, avec le projet de s’établir à New York à l’automne.[46]
Du 11 au 23 juin, Barbeau participe à la Biennale flottante à bord de la Bella Laura ancrée à Salute (Venise).[47] Cette manifestation, organisée par Iris Clert en marge de la Biennale, regroupe vingt artistes de la galerie. Une œuvre de chaque participant est acquise par l’armateur grec, propriétaire du bateau.
Barbeau passe l’été au Bic, dans la région du Bas du Fleuve. Il loge et peint dans deux petits chalets appartenant à son ami Pierre-Paul Riou, qui accepte à nouveau des tableaux en paiement du loyer. Il y poursuit ses recherches cinétiques et y peint quelques petits tableaux et quelques-uns de grands formats, dont un tableau intitulé, Bic.[48]
Barbeau quitte le Québec pour New York le 30 août. Il s’installe d’abord au 250 West de la 88 th Street. Puis, il loue comme atelier, un “loft”, situé au numéro 7E du 416, Broadway, à l’intersection de Canal Street et de Broadway.[49] Il y poursuit, avec plus de maîtrise et de rigueur, les recherches d’art cinétique, amorcées à Paris. Il fréquente le sculpteur canadien Robert Murray. Par son intermédiaire et par celle de son ami Charles Delloye, il fait la connaissance de Barnett Newman avec lequel il développe des relations amicales et qui visite son atelier. Il visite l’exposition de Pol Bury chez Lefebvre et celle de Murray Louis, chez Emmerich. Il s’attarde à l’exposition Bonnard au MOMA.[50]
Il visite la Camino Gallery. Il y fait la connaissance de Margot Sylvestre, une compatriote qui dirige cette galerie d’art coopérative. Elle l’introduit à son ami, Bruno Palmer-Poroner, critique d’art au Village Voice et directeur d’une nouvelle galerie, la East Hampton Gallery.[51] Ce dernier s’intéresse au travail de Barbeau et accepte de le représenter. Barbeau participe à l’exposition Color Dynamism, Then and Now à la Galerie East Hampton du 22 décembre au 9 janvier. Parmi les exposants figurent Hannes Beckman, Richard Anuszkiewicz, Ben Cunningham et le peintre canadien, Guido Molinari.[52]
1965
En janvier, la Galerie East Hampton expose en solo les premières peintures optiques de Barbeau. Cette galerie le représentera jusqu’à sa fermeture en 1970. L’exposition reçoit des commentaires positifs dans Art News et dans Art Magazine. Alfred Barr, directeur du MOMA visite l’exposition et l’apprécie. Rétine Hilarante est acquise par le New Brunswick Museum, RRRRRR, par Rose Art Museum de Brandeis University et Park Avenue, par Walter Chrysler Museum.[53]
À Montréal, le comité féminin du Musée des beaux-arts inclut une petite peinture de Barbeau, Le Vicaire, dans sa Huitième exposition annuelle et vente d’œuvres canadiennes. L’exposition a lieu au musée du 13 au 21 janvier.[54] C’est la première et la seule participation de Barbeau à cet évènement.
Au cours de l’hiver, il rencontre Selma Brody, une sculptrice et poétesse anglo-canadienne avec laquelle il se lie d’amitié.[55] Il fait également la connaissance de la photographe américaine Jacqueline Paul, qui enseigne à l’Université de New York. Elle réalisera quelques portraits de l’artiste avec son tableau Goldfinger.[56]
À la Galerie East Hampton, il fait la connaissance d’Yvonne Thomas, une artiste franco-américaine qui a connu Borduas dans les années cinquante. Il noue avec elle des relations amicales qui se prolongeront jusqu’à la fin des années quatre-vingt.[57] Amie de Clement Greenberg, de Willem et Elaine de Kooning et de nombreux artistes, critiques et amateurs d’art new-yorkais, Yvonne Thomas guide Barbeau sur la scène artistique new-yorkaise.
Barbeau poursuit aussi sa carrière au Canada. Du 4 au 20 février, il expose en duo avec Jacques Hurtubise à la Galerie Jerrold Morris (Toronto). Cette exposition est organisée par la Galerie du Siècle.[58]
À la suite de son exposition à la East Hampton Gallery, il s’associe au mouvement “op art” new-yorkais et il figure dans plusieurs expositions du mouvement d’art cinétique à travers les États-Unis[59], notamment The Deceived Eye, Fort Worth Art Centre, Fort Worth Texas; OP from Montreal, Robert Hull Flemming Museum, Vermont University, Burlington Penthouse Show, Museum of Modern Art, New York; Op Art, Foley’s Gallery, Houston, Texas; Purity and Vision, Southampton College, New York; Spring Show, Walter Chrysler Museum, Princeton, Mass.; The National Arts and Antic Show au Madison Square Garden de New York; 1+1=3: Retinal Perception, University Texas, Austin, avril; Op Art, Riverside Museum, New York; August Op Festival, à la East Hampton Gallery, à Long Island. Il rédige parfois pour le catalogue de courts témoignages sur son approche du cinétisme. Il lui arrive aussi de participer à des tables rondes ou de présenter des exposés sur sa démarche à l’occasion de ces expositions. Ses œuvres sont fréquemment reproduites dans les catalogues et sur les cartons d’invitation de ces expositions.
Au cours du printemps, Barbeau rencontre à New York Golub et Tinguely, qui, comme lui, sont représentés par Iris Clert à Paris.[60] À Paris, il participe avec des œuvres de sa production new-yorkaise au Micro Salon et à l’exposition Les néo-individualistes de la Galerie Iris Clert[61] À Montréal, Mion-Mion, une peinture cinétique du début de sa production new-yorkaise, est exposée au Salon du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal.[62] En mars, il participe à l’exposition Young Canadian Painters au centre culturel O’Keefe de Toronto et à l’exposition Op Art au Hart House de l’University of Toronto. Barbeau participe aussi à la Biennale canadienne de peinture au Musée des beaux-arts du Canada. Le Musée des beaux-arts du Canada achète une de ses peintures cinétiques, Bas du fleuve.[63] Il entre aussi dans la collection d’un collectionneur new-yorkais, Richard Brown Baker. The University of Massachusetts à Amherst acquiert une de ses peintures cinétiques.[64]
Pendant l’été, Barbeau participe au Séminaire international d’art de l’université Fairleigh-Dickenson dans le New Jersey où il réalise seize peintures de grand format. Il se lie d’amitié avec d’autres artistes participants au séminaire, Jean-Pierre Yvaral et Horacio Garcia-Rossi, membres du G.R.A.V. (Groupe de recherche en arts visuels) de Paris, l’américain Francis Celentino et avec le peintre polonais Voy (Wosheck) Fangor.[65] Il y rencontre également une artiste amateur, Mary Pier qui sera sa compagne jusqu’en août 1968. Sa prédilection pour une palette dominée par les couleurs primaires et secondaires et par le jeu des complémentaires se confirme. À la suite de ce séminaire, il participe à de nombreuses expositions : A Group Exhibit of International Artist ; Optical Art Symposium, Art Gallery, Fairleigh-Dickenson University, Florham-Madison, New Jersey, du 31 juillet au 31 août; International Artists’Seminar, Empire State Building; Selection of Optical Art from the International Artists’Seminar at Fairleigh-Dickenson University, Art Gallery, Douglas College at Rutgers, the State University, New Brunswick, New Jersey (novembre et décembre). Le directeur du Musée d’Oberlin, dans l’Ohio, remarque ses œuvres et les sélectionne pour l’exposition Op Art, une exposition itinérante, présentée dans plusieurs musées et galeries universitaires de l’Ouest et du Centre Ouest américains.
À Montréal, du 15 juillet au 15 août, le Musée des beaux-arts expose une de ses œuvres dans le cadre de l’exposition Two Views of Canadian Artists : Their Works and Gaby’s Photographs.[66] Parallèlement, aux œuvres des artistes québécois de la collection de ce fameux photographe, le musée expose des portraits de ces artistes réalisés par ce dernier.
À la fin septembre, Barbeau s’installe dans un atelier d’artiste avec verrière zénithale, situé au 41 de la place Union Square.[67] Avec Mary Pier, il emménage dans l’appartement 21, du 60 de Riverside Drive. Du 18 au 31 octobre, il expose à la Galerie du Siècle à Montréal. Du 9 au 27 novembre, il tient une seconde exposition solo à la East Hampton Gallery à New York. En novembre, le tableau Rétine RRRRRRR! est acheté par un collectionneur new-yorkais qui l’offre au Rose Art Museum de l’University Brandeis.[68] En décembre, cette peinture est incluse dans l’exposition Selection from the Permanent Collection, Rose Art Museum, Brandeis University, Waltham, Massachusetts.
1966
L’effet de moiré de ses peintures cinétiques devient plus complexe, un jeu de plans croisés se superposant au mouvement linéaire. Le 23 février, il obtient du gouvernement du Québec une bourse de travail libre de 4 000 $ (18 234,608 FF (1966) soit 18 975.115€) pour poursuivre cette recherche.[69] En mars, il doit faire face à une menace d’expulsion du ministère américain de l’Immigration qui lui reproche d’avoir vendu des tableaux, de vivre maritalement avec Mary Pier et de fréquenter Jacqueline Paul, «une Noire proche des mouvements gauchistes afro-américains».[70] Après quelques mois, il obtient toutefois, une carte de résident permanent américain. Ces difficultés et une chute en mai, qui provoque la fracture de son poignet droit, interrompent temporairement sa production. L’accident ne lui laissera aucune séquelle. Il doit cependant engager une assistante qui, durant tout le mois de juin, l’aide à préparer son exposition à la Galerie East Hampton. L’exposition a lieu tel que prévu du 2 au 8 juillet à la succursale de la Galerie East Hampton, situé au 52 de Main Street à East Hampton, Long Island.[71] Du 15 mai au 3 septembre, Rose art Museum de Bandeis University à Waltham au Massachusetts expose à nouveau Rétine RRRRRRR, dans le cadre d’une exposition d’œuvres de sa collection. Du 19 mai au 3 juin, la peinture Le Chevalier et la Rose est exposée à la Galerie de l’Étable du Musée des beaux-arts de Montréal dans le cadre de l’exposition Artistes de Montréal.[72]
Au cours de l’été, Barbeau visite fréquemment Long Island et il séjourne dans la propriété de Mary Pier à Short Hill, au New Jersey. Puis il voyage avec elle en Gaspésie.[73]
Ses peintures s’épurent à nouveau dans sa nouvelle série de peintures color field, hard edge (champs colorés strictement délimités). Délaissant la ligne pour le plan, Barbeau ne retient du mouvement optique que la tension créée par le jeu des plans de couleurs contrastantes, généralement des complémentaires. Il réintroduit dans cette série, les nuances claires et les nuances sombres, qu’il avait complètement éliminées de sa palette depuis le milieu des années cinquante.
Au cours de cette année, Barbeau participe à plusieurs expositions à travers les Etats-Unis.[74] Color Motion, Fine Art Foundation of Connecticut, Hartford, Connecticut (février-mars);Optic 66, Argus Gallery, Madison, New Jersey, 1966; Emphasis Optic, University of Massachusetts, Amherst, New Jersey; An exhibition of Retinal and Perceptual Art, University Art Museum, University of Texas, Austin, Texas; Whence Op, Heckscher Museum Huntington, New York; International Exhibition, International Hilton Hotel, Cambridge, New Jersey. Ses œuvres figurent également dans plusieurs expositions au Canada: The Selective Eye, Art Gallery of Ontario, Toronto; Vingt ans d’art affranchi, Musée du Québec, Québec; Montréal collectionne : Dernière décennie, Musée des beaux-arts de Montréal du 1 au 18 décembre. Sélectionné par Robert Ayre, critique d’art au Montréal Star, il participe à l’exposition Canadian Critic’s Choice Visual Arts 66, exposition au Centre Fairview de Pointe-Claire à l’occasion de l’ouverture de ce centre commercial.[75] En octobre, W. Seitz, directeur du Rose Art Museum, l’informe dans une lettre que RRRRRRR est inclus à nouveau dans une exposition des œuvres de la collection.[76]
1967
Barbeau se rend à Montréal pour le vernissage de son exposition à la Galerie du Siècle le 6 février. Il y expose ses derniers tableaux optiques qui n’ont pas encore été présentés au public montréalais. Il participe également à l’exposition du concours artistique du Québec au Musée du Québec.[77] En mai, une de ses œuvres, Régate, illustre le carton de l’exposition Optical Illusion and Color Motion, Albright College Library and Art Gallery, Reading, Pennsylvanie ; une autre, illustre l’affiche de l’exposition d’œuvres d’art du Pavillon canadien à l’exposition universelle de Montréal, Terre des hommes. Ses œuvres sont de toutes les expositions organisées dans le cadre des fêtes du centenaire de la Confédération canadienne et de l’exposition universelle Terre des hommes : Centennial Exhibition : Quebec and Ontario Painters, exposition itinérante organisée par l’Ontario Art Council; Panorama de la peinture canadienne de 1940 à 1966, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal (été); Canadian Art, Pavillon Canadien, Expo 67, Terre des Hommes, Montréal, été 1967; Quebec-Ontario Centennial Exhibition; exposition itinérante organisée par Kitchener-Waterloo Art Gallery et présentée dans plusieurs musées ontariens. Il participe également à l’exposition Nine Canadians, organisée par le Contemporary Art Institute de Boston. Il se rend à Boston pour le vernissage. À Montréal le 7 novembre, l’exposition rétrospective, Espace Dynamique 1956–1967, s’ouvre à la Galerie du Siècle. Elle regroupe des peintures cinétiques de 1965 et 1966 de Barbeau et des peintures de différentes périodes de Goguen, Molinari, Perciballi et Tousignant.
Au cours de l’hiver, Barbeau entreprend la série des Shape canvas, des tableaux de format hors norme aux contours irréguliers. Il y tente une synthèse entre la peinture et la sculpture, qu’il a abandonnée depuis 1957. Malgré une simplification formelle, qui le rapproche des minimalistes, le mouvement virtuel et l’illusion cinétique demeurent des composantes essentielles de sa recherche.
En juillet, il obtient une bourse de voyage du Conseil des arts du Canada pour participer au séminaire de peintures d’Emma Lake en Saskatchewan. Il y réalise deux Shape canvas de très grand format, œuvres dont la coloration sera modifiée en 1969. Il y fait la connaissance de Franck Stella et de sa compagne, l’historienne de l’art Barbara Rose, qui sont les invités du séminaire[78]. Il y rencontre également le peintre torontois Jerry Sandenberger, avec lequel il se lie d’amitié.[79] En novembre, Barbeau expose pour la dernière fois à l’East Hampton Gallery.
1968
Jerry Sandenberger introduit Barbeau auprès de son marchand torontois Carmen Lamanna et suggère à ce dernier de le représenter.[80] À la suite de cette intervention en sa faveur, Barbeau se rend à Toronto. Il amorce une nouvelle relation d’affaires avec la galerie d’avant-garde torontoise. Carmen Lamanna le représentera jusqu’en 1973.[81]
À titre d’ancien boursier, Barbeau est invité à participer au jury du concours annuel du Conseil des arts au printemps 1968. À cette occasion, il parcourt le Canada. Il rencontre ainsi plusieurs confrères et universitaires anglo-canadiens ainsi que les responsables de la plupart des institutions culturelles canadiennes.[82]
À la mi-avril, Barbeau se rend à Montréal pour son exposition annuelle à la Galerie du Siècle. Plusieurs collections publiques canadiennes acquièrent ses œuvres récentes notamment, le nouveau Musée d’art contemporain de Montréal, l’Art Gallery of Ontario et le Conseil des arts du Canada.[83] Il participe à de nombreuses expositions de groupe : Seven Canadian, présentée à l’Hayden Gallery du Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Massachusetts et à la Washington Gallery of Modern Art, à Washington, D. C.; Four Quebec artists, du French Festival de Darmouth, présentée au Southern Massachussetts Technological Institute; Canada 101, Edinburgh International Festival; Canada Council Collection, une exposition itinérante pancanadienne, organisée par le Musée des beaux-arts du Canada.
À l’annonce de la fermeture imminente de la Galerie du Siècle, qui soutenait sa carrière depuis 1964, Barbeau doit trouver une nouvelle source de financement et un nouveau lieu de diffusion. À la recherche d’un poste de professeur, il propose sa candidature à des écoles d’art, des universités et des collèges canadiens, demandes qui sont toutes refusées.[84] À la suggestion de Francis Celentino, la direction du School of Art de l’université de Washington l’invite à présenter une demande d’emploi à titre de visiting artist et le convoque à Seattle pour une entrevue au printemps 1968. Il s’y rend en juin, mais la direction, plutôt conservatrice, préfère engager un peintre figuratif. Entre 1967 et 1978, il tentera en vain d’obtenir un poste de professeur ou d’artiste résident, approchant différentes institutions d’enseignement au Canada et aux États-Unis.
À la mi-août, Barbeau se rend au Québec pour participer à un Séminaire sur l’art et la technologie, organisé par la Société des artistes professionnels du Québec. La rencontre a lieu au domaine de l’Estérel à Sainte-Adèle.[85] À la recherche d’un marchand de tableaux, il signe un contrat d’exclusivité avec la Nouvelle Galerie de Denyse Delrue, qui lui assure un revenu minimum. Son ouverture est prévue pour septembre.[86] Dans le cadre d’une entrevue, il rencontre Ninon Gauthier, une étudiante en sociologie qui deviendra sa compagne. À son retour à New York à la mi-août, il quitte Mary Pier et abandonne son atelier du 41 Union Square.
Il retourne à Montréal au début septembre. Il y retrouve Ninon Gauthier et s’installe avec elle dans un grand atelier situé au 204, rue du Saint-Sacrement, où il occupait déjà un petit local pour l’entreposage de ses tableaux. En vue de son exposition à la Galerie Carmen Lamanna, prévue pour la mi-octobre, Barbeau complète une série de tableaux minimalistes modulaires adoptant la forme de la lettre L. Ces peintures s’inscrivent en continuité avec la suite des Shape canvas en noir et blanc du début de 1968. Tous ces L shapes ou Elles shapes sont peints uniformément en gris anthracite. L’épaisseur souligne la volumétrie de ces derniers shapes canvas, ce qui leur confère un aspect sculptural. Parallèlement aux L shapes, Barbeau réalise quelques tableaux carrés de petit format, dans lesquels il reprend en couleurs vives complémentaires, rouge et vert, violet et jaune, la figure de la lettre L.
La réalisation des L shapes incite Barbeau à renouer avec la sculpture. Il amorce alors une réflexion sur des projets de sculptures modulaires démontables. À la recherche d’un matériau qui allie souplesse d’utilisation, légèreté, économie et permanence, Barbeau fréquente le département de la plomberie des commerces de matériaux de construction. Il est fasciné par les tubes de chlorure de polyvinyle et se propose de les utiliser pour ses prochaines sculptures. Il prépare quelques croquis à cette fin.
Fin septembre, Barbeau participe à l’exposition d’ouverture de la Nouvelle Galerie Denyse Delrue. En octobre, Barbeau se rend à Toronto pour assister au vernissage de son exposition à la Galerie Carmen Lamanna. L’exposition Barbeau à la Carmen Lamanna Gallery obtient un succès d’estime, mais ne génère aucune vente.[87]Il rencontre des confrères ontariens dans les galeries et au bar The Palette, boîte de jazz où se rencontrent les peintres torontois. Au cours d’une visite de galerie, il fait la connaissance de Louise Nivelson au vernissage de l’exposition de cette dernière à la Galerie Dunkenman.
Le 7 novembre, le Dr Eckart, directeur de la Winnipeg Art Gallery lui propose la tenue d’une rétrospective de son œuvre pour le début de l’année 1969.[88] En compagnie de la conservatrice du musée, ce dernier visite en décembre le nouvel atelier de l’artiste à Montréal en vue de la préparation de cette exposition. Bernard Tesseydre, rencontré à l’occasion d’un séjour de ce dernier à Montréal, rédige la préface du catalogue.
1969
En janvier, Barbeau se rend à Winnipeg pour le vernissage de sa rétrospective. Le Musée d’art contemporain de Montréal reprend l’exposition en mars. Parallèlement à la présentation de sa rétrospective au Musée d’art contemporain, la Nouvelle Galerie Denyse Delrue expose ses L Shapes.[89] La rétrospective Barbeau se prolonge en juin à la galerie d’art de Scarborough College, dans la région de Toronto, à la suite à de démarches de Carmen Lamanna.[90]Au cours de l’été, Barbeau participe à Summer Art Exhibition, une exposition de groupe de Scarborough College, organisée par la Galerie Carmen Lamanna.[91] Il participe également à deux expositions de groupe : Form and Color, une exposition itinérante organisée par le Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa)[92] et, à Montréal, en juillet, à l’exposition Deux cents ans de peinture québécoise, présentée au Douglas Hall de l’université McGill.[93]
En septembre, il obtient une subvention du Conseil des arts du Canada qui lui permet de réaliser une suite de neuf sérigraphies et l’album de huit sérigraphies minimalistes, En marge.[94] En vue de sa participation à l’exposition Grand format au Musée d’art contemporain de Montréal, il reprend, en modifiant la couleur et le dessin, deux peintures réalisées à Emma Lake au cours de l’été 1968, Prum Prum Foula.
L’organisation et la présentation de sa rétrospective amènent Barbeau à s’interroger sur son évolution et sur son orientation. Le doute provoqué par la vision simultanée de son œuvre passée, les reproches de son ami le poète Claude Gauvreau, qui l’accuse d’avoir trahi la pensée automatiste par ses recherches formalistes et qui le défie de retrouver le souffle de sa série détruite au milieu des années quarante, le conduisent à un retour passager à la gestualité. Par défi, Barbeau produit alors une série de six peintures all over à la spatule.
[0]: Cf. note et entrevues avec Denyse Delrue (mars 1988 et décembre 1994).
[1] Cf. note 132.
[2] Conversation entre Guy Viau et Marcel Barbeau en avril 1971 à l’occasion du montage de l’exposition de ce dernier au Centre Culturel Canadien à Paris, que dirigeait alors Guy Viau.
[3] VIAU, Guy, “Marcel Barbeau ou le hasard conjuré”, Cité libre, vol. XII, Montréal, octobre 1961, p. 28-31. et VIAU, Guy, “Marcel Barbeau”, The Canadian Architect, vol 6, no 10, Toronto, octobre 1961, p. 71, 72 et 73 ; o. rep. On trouve dans le Fonds d’archives Guy Viau, des Archives du Québec, un dossier sur la rédaction et la publication de cet article avec différentes versions. Cote P 171/ 2 2B03 – 4202A : correspondance avec la revue The Canadian Architect à propos de cet article.
[4] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des Archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/5, Galerie Denyse Delrue.
[5] Cf. notes 4 et 132.
[6] Conversations entre Charles Delloye et Marcel Barbeau avril 1971 et 1991, à l’occasion de leurs retrouvailles.
[7] Cf. notes 4, 132 et 138.
[8] Cf. note 138.
[9] À cause de la fragilité de la toile, ce tableau sera rejeté par les responsables du service de restauration et de conservation du Musée et il ne sera pas exposé. Inscription derrière la toile et entretien avec Charles Delloye, à l’occasion d’une séance de photographie des tableaux de sa collection, hiver 1994.
[10] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2A/6, Conseil des arts du Canada.
[11] Archives du Musée des beaux-arts de Montréal, dossiers des expositions et dossier Marcel Barbeau. Cf. notes 4, 131 et 135.
[12] Cf. notes 132 et 136.
[13] Cf. note 4. Fonds d’archives Gérard et Gisèle Lortie, MACM, correspondance avec Marcel Barbeau. Dans un entretien téléphonique en septembre 2002, Philippe Scrives a précisé les dates et la durée de ce séjour.
[14] Fonds d’archives Gérard et Gisèle Lortie, correspondance de Marcel Barbeau et correspondance de l’artiste avec Michèle Côté-Lortie, fonds d’archives personnelles de Michèle Côté-Lortie et Fonds Marcel Barbeau, UQÀM, dossier 110P1a/11.
[15] Le récit du voyage en Italie s’appuie sur des témoignages de Marcel Barbeau, de Fernand Leduc (1991), de Charles Delloye (1991) et de Michel Lortie (1969) ainsi que sur la correspondance entre Gérard et Gisèle Lortie et Charles Delloye du Fonds d’archives Gérard et Gisèle du MACM ainsi que sur les documents du Fonds d’archives personnelles de Charles Delloye.
[16] Cf. note 145; Archives personnelles de Charles Delloye; témoignage de Marcel Barbeau et de Charles Delloye (1991).
[17] Cf. note 145 et témoignage de Marcel Barbeau et de Charles Delloye (1991)
[18] Cf. note 145. Fonds d’archives Gérard et Gisèle Lortie du MACM, dossier Marcel Barbeau.
[19] Cf. note 148 et conversation entre l’artiste et avec Charles en avril 1971 à l’occasion de leurs retrouvailles.
[20] Cf. ARCHIVES DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL, DOSSIERS DES EXPOSITIONS.
[21] Cf. note 145, dossier Charles Delloye et Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM. Dossier 110P2a/4.
[22] Cf. note 150.
[23] Iris Time, No 5, Galerie Iris Clert, Paris, 1er avril 1963. Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris et Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Montréal 110P2a/14, 110P8b/8b/ et 110P8b/8b/7. Selon l’artiste et selon un article publié dans un journal montréalais de l’époque, Barbeau aurait aussi participé à une exposition d’artistes de la Galerie Iris Clert à Gand, en Belgique, en mai 1964. Cependant, il a été impossible de retrouver la confirmation de la tenue de cette exposition et des détails sur le lieu et la date de cette exposition dans le Fonds d’archives Iris Clert du Centre de documentation du Musée national d’art moderne du Centre Pompidou à Paris. Le fait que d’autres projets, largement médiatisés par la galerie d’art d’avant-garde parisienne, aient avorté, laisse supposer qu’il a pu en être de même pour ce projet d’exposition au sujet duquel l’artiste n’avait été que vaguement informé.
[24] Cf. note 4 et 155.
[25] Cf. note 145, dossier Marcel Barbeau et archives personnelles de Charles Delloye.
[26] Nombreuses conversations avec Marcel Barbeau.
[27] Cf. 157.
[28] Cf. note 147, dossier Marcel Barbeau.
[29] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des Archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/5, Galerie Denyse Delrue.
[30] Cf. note 147, dossier de Marcel Barbeau, août 1963.
[31] Dossier Dorothy Cameron et Dossier Marcel Barbeau, Taylor Research Library and Archives, Art Gallery of Ontario.
[32] Cf. note 4 et note 147, dossier Marcel Barbeau.
[33] Cf. note 147, dossier Charles Delloye et dossier Marcel Barbeau, lettre de Marcel Barbeau du 5/12/1963. Aussi, archives personnelles de Charles Delloye, correspondance avec Gérard et Gisèle Lortie.
[34] Cf. note 147, dossier Charles Delloye et dossier Marcel Barbeau, lettre de Marcel Barbeau du 5/12/1963).Aussi, archives personnelles de Charles Delloye, correspondance avec Gérard et Gisèle Lortie.
[35] Correspondance avec Michèle Côté-Lortie, Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Montréal. (Dossier 110P1a/11) et archives personnelles de Michèle Côté-Lortie, lettres de Marcel Barbeau.
[36] Cf. note 4 et entrevue avec Denyse Delrue (avril 1988 et décembre 1994.
[37] Cf. note 147, dossier Charles Delloye.
[38] Cf. note 4 et 147, dossier Marcel Barbeau.
[39] Témoignage de Matthew Teitelbaum, fils de Moshel Teitelbaum, lors d’une rencontre à l’Art Gallery of Ontario le 24 mai 2002.
[40] Cf. note 147, dossier Marcel Barbeau.
[41] Iris Time, Paris, 18 mars 1964; Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, dossier Marcel Barbeau; Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/14, Galerie Iris Clert).
[42] DELLOYE, Charles, “Entretient avec Marcel Barbeau”, Vie des arts, Montréal, no 35, été 1964, pages 44 à 50; DELLOYE, Charles, DELLOYE, Charles, “Une peinture du déracinement: Marcel Barbeau”, Aujourd’hui Art et Architecture, no 45, Paris, avril 1964, pp. 36 et 37; o. rep
[43] Fonds d’archives Marcel Barbeau, UQÀM, dossier Galerie du Siècle, 110Pa/11.
[44] Cf. note 4.
[45] Cf. Archives photographiques de Marcel Barbeau, portrait de Marcel Barbeau avec Marcelle Ferron et sa fille Babou à Cagnes.
[46] Cf. note 147, dossier Marcel Barbeau, lettre de mai 1964.
[47] Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris et dossier des expositions et Fonds Marcel Barbeau, UQÀM (dossier 110P2a/14, Galerie Iris Clert).
[48] Cf. note 147, dossier Marcel Barbeau, Lettre de juillet 1964.
[49] Cf. note 147, dossier Marcel Barbeau, Lettre de septembre 1964.
[50] Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, dossier Correspondance, Marcel Barbeau.
[51] Cf. note 4 et entretiens avec Margot Sylvestre et Bruno Palmer-Poroner, octobre 1984.
[52] Cf. Fonds Marcel Barbeau , UQÀM, dossier 110P2a/10, East Hampton Gallery; fonds d’archives personnelles de Marcel Barbeau, Dossier de presse.
[53] Archives des collections du Rose Art Museum et du Walter Chrysler Museum.
[54] Archives du MBAM, dossiers des expositions et ventes du comité féminin du musée (1964).
[55] Cf. note 4 et entretien avec Selma Brody, juin 1969.
[56] Cf. note 4 et note 104; trois photographies, sous portrait d’atelier.
[57] Cf. note 4 et entretien avec Yvonne Thomas, avril 1969.
[58] Cf. note 4 et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier Galerie du Siècle dossiers 110P2a/11 et 110P2a/8.
[59] Cf. Fonds Marcel Barbeau , UQÀM, dossier 110P2a/10, East Hampton Gallery.
[60] Lettre de Barbeau à Iris Clert, 23 juin 1965, Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris.
[61] Fonds Iris Clert, Centre de documentation, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, dossier Marcel Barbeau, et Fonds Marcel Barbeau, UQÀM, dossier Iris Clert.
[62] Cf. note 8. Archives MBAM, dossiers des expositions.
[63] Fonds d’archives Marcel Barbeau, UQÀM, dossier Galerie du Siècle, et Archives des collections du MBAC, Ottawa.
[64] Cf. Fonds Marcel Barbeau , UQÀM, dossier 110P2a/10, East Hampton Gallery.
[65] Cf. note 4 et entretien avec W. Fengor (avril 1971), J.-P. Yvaral (septembre 1971) et H. Garcia-Rossi (mai 1994).
[66] Archives MBAM, dossiers des expositions.
[67] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/12, Gisèle et Gérard Lortie, septembre 1965.
[68] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/18, Rose Art Museum, Brandeis University.
[69] Cf. note 4 et Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/20.
[70] Cf. note 4 et Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P1b/5. Émigration aux États-Unis.
[71] Cf. note 4 et 200.
[72] Archives MBAM, dossiers des expositions.
[73] Cf. note 4.
[74] Les informations sur ces expositions sont référencées dans les catalogues de ces expositions, dans le dossier de presse et dans la bibliothèque personnelle de l’artiste ou dans la correspondance reliée à ces expositions, conservée dans le Fonds Marcel Barbeau de l’UQÀM.
[75] Cf. PAKOWSKI, Sandra, Robert Ayre: the critic and the collection, Concordia Art Gallery, Concordia University, Montréal, 1992. 59 p.
[76] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/18, Rose Art Museum, Brandeis University.208) et dossier Galerie du Siècle, 110Pa/11.
[77] Archives des expositions, Musée du Québec et Fonds d’archives Marcel Barbeau, UQÀM, dossier Galerie du Siècle, 110Pa/11.
[78] Cf. note 4 et conversation avec Barbara Rose, 7 décembre 2001.
[79] Conversation entre Jerry Sandberger et Marcel Barbeau(juin 1969.
[80] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, correspondance personnelle, Jerry Sandberger.
[81] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22.
[82] Cf. note 4; conversation entre Marcel Barbeau et Rodrigue Millette, juin 1973.
[83] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossiers 110P2a/24, 110P2a/19, 110P2a/12.
[84] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossiers 110P/25, 110pa/28. 110P2a/50.
[85] Fonds d’archives photographiques de l’artiste, une photographie de groupe et un portrait de l’artiste, réalisés par la photographe Karo dans le cadre de cet évènement.
[86] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/5, Galerie Denyse Delrue, et entretien avec Denyse Delrue, mars 1988 et janvier 1995.
[87] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22.
[88] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier The Winnipeg Art Gallery, dossier 110P2a/27 et catalogue de l’exposition. Aussi dossier de presse, coupures de presse relatives à la présentation de cette exposition à Winnipeg.
[89] THÉRIAULT, Normand, “Avec Barbeau les périodes ne comptent plus”, La Presse, Montréal, 22 mars 1969, p. 32; ill.; BALLANTYNE, Michael, “Barbeau, Molinari exhibitions’/More here than meets the eye”, The Montreal Star, Montréal, 29 mars 1969. “L comme elles pas comme LSD”, Photo-Journal, Montréal, 2-9 avril 1969, p. 42, ill. n/b. et Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/5, Galerie Denyse Delrue.
[90] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22.
[91] Cf. note 222.
[92] Form and Color, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 1969, catalogue; Deux cents ans de peinture québécoise, McGill University, Montréal, 1969, catalogue (feuillet).
[93] Fonds d’archives personnelles de l’artiste, dossier de presse.
[94] Cf. Note 142 et Service des archives, Conseil des arts du Canada.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1970
En janvier, Barbeau participe à l’exposition Grand format au Musée d’art contemporain de Montréal avec le tableau Prum Prum Foula. Le couple de collectionneurs, Gérard et Gisèle Lortie, l’achètent et l’offrent au Musée d’art contemporain de Montréal. Il peint un second grand tableau forme monochrome, bleu azur.[1] Il participe aussi à l’exposition Artists of the Gallery, exposition d’ouverture de la Galerie Whitney, située rue Mackay, à Montréal. En février, il y présente sous le titre Silk Screens la suite de sérigraphies En marge. Des gouaches et des collages de 1957 et de 1959 complètent l’exposition. À la suite de ces sérigraphies et de la série des Elles Shapes, il entreprend deux courtes séries de peintures où il utilise également des formes modulaires, Domino et Puzzle.
En avril, Barbeau et sa compagne quittent Montréal pour la Californie du Sud, où ils séjourneront pendant un an. Il passe un mois à Los Angeles puis, il s’installe à Carlsbad.[2]Parallèlement à des travaux alimentaires, Barbeau se consacre à la photographie et poursuit ses réflexions sur la sculpture.
Au cours de l’été, Rétine Django figure dans l’exposition Summer Art Exhibition à la Galerie d’art de Scarborough College, en banlieue de Toronto. Ses œuvres font également partie de deux expositions de la Galerie Carmen Lamanna de Toronto : soit en août, l’exposition Canadian Crossections, et en décembre, l’exposition de fin d’année.[3]
En septembre, grâce à une subvention du Conseil des arts du Canada, Peter Markgraff Publishing reproduit sous forme de reproduction de grand format, Rétine Virevoltante de la collection du MACM et Bas du fleuve du MBAC.[4] L’artiste ne reçoit aucune redevance.
1971
En janvier, Barbeau quitte Carlsbad. Après un bref voyage à San Francisco, il s’installe au 71, Panorama Road, à Palm Spring.[5] Alors qu’il prolonge son séjour en Californie du Sud, Barbeau reçoit en février une proposition d’exposition de son ancien confrère de l’École du Meuble, Guy Viau, devenu directeur du nouveau Centre culturel canadien à Paris. Ce dernier l’invite à exposer ses œuvres de 1959 à 1962, qui se trouvent déjà à Paris.[6] Charles Delloye est pressenti comme conservateur de l’exposition. Après quelques hésitations, car l’artiste préférerait exposer des œuvres plus récentes, Barbeau accepte le projet et la date de l’exposition de mai à juillet 1971. Quelques semaines plus tard, il apprend qu’une bourse du Conseil des arts lui permet de se rendre à Paris pour le vernissage. De retour d’un circuit d’expositions aux États-Unis, l’exposition itinérante Seven Montreal Painters est présentée au Musée d’art contemporain de Montréal en mars.
En avril, les Barbeau quittent Palm Spring pour Montréal et Paris. En chemin, ils s’arrêtent à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, où ils visitent l’atelier de gravure du Tamarind Institute. Barbeau présente l’album En marge à son directeur qui l’invite à revenir travailler à l’atelier à son retour d’Europe.[7]En traversant le New Jersey, Barbeau s’arrête à Madison pour saluer son ami le peintre Voy (Wojciech) Fangor. À Montréal, il découvre que son sous-locataire est parti sans payer le loyer, emportant les quelques meubles et appareils électriques qu’il lui avait prêtés et un grand tableau qu’il lui avait confié.[8] Après un séjour de deux semaines à Montréal, où il loge chez ses beaux-parents, il s’envole pour Paris à la mi-mai, avec le projet de revenir à Montréal au début juin.
Son fidèle ami, Charles Delloye, l’accueille à l’aéroport Charles de Gaule, insistant pour le recevoir à dîner le soir même. Le Centre culturel canadien de Paris présente du 27 mai au 10 juillet, l’exposition Marcel Barbeau : œuvres post-automatistes 1959-1963. À peine quelques jours après l’ouverture de l’exposition, on constate qu’un des tableaux, Tomac, a été lacéré par un vandale.[9] Durant l’exposition, Barbeau assiste au colloque de l’Association internationale des critiques d’art sur le thème Art, communication et technologie dont le Centre culturel canadien est l’hôte.
Après un séjour d’un mois à Paris, Barbeau décide de ne pas retourner en Californie et d’utiliser sa bourse pour séjourner en France pendant quelque temps. À cet effet, il présente une demande pour occuper l’atelier du Conseil des arts du Canada à la Cité internationale des arts.[10]
En juin, il se rend sur la Côte d’Azur et trouve un appartement à Saint-Raphaël où il décide de passer l’été. De juin à septembre, il y réalise des collages et des maquettes de sculptures polychromes dans lesquels il s’intéresse aux points de tension et aux jeux d’équilibres. Il achète une moto d’occasion, une petite Honda sur laquelle il parcourt l’arrière-pays les après-midi. Au cours de ces randonnées, il découvre l’atelier d’un ferronnier d’art d’Aguay, Gilbert Coutard. Ce dernier lui proposant amicalement de venir travailler dans son atelier, Barbeau décide de réaliser un de ses projets de sculpture. Au cours du mois de juillet, il réalise une première sculpture monumentale, d’une hauteur d’environ 6 mètres.[11] Elle s’effondre à cause de la faiblesse des soudures. Il la transforme en une installation de deux sculptures de format plus petit, d’une hauteur d’environ 180 centimètres.
L’obtention de l’atelier du Conseil des arts du Canada à la C.I.A. (Cité internationale des arts) de Paris, confirme Barbeau dans son projet de prolonger son séjour en France.[12] À la suggestion du Conseiller culturel Canadien à Paris, Jacques Asselin et à l’invitation de l’artiste, le Consul du Canada à Marseille, Monsieur Bussière visite son atelier de Saint-Raphaël et élabore avec lui un projet d’exposition itinérante de ses œuvres sur papier dans le Sud de la France.
En septembre, Barbeau retourne à Paris où il occupe l’atelier du conseil des arts du Canada à la Cité internationale des Arts. Il y poursuit ses projets de sculptures modulaires et réalise une dizaine de maquettes. Il revoit Jean-Pierre Yvaral.
En octobre, ses œuvres automatistes sont présentées au Grand Palais dans le cadre de l’exposition Borduas et les Automatistes.[13] Le service audiovisuel du Grand Palais produit à cette occasion la vidéo d’une entrevue de Marcel Barbeau par Henry Galy-Carles, commissaire de l’exposition.[14]L’exposition remporte un succès de presse important. À cette occasion, Barbeau revoit Fernand Leduc, Marcelle Ferron et Françoise Sullivan, qu’il reçoit à son atelier à l’occasion de son passage à Paris. Au vernissage, il rencontre Jeanne Renaud, chorégraphe associée au groupe des Automatistes et belle-sœur de Fernand Leduc, qui dirige une nouvelle galerie montréalaise d’art contemporain, la Galerie Trois. Elle invite Barbeau à y exposer. Andrée Paradis, directrice du magazine Vie des arts visite également son atelier et commande un article sur son œuvre à Henry Galy-Carles avec lequel Barbeau se lie alors d’amitié. Guy Viau, son épouse Suzanne et les Asselin de l’Ambassade du Canada visitent également son atelier.
Dans le cadre du projet d’exposition du consulat canadien à Marseille, Barbeau se rend à la mi-octobre à Aix-en-Provence pour l’accrochage et le vernissage de son exposition au Relais culturel. L’exposition est aussi présentée à Lyon à la Galerie Saint-Georges du 18 au 28 novembre. Barbeau participe à l’accrochage et assiste au vernissage. À la suite de la publication d’un article sympathique sur son exposition et à la recommandation de la directrice de la galerie. Marcel Barbeau offre une des gouaches de 1959 à son auteur, le critique Jean-Jacques Lherrant. Ce dernier l’offre au Musée des beaux-arts de Lyon, qui accepte le don.[15]
Au début décembre, Barbeau se rend à Montréal pour le vernissage de l’exposition Borduas et les Automatistes au Musée d’art contemporain de Montréal. Il y apporte une série de peintures gestuelles récentes en vue de son exposition à la Galerie III (Trois). Il réalise quelques encres de couleur durant ce séjour à Montréal. Sa fille Manon et son compagnon passent les fêtes de fin d’année avec lui à Paris.
1972
En janvier, Barbeau expose à la Galerie Le Point d’or à Grenoble. En compagnie de son ami, le critique d’art Henry Galy-Carles, il assiste le 18 janvier au vernissage de l’exposition Magnelli au Musée National d’Art Moderne. À la suggestion de Jacques Asselin, Barbeau se rend à Londres, à la fin janvier, afin d’y organiser une exposition au Centre culturel du Haut Commissariat canadien, l’année suivante. Il profite de ce voyage pour visiter une exposition des Futuristes Italiens à la Royal Academy[16] qu’il met en parallèle avec l’exposition Magnelli vue à Paris.
Début février, à l’instigation de Louise Asselin, épouse du conseiller culturel canadien, Barbeau commence à donner des cours d’initiation à l’art aux enfants des diplomates canadiens en poste à Paris ce qui lui assure un minimum de sécurité financière. En février, la Galerie III (Trois) présente ses sérigraphies de l’album En marge de 1969. Parallèlement, elle expose ses peintures gestuelles récentes et ses six huiles expressionnistes all over de 1969.[17] Dans le cadre d’un festival de films canadiens, ses collages et une sculpture, composée de deux éléments de Saint-Raphaël, sont exposés au Centre culturel de Poitiers qui acquiert le groupe de deux sculptures de grand format.
Le Musée d’art contemporain de Montréal acquiert plusieurs œuvres de Barbeau dans le cadre de l’achat de la collection de Gérard et de Gisèle Lortie. La collection est exposée en mars au Musée d’art contemporain de Montréal sous le titre La collection Gérard et Gisèle Lortie : Acquisitions 1972.[18] En mars, Louise Asselin organise une exposition privée de ses œuvres à sa résidence. Parallèlement à ces activités de diffusion, Barbeau poursuit de façon intensive ses activités en peinture et produit deux tableaux de grand format en vue d’une exposition itinérante dont la circulation doit s’étendre jusqu’en Europe, Création Québec.
Le 22 avril à 21 heures, dans le cadre du récital de poésie Kitchenoumbi organisé au Grand Théâtre de Caen par le comédien et metteur en scène québécois Gabriel Gascon, Barbeau réalise sa première performance de création publique en interaction avec le compositeur et percussionniste Vincent Dionne.[19] Les cinq peintures monumentales réalisées dans le cadre du spectacle sont exposées dans le hall d’entrée du Grand Théâtre de Caen au cours de l’été 1972.
L’ambassade du Canada à Bruxelles organise une exposition itinérante de ses nouvelles peintures gestuelles sur papier.[20] L’exposition est présentée dans le cadre d’autres évènements culturels canadiens en Belgique et au Luxembourg: inaugurée à la fin avril à l’ambassade du Canada à Bruxelles, l’exposition est présentée au Centre culturel français du Luxembourg début mai, puis, au Centre culturel de Hasselt, de la fin mai au début juin, au Centre culturel de Namur en juin et au Centre culturel de Liège en juillet. Barbeau se rend à Bruxelles pour le vernissage.
À son retour à Paris, Barbeau réalise deux autres peintures gestuelles de grand format en vue de l’exposition des artistes de la Cité internationale des Arts à la fin mai. Le lendemain du vernissage, il est hospitalisé à la suite d’une crise de tachycardie. La maladie l’oblige alors à ralentir ses activités.
Début juin, il se rend cependant à Bâle pour le vernissage de Création Québec, présenté sous le patronage du ministère des Affaires culturelles du Québec. Il y expose Samouraï et La Lupe Aliole, deux de ses peintures récentes.[21] Dans le jardin de la maison de pension où il loge, il réalise une série d’encres de couleurs sur papier.[22]
À Montréal, un des Elles (L shapes) figure dans l’exposition Les arts au Québec, au Pavillon du Québec de Terre des hommes au cours de l’été.[23] À Toronto du 21 juin au 31 juillet, la Galerie Carmen Lamanna présente ses œuvres dans le cadre d’une exposition Barbeau, Bolduc, Martin, Molinari et R. Rabinovitch.[24] Début juillet, alors qu’il représente le Canada au Festival international de peinture de Cagnes-sur-mer, Barbeau se rend sur la Côte d’Azur pour le vernissage.[25] À son retour, il s’arrête à La Rochelle, lieu d’origine de la famille Barbeau.
Au cours de l’été, il reçoit la visite de Jeanne Renaud et d’Ed Kostiner de la Galerie III (Trois), qui l’informent de la réorientation de leur galerie vers la diffusion de multiples. Barbeau réalise quelques nouvelles peintures sur papier et poursuit ses recherches en sculpture. La trentaine de petites sculptures filiformes de tubes de métal et de chlorure de polyvinyle s’inscrivent en continuité avec ses dessins du tournant des années cinquante et ses grandes calligraphies.
Aux prises avec de graves difficultés financières, Barbeau téléphone au début septembre à son marchand Carmen Lamanna le pressant de réaliser une vente, même à un prix forfaitaire. Omettant de l’informer de la vente récente d’un de ses tableaux de grand format au Conseil des arts du Canada et de l’achat imminent de sept autres peintures par la Banque d’œuvre d’art, un nouvel organisme qui vient d’être créé par le Conseil des arts du Canada, son marchand lui propose d’acheter pour 2 000 $ (12 197,354 FF (1972). soit 9 409.283 €) les quelque vingt tableaux qu’il a laissés en consignation à la galerie. Désemparé ne voyant aucune issue, Barbeau accepte cette offre.[26] À la fin septembre, un important collectionneur d’Ottawa visite son atelier et lui achète à prix forfaitaire une dizaine de tableaux de sa production récente ; cette dernière vente apporte une solution temporaire aux problèmes financiers de l’artiste.
Le 29 septembre, son séjour étant terminé, Barbeau doit quitter l’atelier de la Cité internationale des arts et s’installe temporairement à Chaville au 4, rue du Pavé des Gardes, à l’étage d’un petit pavillon situé face au bois de Meudon.[27] Suzanne Viau, la directrice de la maison des étudiants canadiens à la Cité universitaire, accepte d’entreposer la plupart de ses tableaux jusqu’à ce qu’il trouve un atelier. L’exiguïté de l’appartement de Chaville et son état de santé précaire limitent ses activités de création. En novembre, une amie, Michèle Lépine, le visite à Chaville et lui propose d’être son agent à Montréal. Barbeau poursuit ses recherches en sculpture et prépare une demande de bourse pour réaliser en grand format la suite de sculptures monumentales modulaires dont il rêve depuis la fin des années soixante.[28]
En octobre, Suzanne Viau et Louise Asselin l’invitent à rencontrer Jacques Gignac, ambassadeur du Canada à Beyrouth. Ce dernier lui achète deux tableaux et une encre de couleur de sa production récente. Andrée Paradis, la directrice de Vie des arts l’informe que le comité des arts de Radio Canada, dont elle fait partie, a recommandé l’acquisition d’une de ses œuvres pour la collection d’œuvres d’art de la société d’État.[29] Cet achat ne se réalisera cependant jamais malgré les démarches de Michelle Lépine pour en assurer le suivi, puis les démarches personnelles de l’artiste à son retour au Canada, dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Le 28 octobre, l’exposition Création Québec est présentée au Centre culturel Warande à Turnbout en Belgique. Elle est reprise en décembre par le Musée d’Ixelles à Bruxelles.[30]
Les Barbeau rencontrent Marie-José Beaudouin, sœur de Louis Beaudouin, un ami de sa compagne. Marie-José les invite à dîner et les introduit à son mari, l’éditeur Robert Laffont et à ses amis et relations. Barbeau fréquente aussi Henry Galy-Carles, qui le présente à d’autres artistes et à des critiques d’art à l’occasion de vernissages.
Ayant rencontré à la Cité des arts Reg Holmes, un artiste de Vancouver dont il avait visité l’atelier lors de sa tournée canadienne avec le Conseil des arts du Canada, Barbeau l’invite à dîner et à visiter des expositions avec lui. Il tente ainsi de faciliter l’adaptation à la vie parisienne du nouvel occupant de l’atelier canadien de la Cité internationale des arts. À la mi-décembre, ce dernier n’arrivant pas à surpasser la barrière linguistique lui cède l’atelier canadien de la Cité internationale des arts pour retourner à son atelier de New York.
1973
De retour pour quelques mois à la Cité internationale des Arts en janvier, Barbeau présente une demande d’atelier à la Ville de Paris. Il est fréquemment l’hôte de Laffont. À l’occasion d’un de ces dîners, il rencontre le peintre Gottfried Honegger. Le 12 février, la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts lui achète directement trois tableaux de la période de New York, Rougel-bleu, Rougel-vert et Rétine ma jolie.[31]
Au cours de l’hiver, Barbeau réalise une courte série de peintures, se servant d’une ficelle comme instrument, une technique qu’il avait développée en 1959 dans sa série de gouaches noires sur papier blanc. Ayant revu ses collages de l’été 1971 à l’occasion de son déménagement, il est tenté de reprendre et de poursuivre ces expériences. Il peint alors quatre grands tableaux minimalistes, inspirés de ces collages. En prévision de son exposition à Londres, il réalise les deux premières sculptures de la série Pipes’ Dreams.
À la fin mars, Barbeau se rend à Londres pour l’accrochage et le vernissage de son exposition au Centre culturel canadien du 4 au 28 avril. L’exposition regroupe les deux premières sculptures de sa série Pipes Dreams, des photographies de maquettes et une vingtaine de peintures gestuelles de 1971 et 1972.[32]Il retourne à Londres pour démonter l’exposition à la fin du mois.
Le Conseil des arts lui attribue la bourse Lynch-Staunton pour réaliser une série de dix sculptures monumentales démontables.[33] Le critique Michel Ragon l’informe qu’il souhaite l’inclure dans le Volume IV de l’ouvrage L’art Abstrait qu’il prépare en collaboration avec Michel Seuphor pour les Éditions Maeght.[34] À cet effet, il lui demande une diapositive d’une œuvre des années soixante de la série exposée chez Iris Clert.
Le 13 avril, Barbeau obtient un atelier-logement de la ville de Paris et déménage au 41 de la rue de Flandre, Bâtiment C dans le 19e arrondissement.[35] L’atelier de peintre de la rue de Flandre étant trop petit pour réaliser son projet de sculptures monumentales, il loue pour l’été un atelier d’artiste, derrière la Villa l’Aurore à Saint-Tropez. Il y réalise les quatre premières sculptures de très grand format de la série Pipes Dreams. Au cours de l’été, il reçoit la visite de sa fille Manon, de Rodrigue Millette, du Conseil des arts du Canada,[36] et d’un couple d’amis, Michel Leclerc et Jocelyne Loranger. À la fin août, une fracture de l’épaule, causée par un accident de moto, l’immobilise pendant près de deux mois.
À la fin octobre, un jury de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada visite son atelier. Ce jury est composé du peintre Claude Tousignant, du graveur Peter Daglish et du Directeur de l’organisme, Luke Rombout.[37] On lui achète sept collages de 1961. De plus, on lui commande une estampe, dans l’esprit de ses collages de 1971, dans le cadre d’un programme de soutien aux ateliers d’estampes canadiens. Début novembre, Barbeau est invité à se rendre à Londres avec Luke Rombout et Claude Tousignant à titre de membre du jury de la Banque d’œuvres d’art. Il y visite les ateliers des artistes canadiens vivant en Angleterre. Il profite du temps libre pour visiter l’exposition Talin’s Dreams., une exposition de la galerie Fisher.
À son retour à Paris, Barbeau reprend ses activités de création afin de compléter sa série de sculptures monumentales. À Ottawa, un jury de la Banque d’œuvres d’art recommande l’acquisition d’une des sculptures de la série Pipes’ Dreams à la Commission de la capitale nationale. Cette recommandation demeure lettre morte, même après la confirmation de cette recommandation d’achat d’une de ces sculptures par un second jury, à la suite d’une visite de l’exposition Barbeau au MACM en 1975‑76.
Le 14 décembre, Barbeau retourne au Québec après trois ans d’absence. Il réalise une estampe à l’atelier Graff. Il passe la période des fêtes de fin d’année dans sa famille, à Montréal, et dans celle de son épouse, dans la région de Charlevoix.
1974
Le Musée du Québec lui achète un des tableaux de la performance au Grand Théâtre de Caen et accepte un projet d’exposition de ses peintures et de ses sculptures récentes. Ses encres et ses gouaches de 1972 sont regroupées à des estampes de Jean-Paul Lemieux et à des peintures d’Yves Pépin, par les Services culturels de l’Ambassade du Canada, pour figurer dans une exposition itinérante qui circulera pendant trois ans.[38] L’exposition est inaugurée en février à la Galerie municipale de Tunis, la Galerie Yala. Par la suite elle sera présentée à la Galerie de l’Union des arts Plastiques, à Alger, en mars; à la Galerie municipale de Marseille, en juin; à Sorrente, en septembre; au Palais des Festivals, à Cannes, en novembre; à Tours, en mars 1975; à la Maison de la culture de Bordeaux, en mai 1975; à la Bibliothèque de la grande Place à Grenoble (1976); à l’École d’art et d’architecture de Lumigny, en janvier 1977; à Parthenay, en mai 1977; à Saint-Gatien, en décembre 1977 et en janvier 1978.
Fin février, par l’intermédiaire d’une amie, Marie-José Beaudouin, la famille Vuldy lui prête pour deux mois, un atelier d’artiste inoccupé qui doit être rénové. Cet atelier est situé rue Juneau à Montmartre, un quartier que Barbeau ne connaît guère et qu’il découvre alors. S’interrogeant sur sa production récente en peinture, inspirée par le décor et la lumière de Pigalle et regrettant de ne pas avoir eu l’espace suffisant pour réaliser des peintures optiques de très grand format alors qu’il était à New York, il profite de la hauteur des plafonds de cet atelier pour réaliser trois peintures cinétiques de très grand format, Rétine, rue Lepique, Rétine Rive gauche et Rétine Montmartre.[39]Le 4 avril, il assiste à une réception privée chez Denise René à l’occasion de l’exposition rétrospective de Jean Gorin. Au cours du printemps, prévoyant son retour prochain au Canada, il voyage au Maroc et en Grèce. Il est fasciné par l’art maghrébin, particulièrement par l’écriture arabe et par les mosaïques et les fresques des mosquées et des palais.[40] Ce voyage le conduit à un retour à la gestualité et à une complexification de sa palette.
Du 25 mai au 29 juin, il participe au Salon de Mai, dans la cour du Palais de Tokyo à Paris. Il y expose Pipes’ Dreams no 5.[41]
Le 3 juin, après plus de deux ans de procédures, Marcel Barbeau obtient le divorce de son premier mariage avec Suzanne Meloche.[42] Le 4 juillet, Barbeau revient au Québec. Il séjourne durant les mois d’été chez sa belle-mère à Pointe-au-Pic dans le comté de Charlevoix. Il installe un atelier de fortune dans une carrière désaffectée où il réalise une nouvelle série d’aquarelles inspirées de la lumière de Charlevoix. Il achète une école de campagne abandonnée du village voisin, Saint-Irénée, et il entreprend son aménagement en atelier d’été.[43] Il se rend fréquemment à Québec où il revoit son ancien ami Paul Vézina, devenu cinéaste à l’Office du film du Québec. Ce dernier lui présente Mémoire liquide, un film d’art qu’il vient de réaliser.[44] Séduit par les qualités formelles et expressives de ce film, Barbeau lui propose de lui servir d’intermédiaire auprès du Centre culturel canadien à Paris afin qu’il y soit présenté. Ils évoquent également la possibilité d’une collaboration.
Au cours de l’été, une peinture cinétique de Barbeau figure dans l’exposition Les arts au Québec, présentée au Pavillon du Québec, sis à Terre des Hommes, le parc d’exposition montréalais. De septembre à novembre, le Musée national des sciences naturelles à Ottawa expose Bas du Fleuve de la collection du Musée des beaux-arts du Canada dans le cadre de l’exposition Green Heritage.[45]
En septembre, Barbeau retourne à Montréal. À la recherche d’un logement et d’un atelier, il est hébergé quelques jours par son amie la peintre Lise Gervais avec laquelle il échange un tableau et une gouache. Après une semaine de recherche, il trouve une maison vouée à la démolition, au 1632, de la rue Amherst où il installe son atelier. En face, il trouve un appartement, situé au 1631, de la rue Amherst. Il y résidera jusqu’en 1986.
1975
La directrice du Musée d’art contemporain, Fernande Saint-Martin accepte de présenter en collaboration avec le Musée du Québec, son exposition de sculptures et de peintures monumentales du début des années soixante-dix. Le Conseil des arts du Canada accorde une subvention pour la production d’un catalogue.[46]
Le 26 avril, Barbeau épouse Ninon Gauthier au Palais de Justice de Saint-Jérôme, en banlieue de Montréal.[47] Début mai, il se rend à Ottawa où il participe à la réunion annuelle de la Conférence canadienne des arts. Il y rencontre divers artistes, écrivains et historiens de l’art du reste du pays dont l’historienne de l’art Ann Davis, qui est alors conservatrice en chef au Musée de Winnipeg.
Barbeau convainc son ami, le cinéaste Paul Vézina, de réaliser un film à l’occasion de son exposition au Musée du Québec et au Musée d’art contemporain de Montréal. À la suggestion de Paul Vézina, l’Office du film du Québec accepte de produire un film à l’occasion de l’exposition Barbeau au Musée du Québec et au Musée d’art contemporain de Montréal.[48] Barbeau conçoit le scénario du film dans lequel deux des peintures de l’exposition seraient créées sous les caméras de son ami le cinéaste Paul Vézina dans le cadre d’une nouvelle performance avec Vincent Dionne. Le film Instants privilégiés est tourné début mai dans les ateliers du Département d’arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal, vacants pour la période estivale. Le montage n’étant pas complété au début de l’été, sa projection est reportée au vernissage de l’exposition au Musée d’art contemporain de Montréal.
L’exposition est présentée du 12 juin au 7 juillet au Musée du Québec. Barbeau se rend à Québec pour le vernissage. La sculpture Pipes Dreams’ no 3 est brisée par un visiteur durant l’exposition. Faute de matériaux disponibles sur place, Barbeau ne peut la restaurer et il la met au rebut.
Barbeau passe l’été dans la région de Charlevoix où il poursuit les travaux d’aménagement de l’école de Saint Irénée en atelier. Le directeur du Confederation Centre Art Gallery and Museum, l’invite à exposer l’une de ses sculptures parallèlement à une exposition d’œuvres de la collection, qui regroupe plusieurs de ses œuvres de la fin des années cinquante provenant d’une importante collection montréalaise.À la fin juillet, son exposition au Musée du Québec étant décrochée, Barbeau se rend à l’Île-du-Prince-Édouard pour y livrer sa sculpture Pipes’ Dreams no 5.[49] Prêtée au musée dans le cadre d’un prêt à long terme, Pipes’ Dreams no 5 sera acquise l’année suivante par le Confédération Centre Art Gallery and Museum de Charlottetown. Il profite de ce voyage pour visiter la Galerie d’art de l’Université Mount Allison de Sackville et pour saluer son directeur, Philip Harris, fils du peintre Lawren Stuart Harris, qu’il avait rencontré lors de sa tournée du Canada comme membre du jury du Conseil des arts en 1968.
De retour à Montréal en septembre, Barbeau s’intéresse à la danse et à la musique contemporaine et il suit les activités montréalaises dans ce domaine. Il fréquente assidûment les Choréchanges, ateliers-spectacles organisés par la troupe de danse Nouvelle Aire, et les concerts de la Société de musique contemporaine. Afin de mieux contrôler sa respiration en vue de ses prochaines performances, il suit même quelques cours d’initiation à la danse contemporaine.
Le lancement du film Instants privilégiés a lieu dans le cadre du vernissage de l’exposition de Barbeau au Musée d’art contemporain de Montréal le 22 novembre.[50] Utilisant la toile qui sert d’écran pour la projection du film, il réalise une troisième performance avec Dionne. Deux peintures de très grand format sont réalisées à cette occasion et complètent l’exposition.
1976
Barbeau participe à une grande exposition Cent onze dessins québécois organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal.[51] D’abord présentée à Montréal du premier avril au 20 juin, l’exposition circule à travers les musées canadiens jusqu’en juin 1977. Barbeau est aussi invité à participer à une autre exposition itinérante, Spectrum, qui est organisée par l’Académie royale du Canada à l’occasion des Jeux olympiques de Montréal.[52] Quelques-unes de ses œuvres de la période automatiste de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal figurent dans l’exposition itinérante De la figuration à la non-figuration , organisée par le Service des expositions itinérantes du musée.[53] Le Musée du Québec inclut une estampe de la suite En marge, dans l’exposition Gravures contemporaines.[54]
Au printemps, il réalise deux sculptures dans le cadre du programme culturel des Jeux olympiques de Montréal.[55] Le saut du tremplin, installée temporairement pour la période des Jeux olympiques sur la terrasse du siège social de l’Organisation de l’aviation civile internationale, rue Sherbrooke Ouest à Montréal est inaugurée le 14 juillet dans le cadre d’une réception amicale organisée par l’artiste lui-même.[56] Don Quichotte est installé en permanence dans un parc de Joliette.[57] L’installation de cette dernière sculpture suscite de nombreuses critiques dans la presse locale.[58]
Au cours de l’été Barbeau séjourne fréquemment dans Charlevoix où il poursuit la rénovation de l’école Buissonnière. Parallèlement, il modèle une série de petites sculptures en terre glaise et en cire.
En août, le film Instants privilégiés est projeté dans le cadre de la conférence Dance in Canada, au Dalhousie Art Centre à Halifax (Nouvelle-Écosse).[59]
À son retour à Montréal, il fait fondre en bronze, à la cire perdue, trois de ses modèles de cire de l’été précédent.En septembre, suite à des négociations avec la direction du siège montréalais de la Fédération des Caisses populaires d’économie Desjardins, Barbeau installe sa sculpture Le saut du tremplin au Complexe Desjardins dans le cadre d’un prêt à long terme. Une autre sculpture de la série Pipes’ Dreams est exposée à l’intérieur de l’édifice, à l’entrée d’un bureau des architectes, Blouin, Blouin et Associés, architectes conseils pour la Fédération des Caisses populaires d’économie Desjardins, propriétaire de l’édifice.[60] Cette dernière œuvre sera détruite par un jeune vandale quelques mois plus tard.
1977
La société Lavalin achète Le saut du tremplin pour la terrasse de son centre de recherche de Boucherville. Au cours de l’hiver, Barbeau réalise quatre peintures expressionnistes de très grand format en vue de son exposition à la Galerie Bau‑Xi de Toronto. Il conçoit et prépare une nouvelle performance pour le vernissage de cette exposition.
Du 1 au 14 mai, Barbeau expose à la Galerie Bau-Xi de Toronto.[61] À l’occasion du vernissage, Barbeau organise une nouvelle performance multidisciplinaire dans laquelle il introduit des danseurs, dont Paul-André Fortier.[62] Avec les revenus de la vente du Saut du tremplin, il produit un film sur l’évènement, Désirs-mouvements.[63] Le 17 juin, le film est sélectionné par la direction du festival des Films du Monde pour être présenté à la séance d’ouverture du Festival le 19 août.[64] Le film est acheté par le Canadian Centre for Films on Art, le conservatoire de film d’art du Canada (Ottawa), la cinémathèque d’York University, dans la région de Toronto.[65] Le 1er novembre 1977, la Société Radio Canada signe avec Barbeau un contrat de location de cinq ans de Désirs-mouvements. Il sera largement diffusé à travers le pays sur les ondes de la télévision publique canadienne jusqu’en décembre 1982.[66]
En mai, le centre d’exposition municipal de Toronto, Harbourfront, expose ses collages de la collection de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada dans le cadre de l’exposition Works on Paper.[67] Barbeau qui est de passage à Toronto, assiste au vernissage. Certaines de ses peintures figurent aussi dans l’exposition Works from Canada Council Collection, présentée en juin à la Galerie d’art d’York University.[68] En juin, Barbeau participe à l’exposition Ouvrez les Yeux à la petite Galerie le Patrimoine à Chloé, située au 1257 de la rue Amherst, lieu de la première exposition des Automatistes.[69] L’exposition, qui se poursuit en juillet, regroupe des œuvres de la plupart des membres du groupe qui sont encore vivants. Il passe l’été à Saint Irénée. Il visite, à Baie-Saint-Paul, une petite ville de la région, Françoise Labbé, qu’il avait connue à Québec. Elle lui fait part de ses projets de création d’un centre d’art.
En octobre, le cabinet des estampes du Musée des beaux-arts de Montréal présente une exposition de ses œuvres sur papier des années 50 et 60. Le musée ontarien, Art Gallery of Perterborough, inclut une de ses œuvres récentes dans l’exposition Images of the Seventies.[70] Sur la pression de confrères, il se présente comme membre du conseil d’administration du Conseil des artistes peintres du Québec. Le 25 octobre, il est élu membre du conseil d’administration et le 19 novembre, il est élu vice-président du Conseil des artistes peintres du Québec et président de la Fédération des arts visuels du Québec.[71]
En novembre, il déménage, rue Victoria, à Sherbrooke, où son épouse a trouvé un emploi en recherche institutionnelle à l’Université de Sherbrooke. Il installe d’abord son atelier dans une grande chambre de l’appartement.
En peinture, il commence à éliminer à nouveau la gestualité et l’accident et son œuvre évolue vers le tachisme. Sa palette s’éclaircit avec une prédominance d’harmonies de couleurs claires, saturées vers le blanc.
1978
L’université Bishop, université anglophone située à Lennoxville, ville voisine de Sherbrooke, l’engage à titre d’artiste résident, un poste qu’il occupera jusqu’en mai 1979.[72] Du 5 au 26 février, il participe à l’exposition Cinq artistes québécois à l’Université du Québec à Hull. Il tient une exposition solo, à la Galerie d’art du Centre culturel de Sherbrooke du 5 au 26 février.[73] Il y présente ses peintures récentes ainsi que deux de ses grandes toiles de 1975, Giboulée et Le souffle qui engendre, lesquelles, faute de cimaises assez grandes dans la galerie, sont exposées dans le hall d’entrée du Centre culturel.
À la suggestion de Jacqueline Lemieux, directrice de la troupe de danse Entre Six et du stage de danse Québec Été Danse, il rencontre en février la chorégraphe de Vancouver, Anna Wyman, de passage à Sherbrooke à l’occasion d’un spectacle au centre culturel. Il reçoit à dîner les membres de la troupe à la maison et discute avec Anna Wyman d’une éventuelle collaboration dans le cadre du festival Octobre en danse, prévu pour l’automne suivant.[74] Le 24 septembre, il participe à une table ronde dans le cadre du colloque Art: régionalisation ou centralisation, à l’Université de Sherbrooke. En août il donne une conférence et présente son film Désirs-mouvements dans le cadre du stage estival de danse, Québec Été Danse, sur le campus de l’Université Bishop.[75]
La performance avec la troupe d’Anna Wyman a lieu le 16 octobre avec la troupe d’Anna Wyman dans le cadre d’Octobre en danse dans un studio de la Place des arts de Montréal en présence d’environ deux cents spectateurs. Une discussion des artistes avec le public suit la performance. Les photographes Robert Etchevery et Yvan Boulerice réalisent chacun un reportage sur l’évènement.[76] À la suggestion de l’artiste, le MACM commande la production d’une vidéo sur l’évènement.[77]
Ses œuvres de la période automatiste figurent dans des expositions à caractère historique: Modern Painting in Canada, organisée par l’Edmonton Art Gallery,[78]Frontiers of Our Dreams, au musée de Winnipeg[79] et l’exposition du Trentenaire de Refus Global du MACM, exposition présentée également au Musée du Québec.[80] Sarnia Public Library expose une de ses peintures dans le cadre de l’exposition Painting from Canada Council Art Bank, en septembre.[81] Deux de ses peintures récentes figurent dans l’exposition Tendances actuelles au Musée d’art contemporain de Montréal, présentée en novembre et décembre.[82]Le service des Communications du Complexe Desjardins accroche une exposition de ses peintures récentes dans la salle de réception du Premier Ministre français, Raymond Barre à l’occasion de la visite de ce dernier à Montréal.[83]
1979
Épuisé par la rédaction de nombreux mémoires et par ses voyages hebdomadaires à Montréal, pour assister aux réunions du Conseil de la peinture, et déçu par les limites de l’action de l’organisme et par les dissensions perpétuelles au sein du conseil d’administration de la Fédération, Barbeau démissionne des Conseils d’administration du Conseil de la peinture et la Fédération des arts visuels pour se consacrer à sa peinture et à son enseignement à l’université Bishop.[84] Puis en mai, se sentant isolé dans une ville de province, Barbeau décide de retourner à Montréal. En avril, deux de ses œuvres appartenant à la collection de la ville de Saint-Laurent figurent dans l’exposition d’ouverture du Musée de Saint-Laurent présentant La collection de Saint-Laurent.[85]
Barbeau passe l’été à Saint-Irénée où il poursuit ses travaux de peinture, éliminant presque complètement l’accident. Au début de l’été, il se rend à Chicoutimi à l’occasion du Symposium de sculpture environnementale et participe au colloque organisé en marge de l’exposition. Début juillet, à l’invitation de Jacqueline Lemieux, il donne un séminaire sur le thème Peinture et chorégraphie contemporaine dans le cadre du stage annuel de danse, Québec-été-danse, qui a lieu sur le campus de l’université Bishop à Lennoxville. Les films Instants privilégiés et Désirs-mouvements sont projetés à cette occasion.[86]
Quelques œuvres de jeunesse de Barbeau font partie de l’exposition itinérante La révolution automatiste organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal.[87] De passage à Toronto, Barbeau amorce une relation d’affaires avec Simon Dresdnere de la Galerie Dresdnere.[88]Ce dernier visite son atelier en octobre et choisit des tableaux en vue d’une exposition prévue pour le printemps suivant.
[1] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P1a/12, Gisèle et Gérard Lortie, 1970.
[2] Archives de Fleurette Gauthier, belle-mère de l’artiste.
[3] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22.228) Cf. note183.
[4] MBAC, Archives des collections, dossier Marcel Barbeau. Bas du Fleuve est reproduit sur toile et Rétine virevoltante, sur papier. Ces reproductions ont souvent été offertes comme des sérigraphies originales dans les salles de vente alors que l’artiste n’en a même pas supervisé l’impression.
[5] Cf. note 228.
[6] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/32, Ministère des Affaires extérieures du Canada: correspondance avec les ambassades et consulats.
[7] Barbeau s’étant installé à Paris jusqu’en juillet 1974, il a abandonné ce projet.
[8] Ce dernier, un photographe de presse, utilisera ce tableau minimaliste, un grand trapèze irrégulier bleu azur, pour demander et obtenir une bourse du Conseil des arts du Canada. Barbeau découvrira la supercherie près de deux ans plus tard en feuilletant une revue d’art. montrant le locataire indélicat posant à côté de son tableau.
[9] Le tableau a été entièrement restauré et réentoilé par l’atelier Ars Longa (Paris).
[10] Cf. note 226.
[11] Fonds d’archives photographiques de l’artiste.
[12] Cf. note 226.
[13] Catalogue de l’exposition ; dossier de presse de l’exposition, fonds d’archives de l’artiste et photographies par Michel Morain et par Ninon Gauthier, dossier photographique, fonds d’archives photographiques de l’artiste.
[14] Nos recherches pour retrouver cette bande vidéo ont été vaines. Il semble qu’elle ait été détruite ou perdue. Cependant, un enregistrement sonore d’une autre entrevue réalisée pour Radio-France à cette occasion, a été conservé par Henry Galy-Carles. Voir annexe E, Écrits et entretiens de Marcel Barbeau.
[15] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier Galerie Saint-Georges, Lyon dossier 110P2A/30; voir aussi dossier 110P2a/29, Galerie Le point d’or.
[16] Cf. note 4 et présence du catalogue de cette exposition dans la bibliothèque personnelle de l’artiste.
[17] Photographie de cette exposition, archives photographiques personnelles de l’artiste.
[18] TOUPIN, Gilles, “Les automatistes entrent au musée”, La Presse, Montréal, 18 mars 1972., p. D-14; o. rep.
[19] Programme dans les Archives personnelles de Gabriel Gascon et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/ 35, Théâtre de Caen, engagement.
[20] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/32, des Affaires extérieures du Canada: correspondance et documents sur cette exposition
[21] BOULANGER, Rolland, Création Québec, Ministère des Affaires culturelles du Québec, Québec, 1971.p. 6 et 7, 98 et 99.
[22] Cf. note 4.
[23] THÉRIAULT, Normand, “La peinture québécoise revécue à Terre des Hommes”, La Presse, Montréal, 13 juin 1970 ; ill.: vue de l’exposition avec un triptyque de la série des Elles.
[24] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22 et Dossier Galerie Carmen Lamanna, Taylor Research Library and Archives, Art Gallery of Ontario.
[25] 4e Festival international de peinture, Château-Musée, Cagnes-sur-mer, 1972.
[26] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Galerie Carmen Lamanna, Dossier 110P2a/22 et dossier 110P2b/4 Affaire Lamanna, Robinson, Sheppard, Borenstein, Shapiro et Flam , avocats.
[27] Archives personnelles de Fleurette Gauthier, belle-mère de l’artiste.
[28] Cf. note 226.
[29] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110p2a/26, Andrée Paradis, Vie des arts.
[30] Cf. note 246.
[31] Cf., note 226.
[32] Cf. note 104, planche d’épreuves photographiques représentant des vues de l’exposition.
[33] Cf. note 246.
[34] RAGON, Michel et SEUPHOR, Michel, L’art abstrait : 1945-1970, vol. 4, Mæght Éditeur, Paris, 1974. 330 p.
[35] Fonds Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/12, Gérard et Gisèle Lortie et Fonds d’archives Gérard et Gisèle Lortie, MACM, correspondance avec Marcel Barbeau.
[36] Archives photographiques personnelles de l’artiste.
[37] Cf. note 226.
[38] Fonds d’archives Marcel Barbeau, dossier 110P2a/32, Ministère des Affaires extérieures du Canada : correspondance et documents sur cette exposition.
[39] Archives photographiques de l’artiste.
[40] Cf., note 265.
[41] Cf., note 265.
[42] Extrait de divorce de Marcel Barbeau et Suzanne Meloche. Cour supérieure. Service de l’état civil. 3 juin 1974. Archives personnelles de Marcel Barbeau et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P1b/8.
[43] Cf., note 265.
[44] Archives du Québec, service des archives visuelles, Université Laval, Québec; archives audiovisuelles personnelles du cinéaste Paul Vézina.
[45] Green Heritage – Patrimoine naturel, Musée national des sciences naturelles, Ottawa, 9/1974. Cat. no 1.
[46] Cf. note 226.
[47] Extrait de mariage de Marcel Barbeau avec Ninon Gauthier, Cour supérieure. Service de l’état civil. 26 avril 1975.
[48] Archives du Québec, service des archives visuelles, Université Laval, Québec; archives audiovisuelles personnelles de l’artiste.
[49] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/38, Centre des arts de la Confédération (Charlottetown) et archives photographiques du Confederation Centre Art Gallery and Museum, Charlottetown.
[50] Carton d’invitation et communiqué de presse de cette exposition, Archives du MACM, dossier Marcel Barbeau et archives personnelles de l’artiste, dossier de presse de l’artiste.
[51] PARENT, Alain, Cent onze dessins du Québec, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, avril 1976. 54 p.; o. rep. p. 38.
[52] Spectrum Canada, exposition itinérante organisée par l’Académie Royale des Arts du Canada, Programme Art et Culture, Jeux olympiques de Montréal, Ottawa,1976.
[53] BLOUIN, Anne-Marie, De la figuration à la non-figuration dans l’art québécois, Musée d’art contemporain de Montréal exposition itinérante, Publications du Ministère des Affaires culturelles, Montréal, 1976.
[54] Musée du Québec, archives des expositions.
[55] Cf. note 4 et dossier 110P2a/45, programme art et culture du comité organisateur des Jeux olympiques.
[56] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques.
[57] Cf. note 281.
[58] Cf. note 279 et archives du service des Loisirs et de la Culture de la ville de Joliette et dossier de presse de l’artiste sur cet évènement (été 1976).
[59] Cf. Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/46 Dance in Canada Conference (Halifax).
[60] Cf. note 4.
[61] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 10P2a/59, Galerie Bau-XI et Archives personnelles de Marcel Barbeau, fonds d’archives audio-visuelles.
[62] PURDIE, James, “Barbeau Uses Music and Dance to Display Action Painting”, Globe and Mail, Toronto, 10 mai 1977, p. 19, o. rep. et Montréal, dossier 110P2a/59, Galerie Bau-XI ; fonds d’archives photographiques personnelles de l’artiste.
[63] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2c/1, Désirs-mouvements : documents relatifs à la production du film. et archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives audio visuelles.
[64] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2c/2, Désirs-mouvements : documents relatifs à la présentation du film Désirs-mouvements au Festival canadien des Films du Monde, à Montréal en août 1977.
[65] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2c/3, Désirs-mouvements : documents relatifs à la vente de copies du film
[66] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2c/4, Société Radio Canada.
[67] Service des archives, Banques d’œuvres d’art, Conseil des arts du Canada.
[68] Cf. note 293.
[69] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, U2AM, dossier 110P2a/53, Galerie le Patrimoine à Chloé.
[70] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/59, Galerie Bau-XI; catalogue: Images of the Seventies: Contemporary Painting et Sculpture, Art Gallery of Peterborough, 1977.
[71] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, U2AM, dossier 110P3m, Fédération des arts visuels 1977-1979.
[72] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/58, Bishops University.
[73] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM dossier 110P2a/57, Centre culturel de l’Université de Sherbrooke.
[74] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/60, Festival Octobre en danse.
[75] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, U6AM, dossier 110P2a/63, Québec-Été-Danse.
[76] BOULERICE, Yvan, “Reportage photographique sur la performance Danse-Frénésie, performance de Marcel Barbeau avec Anna Wyman Dance Théâtre de Vancouver dans le cadre d’Octobre en danse, Studio de la Place des arts de Montréal, 16 octobre 1978”, Éditions Images de l’art, Montréal; ETCHEVERY, Robert, reportage photographique sur la performance Danse-Frénésie, performance de Marcel Barbeau avec Anna Wyman Dance Théâtre de Vancouver, dans le cadre d’Octobre en danse, Studio de la Place des arts, Montréal, 16 octobre 1978. Archives du photographe.
[77] DESLAURIERS, François, Gestes, Photographie: Céline Laquerre et Louise Mondoux; montage: Romain Clark: réalisation: François Desaulniers; production: Atelier D.G.C.A., pour le Musée d’art contemporain de Montréal, 1978. Archives Nationales du Québec, Service des archives audio-visuelles du Québec, Québec. Contact : Antoine Pelletier.
[78] FENTON, Terry et WILKIN, Karen, Modern Painting in Canada, The Edmonton Art Gallery, Edmonton, 1978.
[79] DAVIS, Ann, Frontiers of our Dreams : Quebec Painting in the 1940’s and 1950’s, The Winnipeg Art Gallery, Winnipeg, 1979. P. 19, 20, 22,23, 24, 66; o. rep. p. 13 et 14.
[80] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossiers 110P2a/19, Musée d’art contemporain de Montréal et 110P2a/24, Musée du Québec.
[81] Cf. note 293.
[82] LETOCHA, Louise, Tendances actuelles: la gravure et la peinture, Musée d’art contemporain de Montréal, Québec Ministère des Affaires culturelles, 1978.
[83] Cf. note 4.
[84] Cf. note 4.
[85] Archives du Musée de Saint-Laurent.
[86] Cf. note 301.
[87] SIOUI, Anne-Marie, La révolution automatiste, MACM, Montréal, Quatrième trimestre, 1980.
[88] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/67, Galerie Dresdnere.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1980
En février, à la suite d’une visite à son atelier de la rue Amherst à Montréal, Carolle Gagnon développe avec Ninon Gauthier un projet de monographie sur son œuvre. Du 3 au 17 avril, la Galerie Dresdnere présente une exposition Barbeau.Plusieurs collections publiques et corporatives ontariennes et albertaines acquièrent ses œuvres. Trois de ses peintures font partie de l’exposition itinérante The Contemporary Arts Society, organisée par The Edmonton Art Gallery.[1]
En juillet, il est invité à rencontrer à nouveau les stagiaires et étudiants de Québec-été-danse.[2]Au cours de cette rencontre, il réalise une dernière performance avec les jeunes danseuses et chorégraphes. Les deux dessins de cette performance sont perdus par les collaborateurs de Jacqueline Lemieux, qui décède au cours de l’été. Fin juillet et début août, il expose ses peintures récentes à la Galerie d’art du Domaine Forget de Saint-Irénée dans le cadre du festival musical annuel.[3] En novembre, l’Art Gallery of Windsor inclut une de ses œuvres récentes dans l’exposition Art for All.[4]
1981
Il expose à la Galerie Pierre Bernard, à Hull du 15 au 30 mars. Suit une exposition à la Galerie Gilles Corbeil de Montréal du 28 mars au 14 avril.[5]
En mai, il présente un mémoire au Comité d’étude sur la politique culturelle fédérale lors de son passage à Montréal.[6] Il y dénonce la manipulation des jurys, le favoritisme et la soumission de ces derniers à la mode artistique.
Il travaille tout l’été à son atelier de Saint-Irénée. Il modifie sa palette et introduit des couleurs tertiaires, dont des bruns qu’il compose par addition. Sur la recommandation de Simon Dresdnere, David Homel, qui est alors scénariste pour une série de télévision Visions de TV Ontario, visite Barbeau à son atelier de Saint-Irénée.[7] L’avant-projet prévoit une entrevue de 15 minutes avec Barbeau et le scénariste vient en repérage pour examiner la possibilité de faire le tournage dans Charlevoix.
À son retour à Montréal, Barbeau réalise un grand triptyque en tons plats strictement délimités, Noah Noah, une œuvre qui annonce son évolution de 1987. Il la présente dans son exposition à la Galerie Dresdnere du 10 au 24 octobre.[8] Il se rend à Toronto pour le vernissage. Du 25 octobre au 14 novembre, il expose à la Galerie Sherbrooke, dans la ville de Sherbrooke.[9]
1982
Une nouvelle crise économique sévit au Canada. Barbeau connaît à nouveau de sérieuses difficultés financières. Pour tenter d’y remédier, il multiplie les activités de diffusion de son œuvre. Du 4 au 25 avril, il expose au Centre d’exposition Drummond du Centre d’art de Drummondville sa production des cinq dernières années.[10] Un petit catalogue est publié à cette occasion.[11] Il participe à la foire d’œuvres d’art Art Expo qui se tient au Coliseum de New York du 22-26.[12] En avril, il se rend à New York où il présente une vingtaine de peintures dans le cadre de New York Art Fair.Fin avril, la Galerie Pierre Bernard inclut quelques-unes de ses œuvres dans une exposition de groupe. En mai, la directrice de la Galerie la Folie des arts visite son atelier et lui achète un tableau qu’elle inclut dans la première exposition de sa galerie. À l’instigation de Louise Asselin, on le retrouve à la fin juin, à la Galerie La belle époque. Par la suite, son propriétaire Stanley Borenstein, lui prendra occasionnellement quelques tableaux en consignation avant d’amorcer une relation plus suivie. Madeleine Arbour renoue avec lui et visite son atelier avec quelques clients.
Il se rend à Saint-Irénée dès le début juin et il y peint tout l’été. Sa fille Manon, qui vient d’avoir un second enfant, Manuel, passe ses vacances d’été dans la région avec sa famille. Ninon les installe dans le village voisin, chez sa mère Fleurette Gauthier, partie en voyage en Europe pour un mois.
Son nom est inclus dans plusieurs dictionnaires biographiques: Who’s Who in Canada, Who’s Who in American Art et le dictionnaire Larousse de la Peinture, sous la rubrique “Automatisme”.[13] Au cours de l’été, le Confederation Centre Art Gallery and Museum de Charlottetown dans l’Île du Prince-Édouard inclut un de ses dessins dans l’exposition The Essential Line.[14]
À la suite de sa participation à la foire de New York, Barbeau expose à la ISOA Gallery, une galerie privée de Greenwich au Connecticut. À cette occasion, il se rend dans le Connecticut pour y livrer les peintures exposées.
En septembre, Louis-Philippe Peides, qui ouvre une nouvelle galerie, la Galerie Cultart, l’invite à exposer. Mis en confiance par la présence de Denyse Delrue, qui agit comme conseillère artistique de la galerie, Barbeau accepte de participer à l’exposition d’ouverture à la fin septembre.[15] Puis, il y tient une exposition solo du 13 octobre au 15 novembre. En octobre, la Galerie Dresdnere de Toronto, lui renvoie tous ses tableaux à l’occasion d’un déménagement, mettant ainsi fin à leurs relations d’affaires.[16] Du 17 octobre au 7 novembre, Barbeau expose à la galerie d’art du Centre culturel l’Imagier à Aylmer, en banlieue d’Ottawa.[17] Fin novembre, un collectionneur met en vente plusieurs de ses œuvres à la Galerie Kastel de Montréal. Du 1er décembre au 15 janvier, la Galerie Cultart expose quelques-unes de ses peintures de très petit format, dans le cadre de l’exposition Petit format. En novembre, TV Ontario réalise à Montréal, un vidéo sur son œuvre dans le cadre de sa série “Visions”.[18] Le tournage a lieu à l’atelier de la rue Amherst et dans un café de la rue Saint-Denis. Le lancement est prévu pour l’automne suivant. En décembre, Madeleine Arbour organise dans son studio de décoration de la rue Saint-Paul une brève exposition privée de ses œuvres récentes.[19] Les ventes, qu’il réalise à cette occasion, compensent alors quelque peu ses déboires des autres expositions de l’année.
1983
En janvier, Madeleine Arbour l’invite à présenter des peintures de grand format dans le stand qui lui est consacré au Salon de l’habitation de Montréal.[20] Il lui propose, Noah Noah. Elle lui préfère les tableaux de l’année précédente qui conviennent mieux à son projet. Inquiet, déjà malade, Barbeau reprend alors son triptyque dans l’esprit des peintures de l’été 1981. Insatisfait du résultat, exténué par le travail et anxieux devant un avenir précaire, il sombre dans une dépression profonde qui se prolonge jusqu’en janvier 1984.[21] Il est hospitalisé pendant plusieurs mois au pavillon Allan Memorial de l’Hôpital Royal Victoria, au cours de l’hiver et de l’automne. Il passe l’été à Saint-Irénée où la maladie l’empêche de poursuivre son œuvre.
La galerie d’art de l’Université Concordia inclut une de ses œuvres dans l’exposition itinérante L’Association des artistes non figuratifs de Montréal, présentée à Montréal du 14 septembre au 15 octobre.[22] Une de ses œuvres, Kitchenumbi, figure dans l’exposition du cinquantième anniversaire du Musée du Québec dans la ville de Québec.[23] Inaugurée le 2 novembre, l’exposition se prolonge jusqu’au 4 mars 1984. Le 5 octobre, la série Visions : Artists and the Creative Process fait l’objet d’un lancement à Toronto. La série est présentée au cours de l’automne et de l’hiver 1984 sur les ondes de TV Ontario, en Ontario, ainsi que par le réseau PBS, aux USA et dans les autres régions du Canada.
Sur la recommandation d’une amie, Michèle Lépine-Nantel, devenue la directrice artistique d’une nouvelle galerie montréalaise d’art contemporain, la Galerie Lallouz lui propose une collaboration et l’invite à participer à l’exposition d’ouverture, du 16 novembre au 6 décembre.[24] Il figure également dans l’exposition des fêtes de fin d’année de la galerie, du 8 décembre à la mi-janvier 1984. En décembre, il quitte l’hôpital Allan Memorial et amorce une longue convalescence.
1984
En janvier, Madeleine Arbour l’invite à présenter des peintures de grand format dans le stand qui lui est consacré au Salon de l’habitation de Montréal.[20] Il lui propose Noah Noah. Elle lui préfère les tableaux de l’année précédente qui conviennent mieux à son projet. Inquiet, déjà malade, Barbeau reprend alors son triptyque dans l’esprit des peintures de l’été 1981. Insatisfait du résultat, exténué par le travail et anxieux devant un avenir précaire, il sombre dans une dépression profonde qui se prolonge jusqu’en janvier 1984.[21] Il est hospitalisé pendant plusieurs mois au pavillon Allan Memorial de l’Hôpital Royal Victoria, au cours de l’hiver et de l’automne. Il passe l’été à Saint-Irénée où la maladie l’empêche de poursuivre son œuvre.
La galerie d’art de l’Université Concordia inclut une de ses œuvres dans l’exposition itinérante L’Association des artistes non figuratifs de Montréal, présentée à Montréal du 14 septembre au 15 octobre.[22] Une de ses œuvres, Kitchenumbi, figure dans l’exposition du cinquantième anniversaire du Musée du Québec dans la ville de Québec.[23] Inaugurée le 2 novembre, l’exposition se prolonge jusqu’au 4 mars 1984. Le 5 octobre, la série Visions : Artists and the Creative Process fait l’objet d’un lancement à Toronto. La série est présentée au cours de l’automne et de l’hiver 1984 sur les ondes de TV Ontario, en Ontario, ainsi que par le réseau PBS, aux USA et dans les autres régions du Canada.
Sur la recommandation d’une amie, Michèle Lépine-Nantel, devenue la directrice artistique d’une nouvelle galerie montréalaise d’art contemporain, la Galerie Lallouz lui propose une collaboration et l’invite à participer à l’exposition d’ouverture, du 16 novembre au 6 décembre.[24] Il figure également dans l’exposition des fêtes de fin d’année de la galerie, du 8 décembre à la mi-janvier 1984. En décembre, il quitte l’hôpital Allan Memorial et amorce une longue convalescence.
De retour à l’atelier en février, il reprend sa production en peinture. Insatisfait des conditions proposées par la Galerie Lallouz pour son exposition, il rompt ses relations avec elle. En juillet, Esperanza Schwartz, qui vient d’ouvrir une galerie d’art contemporain de stature internationale, visite son atelier. Elle accepte de le représenter à la Galerie Esperanza. Le directeur du Salon national des galeries d’art de Montréal choisit une de ses dernières œuvres pour figurer sur l’affiche de cette foire annuelle.
Il passe l’été à Sutton dans l’Estrie et entreprend de nouvelles recherches en sculpture polychrome. Il réalise en usine quatre sculptures en aluminium de moyen et de grand format, qu’il peint à la main.
Le Salon national des galeries d’art présente une exposition de ses peintures dans le cadre des évènements spéciaux du salon. En octobre, il vend l’atelier de Saint-Irénée. En novembre, Barbeau expose ses peintures récentes et ses nouvelles sculptures polychromes à la Galerie Esperanza.[25] En décembre, il doit de nouveau être hospitalisé.
1985
Il obtient le prix de sculpture à la compétition d’art Mc Donald.[26] Deux de ses œuvres figurent dans l’exposition Vingt-cinq ans du Musée à travers ses collections au Musée d’art contemporain de Montréal.[27]
En juin, Barbeau quitte l’hôpital pour entreprendre une convalescence à la maison. Il passe le mois d’août à Baie-Saint-Paul où il accompagne son épouse, responsable de l’animation du Symposium. Il fréquente les jeunes artistes qui participent à l’évènement. L’atmosphère de création du symposium, le contact avec de jeunes artistes lui apporte une nouvelle vigueur et l’incite à reprendre ses activités de création. Durant ce séjour, il réalise quelques sculptures d’assemblage à partir de métaux de rebut et amorce une nouvelle série de sculptures monochromes en vue de son exposition à la Galerie Esperanza en novembre.[28]
Ayant découvert des qualités sonores à ses sculptures, il invite Vincent Dionne à utiliser ses sculptures comme instruments de percussion dans le cadre d’une performance musicale présentée à l’occasion du vernissage.[29]Barbeau maquille le musicien en s’inspirant de ses sculptures. À la suggestion de la musicologue Maryvonne Kendergy, présente à l’évènement, la performance est reprise la semaine suivante.[30]
1986
Il reprend Noah Noah 2 et le complète. Puis, il réalise une nouvelle série de peintures dans une palette dominée par les couleurs tertiaires et les couleurs rompues.
En janvier, une encre de la série des Combustions originelles figure dans l’exposition de Dessins et estampes canadiens 1799-1956, au Musée des beaux-arts de Montréal.[31] Le Musée d’art contemporain de Montréal présente Rétine 666 dans l’exposition Point, Ligne, Plan, du 26 janvier au 16 mars 1986.[32]C’est la première exposition publique de ce tableau exceptionnel depuis son acquisition par le Musée en 1972. Deux de ses sculptures récentes font partie de l’exposition Collection 86, qui se tient du 8 février au 1er mars à la Galerie Esperanza à Montréal.[33] Du 21 au 23 février, il participe à Miami International Art, qui se tient au Coconut Grove Expo Centre.[34] II amorce une relation d’affaires avec la Galerie Moos de Miami, qui prend en consignation les tableaux et les deux sculptures qu’il expose dans cette foire. Du premier au 21 mai, il participe à l’exposition The Automatists Then and Now à la Galerie Dresdnere à Toronto.[35] Parallèlement à ses œuvres anciennes, la galerie expose une de ses dernières sculptures, Le bal du hasard, et une peinture récente, Crépuscule. Ces oeuvres sont reproduites dans le catalogue de l’exposition. Barbeau se rend à Toronto pour le vernissage où il y retrouve ses anciens compagnons, Pierre Gauvreau, Madeleine Arbour et Françoise Sullivan.
Au cours du printemps et de l’été, Barbeau rénove l’appartement en duplex de sa propriété du 1635 Amherst. Une grève de l’industrie de la construction rend la tâche difficile. Il y emménage le 1er juillet.
Dans le cadre du symposium de Lachine, il réalise en juin et en juillet une sculpture monumentale Liberté, liberté chérie.[36] Un retard dans la livraison des matériaux et les délais imposés par les organisateurs de l’évènement l’obligent à travailler de l’aube jusqu’après la tombée de la nuit. L’œuvre est installée en permanence à la Marina de Lachine à la fin juillet.
En août, il accompagne son épouse à Baie-Saint-Paul pour le symposium de peinture où elle travaille à nouveau comme responsable des communications. Il réalise une série de papiers collés à partir de vieux numéros du New York Time, qu’il découpe. À son retour à Montréal, il intègre des papiers collés à quelques-unes de ses peintures du printemps précédent. Puis, il entreprend une série de papiers collés pour lesquels il utilise uniquement des papiers de couleur. Du 19 octobre au 2 novembre, la Galerie Lacerte-Guimont de Québec expose deux de ses peintures de la période new-yorkaise dans le cadre d’une exposition sur l’art québécois dans les années soixante.[37]En décembre, la Galerie Stewart de Montréal l’invite à participer à une exposition collective portant sur les années cinquante.[38]
1987
Il poursuit sa série de collages. À partir de ces travaux, il amorce une nouvelle série de peintures constructivistes aux formes dépouillées qu’il présente fin avril à la directrice de la Galerie Moos de Miami, de passage à Montréal. Elle se montre enthousiaste.
Du 5 au 28 février, il participe à une exposition réunissant des œuvres des principaux sculpteurs d’expression contemporaine à la Galerie Daniel, à Montréal.[39] Début mai, il connaît de nouvelles difficultés financières. Il propose à Mark Schwartz, le propriétaire de la Galerie Esperanza d’acheter quelques-uns de ses tableaux anciens pour sa collection personnelle. À la demande de ce dernier, il prépare pendant une semaine une présentation sortant de la réserve de nombreux tableaux roulés. Mais le collectionneur ne se présente pas au rendez-vous. Déçu, inquiet Barbeau est encore une fois frappé par la maladie et il doit être hospitalisé.
En novembre, la Galerie HEC (École des Hautes Études Commerciales) présente un survol de son œuvre sur le thème de la lumière.[40] Il quitte l’hôpital pour assister au vernissage et entreprend une longue convalescence. Une de ses peintures de l’année précédente figure dans l’exposition 20 ans : choix d’artistes, organisée par le Conseil des artistes peintres au Centre des arts contemporains de Montréal.[41] Du 6 au 24 décembre, il expose ses œuvres des années quatre-vingt à la Galerie d’arts contemporains de Montréal.[42]
1988
Barbeau poursuit la recherche picturale amorcée en 1987. En sculpture, il explore de nouvelles voies, s’intéressant aux interactions entre l’espace réel et l’espace virtuel.
Du 10 au 13 mars, il participe à l’exposition Une sculpture dans mon jardin, présentée au Palais des Congrès de Montréal en marge des Floralies de Montréal.[43] Du 20 avril au 15 mai, la Galerie d’art du Grand Théâtre de Québec présente en collaboration avec la Galerie des arts contemporains, une exposition de ses œuvres des années quatre-vingt.
Le 10 mai, il assiste à la première de la pièce Signer, présentée au Conservatoire de Théâtre de Montréal à l’occasion du quarantième anniversaire de Refus global, et à une représentation au Musée d’art contemporain de Montréal de chorégraphies du milieu des années quarante de Françoise Sullivan et de Jeanne Renaud. Ses œuvres, des portraits anciens et des documents sur son œuvre figurent dans des expositions organisées à l’occasion du quarantième anniversaire de Refus Global. Il participe au tournage d’une vidéo de l’Université du Québec à Montréal sur la peinture et la danse dans le mouvement automatiste. À l’occasion de ces évènements, Bruno Cormier réunit les Automatistes encore vivants à sa résidence.Plusieurs peintures de Marcel Barbeau figurent dans l’exposition inaugurale du nouvel édifice du Musée des beaux-arts du Canada. Il se rend à Ottawa pour le vernissage. La direction d’Esso Canada inclut une de ses Combustions originelles, acquise récemment, dans le catalogue des œuvres majeures de la collection de l’entreprise.[44]
Sur la recommandation d’un jury national, il obtient de Via Rail la commande d’une des douze murales destinées au Mural Lounge, les bars des voitures panoramiques Park des trains transcontinentaux canadiens.[45] Les œuvres doivent évoquer, de loin, le thème retenu : “Vision nouvelle du paysage canadien”. [46] Barbeau se voit confier la murale du train Laurentides.
Au cours de l’été, il se rend dans le comté de Charlevoix où il réalise des photographies aériennes comme études pour sa murale. Il la produit à son atelier de Montréal au début de l’automne après avoir passé l’été à Piémont, dans les Laurentides au Nord de Montréal. En août, il produit à l’Atelier Mario Boyer Inc., de Saint-Sauveur, une sculpture qui reprend en grand format une de ses maquettes du printemps précédent et qu’il intitule La Piémontaise.[47]
Les inondations survenues l’été précédent dans la région de Montréal, l’incitent donner ses archives personnelles à l’Université du Québec à Montréal. Il offre également à cette institution des cahiers de dessins de différentes périodes et une sculpture de 1985. Carolle Gagnon et Ninon Gauthier reprennent leur projet de monographie sur son œuvre, projet abandonné depuis 1983.
1989
En février, il obtient une mention à l’International Art Competition de New York pour les peintures de sa série de 1988. Deux de ses œuvres de très grand format, À ma fenêtre de 1959 et Le souffle qui engendre de 1975 figurent dans l’exposition des nouvelles acquisitions du Musée de Joliette.[48] Le centre d’exposition Drummond inclut une de ses œuvres dans une exposition itinérante d’œuvres de la Collection Union-Vie.[49]
En avril, Barbeau expose à la Galerie Kaspar de Toronto. À cette occasion, la galerie publie un catalogue avec l’appui financier du gouvernement du Québec. L’historienne de l’art anglo-canadienne Ann Davis signe la préface de ce catalogue.[50]
Son projet, présenté au concours Sculpture-Séduction, est sélectionné par un jury et choisi par la ville de Montréal Est pour être réalisé en grand format et installé dans le parc de l’Hôtel de ville. La réalisation de l’œuvre est prévue pour le printemps suivant. Les maquettes retenues par le jury sont exposées à la Galerie John Daniel (Montréal). En juin, Barbeau participe à AZ Art, Contemporary Quebec Artists, une exposition collective d’artistes québécois à la Pyramid Gallery à New York.[51] Au cours de l’été, il s’installe à Piémont où il poursuit ses recherches en sculpture. Parallèlement, il réalise une série de peintures expressionnistes sur papier, inspirées de la nature environnante. De retour à Montréal à l’automne, il reprend ses travaux de peintures de grand format dans lesquels il poursuit ses explorations du mouvement et de l’espace virtuel au moyen de la couleur.
[1] La société d’art contemporain: Montréal 1939 -1948, The Edmonton Art Gallery, Edmonton, Alberta, 1980.
[2] Cf. note 301.
[3] “Marcel Barbeau au Domaine Forget”, Plein jour sur Charlevoix, La Malbaie, 30 juillet 1980.
[4] Archives des expositions, Service des archives, Art Gallery of Windsor.
[5] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UAM, dossier 110P2a/74, Galerie Gilles Corbeil.
[6] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110p2d/2, Mécénat d’état et démocratie. Réflexion sur les politiques du Conseil des arts du Canada.
[7] THOMPSON, Don, “A Passionate Harmony: Marcel Barbeau”, seconde émission de Visions: Artists and the Creative Process, Production de TV Ontario, Toronto, VHS, 20 minutes, octobre 1983 et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/82.
[8] Cf. note 314.
[9] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/76, Galerie Sherbrooke.
[10] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/72 et vidéo: Marcel Barbeau, interview, Centre d’exposition Drummond, Drummondville, avril 1982, Bêta, 30 minutes. Archives du Centre d’exposition Drummond. Copie, archives personnelles de l’artiste.
[11] Marcel Barbeau, Centre d’exposition Drummond, Drummondville, mars 1982.
[12] International Art Expo, New York, avril 1982 et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/79, International Art Expo.
[13] Cf. Annexe E, Source, sous Dictionnaires, dictionnaires bibliographiques et index.
[14] The Essential Line : Art and Purpose in Drawing, Confederation Centre Art Gallery and Museum, Charlottetown, Prince-Edward-Island, 1982.
[15] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/75, Galerie Cultart.
[16] Cf. note 314.
[17] Carton de cette exposition, dossier de presse, archives personnelles de l’artiste.
[18] Cf. note 104 reportage photographique de Robert Etchevery, archives photographiques de Robert Etchevery et fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste; correspondance Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/82, TV Ontario.
[19] Photographies de Martin Gauvreau, Fonds d’archives photographiques de l’artiste, Album évènements 1980-1985.
[20] Photographie de ce stand, archives photographiques de Robert Etchevery et archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques.
[21] PAKOWSKY, Sandra, The Non-Figurative Artists’ Association of Montreal, Sir George Williams Art Galleries (Concordia Art Gallery), Concordia University, Montréal, 1983; p. 30; o. rep. n/b, p. 33 et Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/81,Sir George William Art Galleries, Montréal.
[22] Catalogue, Musée du Québec – Cinq cents œuvres choisies – Exposition du cinquantième anniversaire, Musée du Québec, Ministère des Affaires culturelles et Publications du Québec, Québec, 1983.
[23] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM dossier 110P2a/83, TV Ontario.
[24] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, dossier 110P2a/83, Galerie Lallouz.
[25] Carton de cette exposition, archives personnelles de l’artiste, dossier de presse.
[26] LEPAGE, Jocelyne, “Une riche idée de Mc Donald”, La Presse, Montréal, jeudi 14 mars 1985; SCHURMACHER, THOMAS, “Canadian ‘night heat’ a winner but dont ‘tell this critic”, The Gazette, Montréal, 7 mars 1985.
[27] Les vingt ans du musée à travers sa collection, exposition du vingtième anniversaire, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, 1985.
[28] Carton de cette exposition, archives personnelles de l’artiste, dossier de presse.
[29] Cf. note 104, reportage photographique de Robert Etchevery (diapositives) et reportage vidéo de la Société Radio-Canada. Aussi archives de Vincent Dionne.
[30] DAIGNAULT, Gilles, “Expositions”, Le Devoir, Montréal, 26 octobre 1985, p.32.
[31] MBAM, Service des archives, archives des expositions.
[32] Archives du Musée d’art contemporain de Montréal, dossiers des expositions.
[33] Carton de cette exposition, dossier de presse, archives personnelles de l’artiste.
[34] Cf. note 347.
[35] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, dossier 110P2a/67, Galerie Dresdnere .et WILKIN, Karen, The Automatists Then and Now/Les Automatistes d’hier à aujourd’hui, Galerie Dresdnere, Toronto, 1986.
[36] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, Évènements, reportage photographique de Robert Etchevery et cliché d’un photographe anonyme.
[37] Cf. note 347.
[38] DAIGNAULT, Gilles, “Peinture québécoise 1946 – 1986”, Vie des arts, no 126, Montréal, printemps 1987, o. rep.
[39] Cf. note 347.
[40] Cf. note 347.
[41] Vingt ans de peinture: choix d’artistes, Conseil québécois de la peinture et Centre des arts contemporains, Montréal, 1987.
[42] Cf. note 347.
[43] Dépliant de l’exposition Une sculpture dans mon jardin, Conseil de la sculpture du Québec, Montréal, mars 1988.
[44] Esso Resources’ Canadian Art Collection Historical Selection 1779-1962, Esso Resources, Calgary, 1988.
[45] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, dossier Via Rail.
[46] Dossier Photographies d’expression et de documentation, photographie aérienne de Charlevoix, été 1988, Fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[47] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Photographies d’atelier, photographe anonyme.
[48] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et autres évènements, photographie Denis Babary.
[49] DUPONT, André et BLANCHETTE, Normand, Découvrez la Collection d’œuvres d’art de l’Union-Vie, L’Union-Vie compagnie mutuelle d’assurance, Drummondville, 1989. 66 p., o. rep. ISBN 2920506099.
[50] DAVIS, Anne, Marcel Barbeau: works from 1957-1989, Kaspar Gallery, Toronto, avril, 1989 et archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Exposition Kaspar Gallery,1989.
[51] Archives personnelles de l’artiste, dossier de presse, carton de cette exposition.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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1990
Au cours de l’hiver, Barbeau poursuit ses travaux en peinture et en sculpture dans la voie amorcée en 1987-1988. Il réalise plusieurs peintures de très grand format. Du 18 avril au 5 mai, la Galerie Kastel de Westmount, banlieue cossue de Montréal, expose quelques œuvres anciennes de Barbeau dans le cadre de l’exposition Collector’s Choice.[1]
En mai, Barbeau fait réaliser à l’atelier Wier, sa sculpture monumentale Les portes du regard, pour le Parc de l’Hôtel de ville de Montréal-Est.[2] Il produit une autre sculpture monumentale pour la résidence secondaire de son marchand d’art torontois.
À l’occasion d’un bref séjour à Paris au début juillet, il amorce des relations avec la Galerie Donguy et planifie une exposition pour le printemps suivant. En août, il est l’artiste invité du Symposium de la Jeune peinture de Baie-Saint-Paul que dirige Françoise Labbé.[3]Il y réalise en public sept grands tableaux dont deux tableaux de très grand format. En septembre, le nouveau train de Via Rail est inauguré à Montréal et une exposition des murales comprenant celle de Barbeau, circule à travers le Canada à cette occasion. L’évènement donne lieu à une publication.[4]
Sous le titre Marcel Barbeau : le regard en fugue, la maison d’édition CECA publie une monographie illustrée sur son œuvre, signée par Carolle Gagnon et Ninon Gauthier. Le lancement a lieu au Musée des beaux-arts de Montréal.[5] À l’occasion du lancement, Barbeau tient de nombreuses expositions, mettant en relief différents aspects de son œuvre: à Montréal à la Galerie Michel-Ange,[6] à Toronto à la Kaspar Gallery, à Québec à la Galerie Estampe-Plus, à Chicoutimi au Centre socioculturel, à LaSalle à la Galerie C du Centre d’art Lemieux, à Saint-Bruno au Centre d’art du Vieux-Presbytère.[7]
En octobre, une de ses sculptures figure dans l’exposition d’œuvres de collectionneurs de la région, au Musée des beaux-arts de Sherbrooke en Estrie. En novembre, quelques-unes de ses œuvres figurent dans l’exposition Les Automatistes, à la Drabinsky Gallery[8] et dans l’exposition Canadian Avant-Garde, à la Kaspar Gallery, à Toronto.[9].
On peut aussi voir, du 18 octobre au 10 novembre, quelques-unes de ses œuvres anciennes des collections publiques québécoises à l’exposition Les Automatistes : Toiles et papier, au W. K. P. Kennedy Gallery, à North Bay (Ontario).[10]
En décembre, Barbeau amorce une nouvelle série de peintures.
Privilégiant les harmonies de nuances, jeux de nuances, il réduit sa palette à des harmonies de noir, de blanc et de gris parfois légèrement teintés de pourpre ou de bleu.
1991
Il poursuit la série de peintures à dominante grise et met la dernière main aux préparatifs de son exposition à la Galerie Donguy. En mars, Rétine prétentieuse de 1965 figure dans l’exposition Robert Ayre : le critique face à la collection, présentée à la galerie d’art de l’université Concordia.[11] Suite marocaine 2 illustre la couverture du livre L’agression sexuelle, publié aux Éditions du Méridien dans la collection Étude du comportement.[12]
Début avril, il se rend à Paris pour son exposition chez Donguy.[13] Il y séjourne pendant deux mois, à la cité universitaire où il est l’hôte de Louis-Marie Tremblay, le directeur de la maison du Canada et de son épouse, la peintre Yvette Froment. Durant ce séjour, il réalise cinq tableaux dans le prolongement de la série de ses tableaux gris. Il redécouvre Paris, renoue avec ses amis parisiens et visite plusieurs expositions, dont l’exposition Breton au Musée national d’art moderne.
Il participe à une table ronde sur le Mouvement automatiste organisée par les Services culturels de la Délégation générale du Québec à Paris. Les philosophes et critiques d’art Charles Delloye, Carolle Gagnon, Fernand Leduc et Thérèse Renaud. Le critique d’art Pierre Descargue anime les débats.À son retour au Canada, il s’arrête à Amsterdam et visite les musées.
Il passe l’été à Piémont où il poursuit ses travaux en peinture et en sculpture. General Electric du Canada lui commande une sculpture pour la donner à l’Université Mc Gill, à l’occasion du 350e anniversaire de Montréal.[14]
En octobre, à l’occasion du congrès d’AICA, il accompagne son épouse à Los Angeles où il n’est pas retourné depuis 1971. Il y visite plusieurs musées et galeries. Il planifie un projet d’exposition avec la Galerie Esgaard de Santa Monica et avec la Century Gallery, galerie publique de Los Angeles County.
En novembre, on retrouve ses œuvres à la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce dans l’exposition du vingt-cinquième anniversaire du Conseil de la peinture.[15] En novembre, la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal consacre une exposition à son œuvre graphique, Marcel Barbeau – 1954-1978 – dessins de grand format.[16] Parallèlement à cette exposition, la Galerie Michel-Ange de Montréal expose ses œuvres récentes.[17] En vue d’une exposition sur l’histoire de la sculpture moderne au Québec, il réalise d’après une photographie d’époque, une réplique d’une de ses sculptures de 1957 qui ont toutes été détruites, faute d’espace d’entreposage. Le 5 décembre, il participe, à titre de membre du comité d’honneur, à une soirée-bénéfice au profit du Conseil de la peinture du Québec dans le cadre d’une projection du film Van Gogh de Piallat au Musée des beaux-arts de Montréal.
1992
L’écrivain d’art et traducteur torontois, Ray Ellenwood, publie Egregore : The Montreal Automatist Movement.[18] C’est le premier ouvrage important publié en langue anglaise sur le groupe d’artistes montréalais. Le livre retrace non seulement les grands moments du mouvement, mais aussi l’itinéraire personnel de chacun des membres du groupe jusqu’en 1990.
Barbeau réalise en usine la sculpture Fenêtre sur l’avenir.[19]L’Université Bishop de Lennoxville inaugure le 24 janvier la galerie d’art de son Centre d’artistes par une exposition de peintures et de sculptures récentes de Marcel Barbeau.[20] L’exposition se prolonge jusqu’au 13 mars. À Stratford, en Ontario, la galerie d’art expose un grand dessin de 1960 de Barbeau dans le cadre d’une exposition de ses acquisitions récentes.Du 8 février au 8 mars, le Pavillon des Arts, centre d’exposition de la petite ville touristique de Sainte Adèle dans les Laurentides, présente une exposition de ses œuvres du début des années quatre-vingt.L’Espace Prin à Montréal, inaugure le 14 février une exposition de groupe incluant quelques œuvres récentes de Barbeau.[21] En avril, quelques-unes de ses œuvres figurent dans l’exposition Modern Abstract Expressions à la Galerie Kastel à Westmount, banlieue cossue de Montréal.[22] Il figure aussi dans l’exposition Naissance et persistance de la sculpture au Québec 1946-1961,[23] au Musée du Québec.
En mars, il retourne à Paris pour un séjour de trois mois. Il réintroduit la couleur dans sa nouvelle série de collages et de peintures, plus denses et plus complexes. Début juin, il tient une petite exposition de cette dernière série parisienne dans le Salon Wilson de la Maison du Canada à la demande de son directeur.[24] Puis il se rend à Lausanne où il visite quelques musées, dont le Musée de l’art brut et le Musée d’art contemporain.
À son retour au Québec à la mi-juin, il s’installe pour l’été à Piedmont. Il y développe de nouvelles recherches en sculpture en utilisant des éléments modulaires en bois. Il assemble une sculpture monumentale, Dialogue à contre-jour,[25]qu’il installe temporairement dans le jardin du bureau de poste, et une autre, L’échelle de lumière, qui est acquise par un collectionneur et installée dans son jardin privé de Piémont.[26]En août, il installe sa sculpture Fenêtre sur l’avenir à l’université Mc Gill.[27]
Au cours de l’été et de l’automne ses œuvres des années quarante et cinquante figurent dans des expositions historiques, organisées à l’occasion du trois cent cinquantième anniversaire de Montréal: Tableau inaugural,[28] au Musée d’art contemporain de Montréal, L’anarchie resplendissante de la peinture,[29]à la Galerie d’art de l’Université du Québec à Montréal. En octobre, on dévoile sa sculpture Fenêtre sur l’avenir dans le cadre de la cérémonie d’ouverture des célébrations du 350e anniversaire de Montréal sur le campus de l’Université McGill.[30]
En novembre, Barbeau assiste à l’inauguration au Musée du Québec de l’exposition La crise de l’abstraction au Canada : les années cinquante,[31] une exposition itinérante organisée par le Musée des beaux-arts du Canada. Une autre exposition collective portant sur la même période, Achieving the Modern,[32] organisée par le musée de Winnipeg amorce presque en même temps son circuit à travers les musées canadiens. Il figure également dans l’exposition de la collection du petit musée municipal de Lachine, Une ville, un musée, une collection, une exposition qui circulera dans plusieurs centres d’expositions de la banlieue de Montréal.[33]En novembre, les deux estampes réalisées à l’occasion de la publication de la monographie sur son œuvre sont exposées à la Biennale internationale d’estampes Catania-Bronte au College Capizzi en Sicile. Il participe du 25 novembre au 20 décembre à une exposition d’artistes des Laurentides à la Galerie d’art du Vieux Palais, le centre culturel de la ville de Saint-Jérôme, avec deux peintures récentes.[34] Rétine Oh la la!, une de ses œuvres cinétiques des années soixante figure dans l’exposition Montréal 1955-1970 Années d’affirmation – La collection Maurice Forget, à la galerie d’art du cégep (collège) Édouard-Montpetit.[35]Maurice Forget est un collectionneur montréalais éminent et il est membre de nombreux comités et conseils d’administration d’organismes culturels. Aussi, l’exposition est largement couverte par les médias.
1993
En février, la Galerie Westbridge de Vancouver présente une exposition de ses œuvres. En mai, la réunion annuelle de l’Académie Royale des Arts du Canada se tient à Montréal. Marcel Barbeau y est reçu officiellement à l’occasion du dîner annuel des membres. On peut voir l’une de ses œuvres dans l’exposition Nouvelles acquisitions au Musée de Joliette[36] et dans l’exposition du Quinzième anniversaire de la Galerie Drummond du centre d’art de Drummondville, 15 ans 15 artistes, du 13 juin au 19 septembre.[37] Le British Museum acquiert d’un marchand d’art torontois trois encres de sa suite des Combustions originelles du début des années cinquante.
En septembre, Barbeau retourne pour un séjour prolongé à Paris où il poursuit la série amorcée en 1991. Il obtient d’abord pour deux mois un atelier à la Cité internationale des arts. En novembre, il s’installe dans un atelier de la fondation de la Cité internationale universitaire alors qu’il loge à la Maison du Canada. À la demande du sculpteur Mario Merola, qui prépare un recueil d’écrits d’artistes, Barbeau écrit un texte dans lequel il tente de faire le point sur sa démarche.[38] À cette occasion, il donne le titre Anaconstructions à la série de peintures qu’il poursuit depuis 1991.
1994
En février, il assiste au vernissage d’ouverture des nouvelles installations du Musée de Grenoble avec son épouse ainsi que leurs amis Charles et Bernadette Delloye. À la fin du mois, il se rend à Madrid et à Tolède avec son épouse et visite les grands musées de la région. Il est particulièrement touché par la présentation de Guernica de Picasso au Musée de la Reina Sophia.
En février, W. K. Kennedy Gallery de North Bay en Ontario expose plusieurs de ses œuvres dans le cadre de l’exposition Montreal Painting 1930-1960: An Era of Change. En avril, il tient une seconde exposition à la Galerie Donguy.[39] À l’occasion du vernissage, les Éditions Cercle d’art lancent l’édition européenne de la monographie sur son œuvre. Rétine Time Square figure dans l’exposition La collection Lavalin Le partage d’une vision, une exposition itinérante organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal.[40] En juillet, il représente le Québec aux Jeux de la Francophonie à Paris. Il y obtient la Médaille d’or de peinture.[41]
Il revient au Québec pour y préparer sa prochaine exposition solo à la Galerie Michel-Ange. Il poursuit la série des Anaconstructions, avec des œuvres de très grand format. En septembre, il se rend à Los Angeles pour l’ouverture de l’exposition From Quebec, exposition de six artistes québécois dont il est l’initiateur et dont son épouse Ninon Gauthier est la conservatrice invitée.[42] À la fin septembre, il expose ses peintures récentes, dont deux peintures de très grand format, à la Galerie Michel-Ange.[43]Le magazine Vie des arts publie un article sur sa production récente à cette occasion. Après un bref séjour à Paris en octobre, Barbeau retourne à Montréal pour y organiser une exposition de ses peintures murales récentes qui, faute d’espace, n’ont pas pu être accrochées à la Galerie Michel-Ange. Cette exposition, composée de six peintures murales récentes, est inaugurée le 15 novembre dans le hall principal de la Tour de la Bourse de Montréal.[44]
1995
Plusieurs de ses peintures de la période automatiste de la collection du Musée des beaux-arts du Canada font partie de l’exposition itinérante Prélude à l’automatisme,[45] organisée par le musée national canadien. Trois de ses peintures des années cinquante et soixante figurent dans le nouvel accrochage des salles d’art contemporain canadien de ce musée.
Le 4 février Barbeau retourne à Paris où il séjourne jusqu’à la fin avril. Il y amorce de nouvelles recherches en sculptures polychromes, inspirées de ses sculptures de 1984 et de ses peintures récentes. Il réalise une nouvelle sculpture polychrome en contreplaqué de bois peint, en continuité avec sa production picturale.
Le Musée du Québec expose une de ses encres de la suite Combustions originelles appartenant de la collection du Musée dans le cadre de l’exposition Contacts : petit format.[46] L’exposition, qui s’ouvre le 23 avril, se prolonge jusqu’au 13 octobre. Une petite encre de 1946 est reproduite dans le catalogue de l’exposition Jamais plus comme avant – Le Québec de 1945 à 1960, du Musée de la Civilisation à Québec[47] alors que Dauphinelle, un petit tableau de 1976 illustre la couverture de Québec État et société du politicologue Alain G. Gagnon.[48]
À la fin avril, Barbeau se rend à Cambridge à l’invitation de l’historienne d’art Maria Tippett et de son époux, l’historien Peter Clark. Cette compatriote, historienne de l’art réputée, enseigne dans un des collèges de la grande université britannique. Cette dernière lui propose d’organiser une exposition de ses œuvres récentes à la galerie d’art de Churchill College, auquel elle est rattachée à titre de membre du comité de la galerie. De retour à Montréal en mai, Barbeau reprend sa production en peinture en vue d’une exposition à la Galerie d’arts contemporains, du 12 septembre au 5 octobre.
Le Gouverneur général du Canada lui décerne l’Ordre du Canada avec le grade d’officier. À l’invitation du Gouvernement du Canada, il se rend à Ottawa en décembre pour la cérémonie de remise des médailles.[49]
1996
À la mi-janvier, retourne à Paris où il habite à la Cité Universitaire. Il y travaille tout l’hiver dans un petit atelier appartenant à la Fondation internationale. En avril, il est l’invité des Amis de la Grande Vigne, à Dinan.[50] Inspiré par la beauté et la tranquillité du lieu, il y produit six peintures et une sculpture d’assemblage polychrome. Après un bref séjour chez une amie, Nicole Chauvel, à Millemont, il revient au Québec en mai.
En mai, le Centre d’exposition du Vieux Palais à Saint-Jérôme expose la photographie de Liberté, Liberté chérie dans le cadre de l’exposition Art public/modèles réduits. Au cours de l’été 1996, il partage son temps entre Montréal et Pointe-au-Pic. Préoccupé par la précarité de sa situation et gagné par le climat d’insécurité et de morosité qui prévalent à Montréal, il ne produit qu’une sculpture de grand format au cours de l’été.
Le 21 août, le ministère de la Culture de France accorde à Barbeau un atelier permanent avec logement, à Bagnolet.[51] Il vend sa résidence de la rue Amherst pour s’installer au début d’octobre dans cette ville de la proche banlieue parisienne. Il consacre l’automne à l’aménagement de son nouveau logement.
1997
Il complète l’aménagement de son nouvel atelier. À la mi-mars, sa fille Manon lui rend visite en vue de la préparation de son film Les enfants de “Refus Global”.[52] À la fin mai, elle est de retour à Paris pour le tournage du film avec une équipe de l’ONF.[53]Barbeau participe intensivement au tournage et il peint un tableau de très grand format devant la caméra. De retour au Québec à la fin juin, il passe l’été à Pointe au Pic et peint à Saint-Irénée. De passage dans la région, l’historien d’art François-Marc Gagnon et son épouse Pina visitent son atelier. Durant l’été, le Musée du Mont Saint-Hilaire expose quatre de ses œuvres dans le cadre de l’exposition Les Automatistes et le Mont Saint-Hilaire.[54] À la mi-juillet, Barbeau visite l’exposition en compagnie son épouse, de Carolle Gagnon et de son compagnon Dick Shell.
En septembre, il participe à titre d’invité d’honneur à l’exposition Itinéraire 97 à Levallois-Perret dont le Québec est l‘invité.[55] En octobre, il prononce à titre d’invité d’honneur le discours inaugural de l’exposition anniversaire de l’atelier de la Vignette, à Dinan.[56] À la suite d’un excès de travail et inquiet de son avenir, Barbeau sombre à nouveau dans une dépression profonde et il est hospitalisé à l’Hôpital Laënnec le 23 décembre, séjour qui se prolonge jusqu’au 3 mars 1998.
1998
En février, le Service culturel de l’Université François-Rabelais de Tours présente une exposition de ses peintures, de ses collages et de ses sculptures récentes à la Galerie Mathurin dans le cadre de Journées québécoises.[57] Lancé au Festival des Films sur l’art de Montréal en février, le film de sa fille Manon Barbeau provoque une importante controverse dans les médias.[58]
À la fin février, Barbeau recouvre la santé. Au cours de ses dernières semaines d’hospitalisation, il produit une cinquantaine de collages en se servant de papier de couleur et de coupures de magazine.[59] L’un d’entre eux, L’homme est imprévisible, lui sert de maquette pour l’estampe du livre d’art que le Musée du Mont Saint-Hilaire publie à l’occasion de l’exposition du cinquantième anniversaire du manifeste automatiste, Éternel présent : 50 ans après “Refus global”[60] À sa sortie de l’hôpital, au début mars, Barbeau rédige un texte d’accompagnement pour le livre d’art publié à l’occasion de cette exposition.[61] Il produit un grand tableau dans lequel, il introduit des éléments de collage, utilisant des affiches de cinéma qu’il déchire et découpe. Insatisfait, il le détruit aussitôt. Projetant de produire une œuvre d’une longueur de cinq mètres pour l’exposition du Musée du Mont Saint-Hilaire, il loue pour un mois, par l’intermédiaire de son voisin, le peintre algérien Djeffar Bestani, l’atelier Corlin, situé rue Émile-Dubois dans le treizième arrondissement.[62] Il utilise l’un de ses derniers collages comme étude préliminaire de ce grand tableau. Il y intègre à nouveau des éléments de collage sous forme de textes. À cette fin, il sélectionne des extraits de Refus global, qu’il fait agrandir et photocomposer dans un atelier de graphisme du quartier. À la fin mars, son nom est retenu pour la première fois pour un concours d’intégration de l’art à l’architecture du gouvernement québécois.[63] Malgré une santé encore vacillante, il fait un saut à Québec, pour y rencontrer l’architecte. À son retour en France, il complète le tableau de l’exposition Éternel présent et il produit six études en vue de sa participation à la finale du concours québécois. Le projet d’une grande murale sur toile de lin, qu’il présentera le 14 mai à Québec, ne sera pas retenu par le jury qui lui préférera une murale de granit, essentiellement décorative.
Parallèlement à ces activités intenses de création, il réalise un entretien avec son épouse Ninon Gauthier à propos de sa participation au mouvement automatiste pour le numéro spécial de la revue l’Action nationale, consacré au manifeste Refus global.[64] Avant son départ pour le Québec, où il prévoit passer l’été, il accorde une entrevue au journaliste Michel Arsenault pour le magazine l’Actualité[65] et une autre, à Jean Barbe, de passage à Paris pour enregistrer l’émission spéciale des Beaux dimanches, “Refus global et la quête de la liberté” dont la diffusion sur les ondes de Radio Canada est prévue pour le 9 août suivant. À l’occasion du cinquantenaire du manifeste, plusieurs expositions réunissent des œuvres de ses signataires. Ainsi, deux de ses œuvres figurent dans l’exposition Borduas et l’épopée automatiste,[66] au Musée d’art contemporain de Montréal. On peut également voir ses œuvres à l’exposition d’œuvres abstraites des collections permanentes du Musée des beaux-arts du Canada, de la Galerie Leonard et Bina Ellen Gallery à l’Université Concordia et du Musée des beaux-arts de Montréal. Une de ses peintures de 1976, Cap-à-l’Aigle, figure également dans l’exposition didactique, Rêver en couleur, organisée par le Service de l’éducation du Musée des beaux-arts de Montréal.[67] Un cédérom reproduisant Cap-à-l’Aigle est produit à cette occasion. À son retour à Montréal, Barbeau supervise la production de son estampe incluse dans le livre d’art Éternel présent. Il assiste au vernissage de l’exposition au Musée de Saint-Hilaire.[68]
Il visionne le film Les enfants de “Refus global” de sa fille Manon et il la revoit fréquemment au cours de l’été.[69] Ce long séjour est aussi une occasion de retrouvailles avec des amis. Il loue un atelier, rue Saint-Laurent où il travaille quotidiennement durant tout l’été.
Le directeur et le conservateur du Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup) et la conservatrice du Domaine Cataraqui (Québec) lui rendent visite en vue de l’organisation d’expositions au cours de l’été 1999. Ces rencontres chaleureuses et une activité professionnelle modérée favorisent son retour à la santé. En juillet et en août, il fait de courts séjours à Pointe au Pic (Charlevoix), dans la famille de son épouse. En août, son tableau Le tumulte à la mâchoire crispée (1946) est reproduit dans la série de timbres commémoratifs du Refus global que publie la Société des Postes du Canada.[70] À cette occasion, le Musée canadien de la Poste organise une exposition itinérante des œuvres reproduites sur les timbres qui est inaugurée au Musée des civilisations à Ottawa, le 7 août.
[71]
Cette exposition est par la suite présentée à Canada House, à Londres, le 18 septembre, puis au Centre culturel canadien, à Paris, le 24 septembre, et plus tard au cours de l’automne, à l’Ambassade du Canada, à Washington. Barbeau est présent aux vernissages de cette exposition à Ottawa, à Londres et à Paris. Le 29 septembre, il participe avec Madeleine Arbour, Pierre Gauvreau et Françoise Sullivan, à une table ronde réunissant des signataires de Refus global au Musée des beaux-arts du Canada.[72]
Il se rend ensuite à New York pour récupérer quinze tableaux conservés dans un entrepôt par son ancien marchand, Bruno Palmer-Poroner depuis la fin des années soixante.[73] De retour à Paris, il assiste au vernissage de l’exposition sur Les Automatistes et “Refus global” au Centre culturel canadien à Paris.[74] Il participe aussi à une table ronde présentée dans le cadre du colloque Les automatistes à Paris. Fernand Leduc, Thérèse et Jeanne Renaud participent également à cette rencontre.[75]
Du 31 octobre au 15 novembre, le comité des arts de Churchill College Art Gallery de l’université de Cambridge présente une exposition de peintures, de sculptures et de collages récents de Barbeau. On publie une affiche, une estampe et un catalogue, Marcel Barbeau Mastering the Accidental à cette occasion.[76] La préface est signée par une jeune historienne de l’art britannique, Linda Goddard et la chronologie, par son épouse, l’historienne de l’art Ninon Gauthier. L’artiste se rend en Angleterre pour le vernissage. Plusieurs personnalités de l’Ambassade du Canada, du Consulat de France et de la Délégation générale du Québec, le sculpteur britannique Sir Anthony Caro ainsi que quelques amis français de l’artiste se joignent aux professeurs et aux étudiants de Cambridge pour le vernissage.[77] Durant son séjour Barbeau et son épouse participent à une rencontre avec des étudiants et ils donnent une causerie au Cambridge Arts Club. L’exposition est également présentée à Loughborough University School of Art and Design, dans le Leicestershire en Angleterre du 20 novembre au 11 décembre.[78] En plus de ces nombreuses activités, Barbeau peint quatre nouveaux tableaux, dans lesquels il s’inspire de la composition de ses collages de l’hiver précédent.
1999
Il passe la Noël chez Nicole Chauvel, dans les Yvelines avant de reprendre son travail de création. En mai, il organise une performance interdisciplinaire avec la troupe de danse Praxis que dirige la chorégraphe Anna Mortlay avec l’appui financier du Centre culturel canadien. À l’invitation de Marcel Barbeau, la cantatrice québécoise Pauline Vaillancourt, dont le peintre suit la carrière depuis le milieu des années soixante-dix, accepte de se joindre au groupe. L’évènement a lieu le 3 juin à Paris, dans le dix-neuvième arrondissement, au bassin de la Villette, devant le 10 Quai de Seine.[79]La cinéaste Manon Barbeau, tourne l’évènement et quelques scènes complémentaires en vue de la réalisation d’un portrait cinématographique de son père.
À la mi-juin, Marcel Barbeau se rend au Québec pour assister au vernissage de l’exposition Marcel Barbeau : le fleuve en escales, au Musée du Bas-Saint-Laurent à Rivière-du-Loup.[80]Après de brèves vacances à Pointe-au-Pic, il est de retour à Montréal. Il sous-loue l’atelier 916 de l’édifice Alexander, situé au 460 de la rue Sainte-Catherine Ouest, où il peint tout l’été. En août, Manon Barbeau reprend le tournage des dernières images de son film sur son père, tournage qui se poursuit jusqu’en octobre. À cette occasion, Barbeau organise un évènement interdisciplinaire autour de la sculpture Liberté, Liberté chérie (Marina de Lachine), avec la danseuse et chorégraphe Jocelyne Montpetit.[81]
Le tournage se poursuit à Québec, durant l’accrochage et le vernissage de l’exposition rétrospective, Marcel Barbeau, en filigrane au Domaine Cataraqui.[82]Barbeau participe à la création d’une chorégraphie avec les danseurs Danica Dutil et Patrick Martin. La performance est présentée à l’occasion du vernissage le 19 septembre de Sillery.[83] À cette occasion, il invite aussi le clarinettiste Jean-Guy Boisvert à donner des extraits d’Arlequin de Karlheinz Stockhausen, un compositeur dont la musique a joué un rôle de premier plan dans son évolution.[84] Le 25 septembre, Barbeau participe aux Journées de la Culture au Musée du Bas-Saint-Laurent.[85]
Il prolonge au Domaine Forget de Saint-Irénée sa session de production estivale en vue de son exposition de peintures de grand format, prévue à la Galerie Montcalm de la Maison du Citoyen de Hull en mai 2000, ce qui donne lieu à un autre tournage.[86]. À Montréal, son tableau Rétine virevoltante figure dans l’exposition Les Galerie Denyse Delrue (1957-1984) à la Maison de la culture Frontenac qui présente également l’exposition du Musée-de-Rivière-du-Loup en décembre. À son retour à Bagnolet à la fin octobre, il produit deux nouvelles peintures de grand format pour cette exposition, L’été de la longue clarté et Tourbillon sonore pour la suite des temps, qu’il termine le premier janvier 2000.
[1] Cf. note 347.
[2] Catalogue Sculpture Séduction ’90: le rayonnement d’un art dans les jardins municipaux de la Communauté urbaine de Montréal, Conseil de la sculpture du Québec, Montréal, 1990 ; archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Évènements et expositions, photographies du dévoilement de cette sculpture par Robert Etchevery.
Les portes du regard » est dévoilé en Mai dans le cadre d’une cérémonie officielle . Barbeau assiste également en juin à Ville Saint-Laurentavec le laplaupart des autres sculpteurs participants au lancement officiel de l’événement Sculpture Séduction et du nouveau parcours de sculptures le long des pises cyclables montréalaise, résultant de cette intiative du Conseil de la sculpture du Québec.
[3] Dépliant Voir, Symposium de le Jeune Peinture au Canada, Baie-Saint-Paul, été 1990.
[4] D’art et d’acier, Via Rail, Montréal, 1990. Deux exemplaires de ce catalogue, appartenant à Marcel Barbeau et à Ninon Gauthier signés par la plupart des artistes sélectionnés.
[5] Reportage photographique du lancement au MBAM par Robert Etchevery, archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et évènements 1990-1995.
[6] Reportage photographique ( diapositives) du lancement à la Galerie Michel-Ange par un photographe anonyme, archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et évènements.
[7] Archives personnelles de l’artiste, dossier de presse, cartons d’invitation pour ces expositions.
[8] BURNETT, David, Les Automatistes, The Drabinski Gallery, Toronto, octobre 1990.
[9] Archives personnelles de l’artiste, dossier de presse, carton d’invitation.
[10] COLLINS, Curtis, J. et GEDEN, Dennis, Les Automatistes : toile et papier, W.K.P. Kennedy Gallery, North Bay, Octobre 1990, p. 3, o. rep.
[11] PAKOWSKI, Sandra, Robert Ayre: the critic and the collection, Concordia Art Gallery, Concordia University, Montréal, 1992. 59 p.; p. 5; o. rep. n/b, p. 47.
[12] COHEN, Henri, ouvrage collectif sous la direction de, L’agression sexuelle, Collection Étude du comportement, Éditions du Méridien, Montréal, 1991.
[13] Archives personnelles de l’artiste, dossier Galerie Donguy, dossier de presse, cartons d’invitation et communiqué de presse et fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et autres évènements, reportage photographique par Yvette Froment.
[14] Fonds d’archives Marcel Barbeau, Service des archives et de gestion des documents, UQÀM, Université McGill et General Electric.
[15] 25 ans du Conseil, 25 ans de peinture, Conseil de la peinture, Maison de la culture Côte-des-Neiges et Notre-Dame-de-Grâce, Montréal, 1991; o. rep.
[16] Archives personnelles de l’artiste, dossier de presse et carton d’invitation à cette exposition.
[17] Cf. note 381.
[18] ELLENWOOD, Ray, Egregore: The Montreal Automatist Movement, Exile Editions, Toronto, 1992; o. rep. Traduction en français, 2003.
[19] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Photographies d’atelier, reportage photographique sur la production de la sculpture en usine, par Robert Etchevery.
[20] Archives personnelles de l’artiste, dossier Université Bishop et fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et autres évènements, vues de l’exposition (diapositives) par un photographe de l’université.
[21] Art Gallery, Stratford, Ontario, archives des expositions et Stratfort Beacon Herald, Stratford , Ontario, 11 janvier 1992. o. rep.
[22] Carton d’invitation à cette exposition, dossier de presse, archives personnelles de l’artiste.
[23] SAINT-PIERRE, Gaston et MARTIN, Michel avec une postface de LAMARCHE, Lise, La sculpture au Québec: naissance et persistance 1946-1961, Musée du Québec, Québec, 1992.
[24] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Expositions et autres évènements, reportage photographique sur le vernissage par Yvette Froment.
[25] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier sculpture.
[26] Cf. note 390.
[27] Cf. note 390.
[28] BELISLE, Sandra, GAGNON, Paulette, GRANT, Sandra Marchand et Landry, Pierre, Tableau inaugural, -La Collection, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, 1992, 592 p. p. 75, 75, 112,113, 504, 520 et 521, o. rep. p. 75 et 112.
[29] DAIGNAULT, Gilles et GAGNON, François-Marc, Montréal: 1942-1992: l’anarchie resplendissante de la peinture, Galerie UQÀM, Université du Québec à Montréal, 1992. O. rep.
[30] Reportage photographique par Robert Etchevery, , dossier Expositions et évènements 1990-1995, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[31] LECLERC, Denyse, La crise de l’abstraction au Canada: les années cinquante, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 1992 et Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, carton d’invitation.
[32] PAKOWSKI, Sandra, Achieving the Modern : Canadian Abstract Painting and Design in the 1950’s, Winnipeg Art Gallery, 1993. 96 p.; o. rep. p. 19.
[33] TOUPIN, Claude, Une ville, une collection, Musée de Lachine, Lachine, 1993. Dépliant-catalogue.
[34] Présent Laurentides, Centre d’exposition du Vieux-Palais, Saint-Jérôme, 1992. Portefeuille, 49 f. o. rep. ISBN 2980105570.
[35] BRUNET-WEINMANN, Monique (préface), Montréal 1955-1070 Années d’affirmation – La collection Maurice Forget, La galerie d’art du collège Édouard-Montpetit, Longueuil, janvier 1993 ; o. rep. p. 2.
[36] Archives personnelles de l’artiste, dossier de presse, carton d’invitation.
[37] Cf. note 401.
[38] BARBEAU, Marcel, “Réflexion sur ma démarche actuelle”, in Écrits et témoignages – 24 peintres, Éditions Fini-Infini, Montréal, 1994. p. 23-28; o. rep. p. 24.
[39] DELLOYE, Charles, “Marcel Barbeau – Rétrospection et anticipation”, préface, Marcel Barbeau, dépliant-catalogue d’exposition, Galerie Donguy et Cercle d’art, Paris, avril 1994.
[40] BELISLE, Josée, La Collection Lavalin Le partage d’une vision, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, 1994. 280 p.; p. 25, 228 et 229. o. rep. p. 125
[41] Deuxièmes Jeux de la Francophonie – Francophonie 94 – Sport et Culture, Ministère de la Culture et de la Francophonie, Paris, 1994.
[42] GAUTHIER, Ninon, Of Color and Light and Drawing Allusions, CECA-Century Gallery, Montréal, 1994. Oeuv. ill. et reportage photographique d’Yvette Froment, dossier Expositions et évènements, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[43] Cf., note 331.
[44] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, reportage photographique sur le vernissage par Robert Etchevery et DUSSAULT, Anne, Marcel Barbeau, Visio 5, diffusée sur TV 5, 25 juillet 1994 et sur TV 5 Europe la semaine suivante. Archives de Coscient, Montréal.
[45] LECLERC, Denyse, Prélude à l’automatisme, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 1994.
[46] Musée du Québec, Service des archives, archives des expositions.
[47] KONINCK, de Marie-Charlotte, Jamais plus comme avant : le Québec de 1945 à 1960, Musée de la civilisation, Québec et Fides, Montréal, deuxième trimestre 1995. 183 p. O. rep.
[48] GAGNON, Alain-G., Québec État et société , Éditions Québec Amérique, Montréal,1995.
[49] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, photographie de la cérémonie par Michel Roy.
[50] Archives personnelles de l’artiste, dossier Fondation de la Grande Vigne et fonds d’archives photographiques, photographies d’une sculpture devant l’atelier de La Vignette.
[51] Archives personnelles de l’artiste, dossier Logement, Délégation des arts plastiques et premières séquences du film, Manon Barbeau, Barbeau Libre comme l’art, Coproduction InformAction et ONF, Montréal, 2002.
[52] BARBEAU, Manon, Les enfants de “Refus global”, Office National du Film du Canada, Montréal. 1998. 50 minutes.
[53] Archives personnelles de l’artiste, d’archives photographiques, photographie du tournage à Mareuil-sur-l’Ourq.
[54] GAGNON, François-Marc et LAPOINTE, Gilles, Les Automatistes et le Mont Saint-Hilaire, Musée d’art du Mont Saint-Hilaire, printemps et été 1997.
[55] Itinéraire 97, Ville de Levallois-Perret, septembre 1997; o. rep.
[56] Archives personnelles de l’artiste, dossier Fondation de la Grande Vigne et dossier de presse, carton d’invitation.
[57] Archives personnelles de l’artiste, d’archives photographiques, reportage photographique sur le vernissage par les Services culturels de l’Université François Rabelais, Tours.
[58] Dossier Cinquantenaire du ¨Refus global, 1998, Médiathèque, MACM.
[59] Archives personnelles de l’artiste, d’archives photographiques, dossier Photographies d’atelier, photographies d’installation des collages produits à l’hôpital Laënnec (mars 1998).
[60] Éternel présent, Musée d’art du Mont Saint-Hilaire, Mont Saint-Hilaire, 1998.
[61] BARBEAU, Marcel, “Témoignage sur Refus global”, in Éternel présent, op cit note 425.
[62] Photographies d’atelier par Ninon Gauthier à l’atelier Corlin, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[63] Dossier Art public, Québec., archives personnelles de l’artiste.
[64] BARBEAU, Marcel, entretien avec GAUTHIER, Ninon, ” À propos du Refus global “, Refus global 1948 – Refus total 1998, L’action nationale, vol LXXXVIII, No 7, septembre 1998.
[65] ARSENAULT, Michel, “Vol au-dessus d’un nid de Barbeau”, L’Actualité, vol 23, no 12, Montréal, août 1998, p. 64 , 65, 68 et 70.
[66] Borduas et l’épopée automatiste, Musée d’art contemporain de Montréal, Montréal, juin-septembre 1998.
[67] Rêver en couleurs, Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal, juin 1998-mai 1999. CD-rom; cf. note 63, carton d’invitation; Rêver en couleurs: sélection d’œuvres de la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal, 1998.
[68] Archives personnelles de l’artiste, d’archives photographiques, dossier Expositions et évènements.
[69] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, dossier Photographies de famille et d’amis.
[70] Collection Canada La collection des timbres du Canada 1998, Société canadienne des postes, Ottawa, 1998. p. 16-19.
[71] Reportage photographique sur cet évènement par Fernand Leclair, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[72] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, photographie de Margaux Polanski et archives du MBAC, enregistrement sonore de cette rencontre par le Service Éducatif du MBAC.
[73] Dossier Photographies de famille et d’amis, photographies de Pierre Huot, septembre 1998, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[74] GAGNON, François-Marc et VIAU, René, “Refus global” (1948) Le manifeste du mouvement automatiste, Centre Culturel Canadien à, Ambassade du Canada, Paris, 1998.
[75] GAUVIN, Lise, (ouvrage collectif sous la direction de), Les Automatistes et Paris : Actes d’un colloque au Centre culturel canadien à Paris, Éditions des 400 coups, Montréal, décembre 1999.
[76] GODDARD, Linda, GAUTHIER, Ninon et TIPPETT, Maria, Marcel Barbeau: Mastering the Accidental, Churchill College, University of Cambridge, Cambridge, octobre-novembre 1998.
[77] Reportage photographique sur le vernissage par Marie-Hélène Camus, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[78] Reportage photographique sur le vernissage par Ninon Gauthier, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[79] Archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives audio-visuelles de l’artiste copie de travail de la vidéo de la performance du même titre avec Marcel Barbeau, Pauline Vaillancourt et la compagnie Praxis sur une chorégraphie d’Anna Mortlay : BARBEAU, Manon (réalisatrice) et LAVALETTE, Philippe, (directeur de la photographie) Diamant passerelle. Aussi, reportage photographique du Dr Nathalie Guépratte, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[80] Catalogue: DAVIS, Anne, GAGNON, François-Marc et GAUTHIER, Ninon, Marcel Barbeau, le fleuve en escales 1953-1990, Musée du Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup, Novembre 1999, catalogue. 80 pages; ill : Reportages photographiques d’Yvette Froment et de Jacques Bélanger, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste. Séquences du film Barbeau libre comme l’art, op. cit.
[81] Copie de travail de la vidéo sur la performance de Jocelyne Montpetit en relation avec la sculpture du même titre de Marcel Barbeau. Lachine, 1999 : BARBEAU, Manon, (réalisatrice), Liberté liberté chérie, fonds d’archives audio-visuelles, archives personnelles de l’artiste.
[82] GAUTHIER, Ninon, préface de COUILLARD, Lucie, Marcel Barbeau en filigrane 1945-1999, Domaine Cataraqui, automne 1999. catalogue, 8 pages, ill.;– Séquences de Barbeau libre comme l’art :.BARBEAU, Manon, Barbeau Libre comme l’art, ONF/ InformAction Film, Montréal, 2000. 49 minutes ;–Reportages photographiques d’Yvette Froment, du personnel du Domaine Cataraqui et de Johanne Bergeron, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[83] BARBEAU, Manon, Lignes et couleurs, Québec, 1999. Copie de travail de la vidéo sur performance de Danica Dutil et Patrick Martin sur une chorégraphie de Marcel Barbeau et Danica Dutil, Domaine Cataraqui, Québec, 1999, fonds d’archives audio-visuelles, archives personnelles de l’artiste.
[84] Cf. Annexe B, ¨Chronologie¨, page 34.
[85] Séquences de Barbeau libre comme l’art , op. cit.
[86] Séquences de Barbeau libre comme l’art , op. cit.
1: Ce document est tirée de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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2000
En janvier, il peint un nouveau grand tableau faisant suite aux précédents. À l’invitation de la maison de production Inform’Action, Barbeau se rend à Montréal à la mi-mars pour assister à la première du film Barbeau Libre comme l’art au Festival international des films sur l’art de Montréal.[1] La projection a lieu au Musée d’art contemporain de Montréal. Il rencontre Jocelyne Montpetit en vue d’élaborer avec elle un projet de performance danse-peinture, qu’il souhaite présenter dans l’exposition de ses peintures récentes, Dérive et variations, à Hull et à Montréal au cours du printemps et de l’été suivant. À son retour à Bagnolet, il rencontre le directeur du centre d’art de Morsang-sur-Orge qui retient cinq sculptures pour une exposition que ce dernier organise en vue de développer un jardin de sculpture.[2]
De retour au Canada au début de mai, il séjourne pendant trois semaines dans la région de la capitale nationale à l’occasion de son exposition à la Galerie Montcalm, galerie publique de la ville de Hull et à la Galerie Jean-Claude Bergeron, à Ottawa. Avec son épouse, Ninon Gauthier, commissaire de l’exposition à la Galerie Montcalm, il participe au montage des tableaux et à l’accrochage. À la veille de l’exposition, il assiste à une conférence de Ninon Gauthier sur son œuvre au Musée des beaux-arts du Canada. La rencontre avec des amateurs d’art de l’Outaouais se prolonge à la Galerie Jean-Claude Bergeron dans le cadre d’une réception..[3]
Les jours suivants, Barbeau assiste aux vernissages de ses deux expositions[4] et il participe à de nombreuses entrevues. L’exposition est bien reçue par un public nombreux et elle est largement couverte par les médias régionaux. Durant son séjour dans la capitale nationale canadienne, Barbeau peint quelques petites peintures dans le jardin de la maison où il loge.
Le 20 juin, Barbeau quitte l’Outaouais pour visiter sa belle-mère à Pointe au Pic. À son retour à Montréal, il participe au montage de l’exposition à la Maison de la Culture Côte-des-Neiges et il rencontre Jocelyne Montpetit pour finaliser leur projet de performance. La veille du vernissage, Guy Boremans tourne un vidéo de la performance. Elle sera présentée sur demande dans l’exposition.[5]Le peintre participe aussi à la campagne de presse de l’expositon et à celle du film de Manon Barbeau. Le lancement du vidéo a lieu au vernissage, après la performance de Jocelyne Montpetit.[6] Ce triple évènement attire un large public, on y remarque de nombreuses personnalités de la scène artistique et cinématographique montréalaise.
Barbeau passe le mois de juillet à Westmount chez une amie, Hilda Blayer, dans le cadre d’un échange d’appartement. Il rencontre Jocelyne Montpetit pour élaborer avec elle de nouveaux projets de performances à Baie-Saint-Paul et à Tokyo. Il loue un atelier rue Saint-Laurent, mais y peint peu, étant occupé à restaurer quelques tableaux anciens, abîmés par l’entreposage et par son déménagement récent dans un nouvel entrepôt. Il y produit cependant la petite sculpture L’échelle des ombres fugitives, suite à une commande d’un jeune collectionneur, Jacques Bélanger. La sculpture est produite, sous sa supervision, par Raymond Grandbois à la fin juillet. À la mi-août, il séjourne chez sa belle-mère pendant deux semaines avant de retourner en France.
À son retour à Paris, il assiste au lancement de Paris vu par au Centre Culturel Canadien, une brochure anniversaire publiée par l’Ambassade canadienne, dans laquelle il publie un court texte sur le thème «Vivre à Paris».[7] Durant l’automne, il poursuit sa production de très grands tableaux de l’automne et de l’hiver précédent. En décembre, il assiste à la première Européenne du film Barbeau Libre comme l’art[8]à l’UNESCO. Puis il se rend à Montréal, où il conclut une entente de représentation avec Jacques Bélanger qui devient son agent à Montréal.
2001
Barbeau poursuit durant tout l’hiver et le début du printemps sa production de grands tableaux. Jacques Bélanger organise une exposition de ses œuvres à la Galerie Bernard pour le printemps 2002. Le directeur de la Galerie, Gianguido Fucito choisit deux de ses œuvres pour les inclure dans une exposition de sculpture d’artistes de la galerie. En avril, Barbeau participe au Salon de Mai avec le tableau Amour Champagne et autres choses qu’il a produit en décembre 2000, au retour d’un voyage d’affaires au Canada.[9]
À la fin d’avril, il reçoit une invitation à participer à la Biennale internationale d’art contemporain de Florence, en Italie. Grâce à l’aide d’un généreux mécène et du Gouvernement du Québec, il réunit les fonds nécessaires à sa participation. La nouvelle du décès de Françoise Labbé, la directrice du Centre d’art de Baie Saint Paul, qu’il a bien connue, le bouleverse. Il s’interroge aussi sur le sort de son projet exposition. Au début de mai, il subit une petite intervention chirurgicale qui l’immobilise jusqu’à son départ annuel pour le Québec. À la veille de son retour au Québec au début juin, Laurent Bouchard, le directeur par intérim annule la présentation de l’exposition Marcel Barbeau Le fleuve en escales à Baie-Saint-Paul.[10]
Après de brefs séjours à Montréal, où il assiste au vernissage de l’exposition de sculpture à la Galerie Bernard, il s’installe à Val Sutton, pour l’été. Un architecte et promoteur immobilier, Jean-Claude Cyr, lui aménage un atelier dans un ancien restaurant qu’il s’apprête à convertir en centre de santé. Réconforté par la commande d’un tableau de grand format et par un nouveau projet d’exposition dans la région l’été suivant, Barbeau y peint quatre nouveaux tableaux de grand format. Au cours de l’été, il organise une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit. La performance a lieu la veille de son retour en France, le 31 août dans le cadre de l’évènement La marée aux milles vagues qu’organise le musée du Bas Saint-Laurent.[11]Dès son retour à Bagnolet, il reprend sa production et il peint plusieurs tableaux de petit format en vue de son exposition du printemps à Montréal.
Début décembre, il se rend à Florence en Italie où il participe à la Troisième édition de la Biennale Internationale d’art contemporain.[12] Il obtient le cinquième prix. Il profite de l’occasion pour visiter la capitale toscane, qu’il avait traversée trop rapidement lors de son premier voyage en Italie en 1962, pour découvrir ses chefs-d’œuvre artistiques et architecturaux. Il est particulièrement touché par les murales de Ghirlandaio de San Maria del Carmine, par les Botticelli et les Velasquez de la Galerie des Offices et par la dentelle de pierre de San Maria del Fiore. À la fin décembre, il se rend à Montréal pour finaliser l’organisation de son exposition à la Galerie Bernard, et de la performance qu’il projette d’y présenter. Il passe les fêtes de fin d’année en famille.
2002
À l’invitation de ses amis, Louis-Marie Tremblay et Yvette Froment, Barbeau visite le Sud de la Floride au début janvier.[13] Il profite de ce voyage pour visiter des galeries d’art et des musées.
À son retour à Paris, il reprend sa production en vue de son exposition du printemps à Montréal. En mars, il participe à la Première biennale d’estampes et d’œuvres sur papier, qui se tient à Paris. À la fin avril, il retourne à Montréal pour son exposition «Limites vertigineuses » à la Galerie Bernard[14] dans laquelle il organise une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit. [15] À l’occasion de ce voyage, il séjourne quelques semaines à Toronto où il tente de renouer avec la scène artistique de la métropole canadienne. Après un voyage dans la région de Montpellier et bref séjour d’un mois à Bagnolet, il retourne au Québec en août où il est l’invité d’un évènement culturel dans les Laurentides. Profitant de ce séjour au Québec, les nouveaux propriétaires de son ancien atelier et résidence de la rue Amherst, Richard Soucy et Duane Kindness organisent le dévoilement d’une plaque en son honneur sur la façade de l’édifice. L’événement a lieu en présence de l’artiste entouré de collectionneurs et d’amis. Des personnalités de Montréal y assistent.
À son retour à Paris à la fin août, le peintre reprend sa production, s’interrompant à peine quelques jours pour être opéré pour une cataracte. Profitant des derniers beaux jours et de sa convalescence, il s’installe sur la terrasse de son atelier pour produire une suite de petits modèles de terre rouge.
À la fin septembre, il participe à la première Triennale d’art contemporain, à Paris. Ayant recouvré une parfaite perception des couleurs à la suite son intervention chirurgicale, il reprend sa production picturale avec enthousiasme. Il se rend à Montréal à la fin décembre pour superviser le tirage et signer deux estampes d’interprétation de sa production récente par les Communications Imprimées Bellemare Inc. Puis, il visite brièvement des amis en Floride.
2003
À son retour à Paris, à peine remis du décalage horaire et d’une intervention pour une deuxième cataracte, il reprend sa production en vue de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul à l’automne 2003.
En mars, Spectra, l’organisme organisateur du Festival International de Jazz de Montréal lui commande une estampe pour la levée de fonds de la vingt-quatrième édition de l’évènement. Au début mai, Barbeau se rend à Montréal pour superviser la réalisation et l’impression de son estampe aux ateliers de Communications Imprimées Bellemare Inc. L’estampe est intitulée Django Blue en l’honneur Django Reinhardt auquel le Festival rend hommage à l’occasion du cinquantenaire du décès du musicien de jazz franco gitan. Le titre n’est pas sans rappeler celui d’un tableau cinétique de Barbeau, Rétine Django, de 1965, qui évoquait déjà sur le mode humoristique la mémoire du musicien. Barbeau participe au lancement de l’estampe sur le site de la Place des arts. Il profite de sa présence à Montréal pour renouer avec le jazz en assistant à de nombreux concerts du Festival, dont celui qui est dédié au célèbre guitariste.
Barbeau et son épouse passent l’été à Pointe au Pic chez sa belle-mère, Fleurette Rose-Gauthier, gravement malade. Le peintre y poursuit sa production en vue de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul. À cette fin, il loue une maison voisine en construction qui lui tient lieu d’atelier. Il y reprend également en grand format une de ses sculptures de l’été 1992, propriété d’un collectionneur, qui est acquise par le Musée régional de Charlevoix.
Il profite de ce séjour pour assister à quelques concerts au Domaine Forget.
À la mi- août, il retourne à Montréal pour procéder au montage des tableaux de grands formats de son exposition et pour mettre au point, avec Jocelyne Montpetit, la performance de la chorégraphe et danseuse au vernissage de son exposition à Baie-Saint-Paul. Parallèlement, il prépare son exposition à la galerie d’art contemporain de Montréal, prévue pour le début octobre. Le décès de sa belle-mère le ramène d’urgence dans Charlevoix le 5 septembre. À la fin septembre, il participe à l’accrochage de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul, à la campagne de presse et au vernissage. Le vidéaste et photographe François Rivard et une équipe de la télévision communautaire filment le vernissage et la performance. Des amis se déplacent de Montréal pour le vernissage, notamment, Madeleine Arbour ainsi que Jacques Bélanger et sa famille.
Dès le début octobre, Barbeau retourne à Montréal pour le vernissage de son exposition le 9 octobre. De nombreux collectionneurs, amis et confrères sont présents au vernissage, dont Françoise Sullivan et Claude Tousignant et son épouse. Avant de rentrer à Paris pour la saison hivernale, Barbeau et son épouse Ninon Gauthier assistent au spectacle que Jocelyne Montpetit présente dans le cadre du Festival International de la Nouvelle Danse. À son retour à Paris, Barbeau reprend sa production picturale et il assiste à quelques concerts à la Cité de la musique. Il reçoit fréquemment à l’atelier Emilie Salmon, une étudiante en histoire de l’art qui prépare un mémoire de maîtrise sur son œuvre.
2004
En févier, Barbeau retourne par affaires à Montréal et au Sud de la Floride alors que son épouse, prépare la soutenance prochaine de sa thèse de doctorat à la Sorbonne. Barbeau revient à Paris pour l’événement qui a lieu le 9 mars en présence de quelques amis. L’affection que ses amis lui manifestent à cette occasion, la rencontre sympathique des membres du jury, leurs témoignages sur l’originalité de sa contribution et la perspective d’une reconnaissance en France à la suite de thèse, sont pour lui d’un grand réconfort et l’incite à reprendre une production délaissée depuis plusieurs semaines. À la mi-avril, à l’invitation de leurs amis Éric Lapeyre et Nathalie Guépratte, les Barbeau séjournent à Bidart, au Pays Basque. La lumière maritime et la beauté du paysage, qui comme Charlevoix associe la mer et la montagne, inspirent au peintre une suite de petites peintures sur papier. À son retour, il s’arrête à Pons d’où les Barbeau du Québec sont originaires. À Pâques, ils visitent Amiens où ils séjournent pour le week-end. À l’initiative de son agent, Jacques Bélanger, la Fondation Pinel et Loto Québec l’incluent dans leur collection alors que de nouveaux jeunes collectionneurs s’intéressent à son œuvre.
En mai, Barbeau reçoit la visite de son amie la sémiologue Carolle Gagnon et de son compagnon Dick Shell qui sont de passage à Paris dans le cadre de travaux de recherche. Carolle Gagnon profite de cette visite pour réaliser une entrevue avec l’artiste en vue d’un article pour le magazine montréalais. “Maison d’aujourd’hui”. Après un court voyage d’affaires au Québec en juin, Barbeau reprend le chemin de l’atelier. Il entreprend une nouvelle suite de peinture de grand format.
Marcel Barbeau et Ninon Gauthier retournent au Pays Basque en juillet. Ils profitent de ce séjour pour visiter la Fondation Chillida en banlieue de San Sebastian. Ne pouvant rester inactif, Barbeau peint quelques peintures de petit format entre les visites touristiques, les promenades sur la plage et les parties de golf. Ce voyage est aussi pour les Barbeau une nouvelle occasion de mieux connaître la France. Ils visitent ainsi Limoges, Uzès et Cahors, à l’aller, et Angoulême, Poitiers et Blois, au retour. Ils s’arrêtent chez des amis, les Passebon, à la Fosse, un petit bourg charentais. Passionnés de leur région, ces derniers leur font découvrir Rochefort et Brouage. Projetant un retour prochain au Canada, les Barbeau retournent en Bretagne en août. Nantes, la Pointe du Raz et les sites de Carnac figurent sur leur itinéraire.
Les visites amicales qu’il reçoit au cours de cet été, notamment celle de Carolle Gagnon, au printemps et de Jocelyne Montpetit, à la fin de l’été, stimulent sa production. Manquant d’espace pour sa production et dans la perspective d’un déménagement, il loue un local dans un entrepôt voisin à la fin septembre. En octobre. Émilie Salmon rend à nouveau visite à l’artiste pour lui remettre un exemplaire du mémoire de maîtrise qu’elle vient de soutenir à l’Université Paris X – Nanterre.En novembre, Barbeau et sa compagne passent une semaine à Canne pour y découvrir les nouvelles installations de l’Espace de l’Art concret de Mouans-Sartoux.Ils profitent de ce voyage pour tenter de renouer avec les sites qu’ils fréquentaient dans les années soixante-dix et visiter d’autres musées et centres d’art de la région. À la fin novembre, ils se rendent dans le Nord, pays d’origine de feu son ami Charles Delloye afin de visiter la foire artistique de Lille et les musées de la région. Loto Québec acquiert un second Barbeau et une première peinture de l’artiste. En décembre, un nouveau projet d’estampe, avec la galerie Roger Bellemare le ramène à Montréal. Il assiste au vernissage d’une exposition collective à la galerie Gala où quelques-uns de ses petits tableaux tachistes sont présentés. Il y passe Noël et ne pouvant rester inactif, il peint dans un atelier du Canal Lachine que lui prête le propriétaire du Château Saint-Ambroise.
2005
À leur retour à Paris, les Barbeau élaborent divers projets d’exposition. Parallèlement, las de leurs fréquents voyages, ils préparent un retour éventuel en Amérique. De passage en Île-de-France, le collectionneur Outaouais Claude Bouchard visite à nouveau son atelier fin janvier.
En février, profitant d’un échange de résidence, les Barbeau visitent la Floride afin d’y explorer des possibilités d’exposition et aussi celles de s’y établir. Malgré le vif intérêt que deux marchands d’art lui manifestent, Barbeau hésite à laisser ses œuvres en consignation aussi loin de sa résidence et il retourne à Paris sans avoir conclu d’entente de représentation avec l’une d’elles. Durant son séjour, inspiré par les couleurs éclatantes et la vie trépidante de Miami, Barbeau produit une suite de collages à partir de papier de couleur et de coupures de magazines. Les figures se disloquent alors qu’un bleu céruléen intense remplace le bleu clair de sa production précédente.
À son retour à Paris, Barbeau peint une suite de petits tableaux inspirés de ses collages floridiens. À la mi-avril, le peintre profite à nouveau de l’hospitalité de ses amis Basques. À cette occasion, il accompagne Ninon Gauthier à la Fondation Chillida, qui prépare un reportage. Il découvre avec elle l’œuvre d’un autre grand sculpteur espagnol, Jorge Oteiza et la Fondation qui lui est dédiée dans les environs de Pampelune. À son retour d’Espagne, il se procure des papiers de couleur et il produit une courte suite de collages.
À son retour à Bagnolet, l’artiste reprend en grand format la production picturale amorcée à son retour de Floride. Le fond bleu céruléen de ces derniers tableaux semblent se souvenir de la lumière et des couleurs intenses du Pays Basque. Chassé de son atelier par des travaux, il visite la fonderie d’art de Bagnolet et développe avec son propriétaire un projet de tirage d’un modèle récent inspiré de sa production charlevoisienne du milieu des années soixante-dix.
Les brèves visites de ses petits-enfants Manuel et Anaïs, et de sa fille Manon le réconfortent tout en lui faisant ressentir plus lourdement la distance et le passage du temps. Il évoque de plus ou plus fréquemment le projet d’un retour au pays, tout en le récusant dès qu’un nouveau signe de rejet de son oeuvre par les institutions canadiennes ou québécoises se manifeste.
En juin, Barbeau démarre son projet de bronze à la fonderie d’art bagnoletaise. Le 7 juin, il assiste à un hommage à la marchande d’art Iris Clert, organisée par la communauté grecque parisienne à l’occasion de la première du film que lui consacre son petit-fils, le cinéaste. Sept de ses collages de 1961 figurent dans l’exposition Des oeuvres en série », présentée au Musée national des beaux-arts du Québec du 9 juin au 23 octobre. Ces œuvres sont des acquisitions récentes du musée.
À la fin juin, Barbeau retourne à Montréal et il s’installe au Château Saint-Ambroise en bordure du Canal Lachine pour l’été. Il y produit plusieurs tableaux et y renoue avec d’anciens amis et avec sa fille Manon qu’il visite à sa maison de campagne en Estrie. Il y reçoit aussi la visite d’amateurs d’art. Son séjour à Montréal lui permet aussi d’initier une nouvelle relation avec la galerie Elliott Louis de Vancouver et de développer un projet d’exposition avec son directeur Ted Lederer. En septembre, il séjourne une semaine dans Charlevoix. Il profite de son voyage pour visiter l’exposition du Musée national des beaux-arts du Québec où ses collages de 1961 sont présentés pour la première fois et pour voir la nouvelle installation de ses sculptures au Musée régional de Charlevoix à La Malbaie.
À son retour à Paris à la fin septembre, il supervise les dernières étapes de la production de son bronze «Le marcheur de nuit » et il le signe. Puis, il reprend le chemin de l’atelier en vue de compléter la production de son exposition à la galerie Elliott Louis au début avril. Il tente aussi d’organiser une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit dans le cadre de cette exposition. En novembre profitant d’une invitation à un vernissage, il visite Strasbourg et ses musées. Début décembre, ayant presque complété les œuvres qu’il doit envoyer à Vancouver en janvier, il se rend à Marrakech pour une semaine de repos.
Une randonnée sur le haut plateau du Kick, ses visites des monuments et des jardins et ses promenades dans les rues grouillantes et vivement bariolées de couleurs vives de la vieille Médina inspireront sa palette à son retour à Paris. Au cours, d’un week-end à Londres il visite la National Gallery. Il est fortement impressionné par les peintures de la Renaissance qu’il y voit y remarquant pour la première fois leur composition décalée et l’important accordée à la partie supérieure de plus tableaux. Il s’en inspire dans quelques-unes des peintures qu’il produit à son retour.
2006
Les premières journées de janvier, il produit les deux derniers tableaux de son exposition à Vancouver, juste à temps pour respecter l’échéance de leur expédition.
La nouvelle de l’acquisition par Hydro Québec d’une rare série de ses toutes premières estampes « Trajectoires» l’encourage à reprendre sa production sans interruption après le départ de ses tableaux pour la Côte Ouest. Ses nouveaux tableaux retrouvent l’élan et la légèreté des tableaux inspirés de sa visite de l’exposition Rubens et de celle d’autoportraits de la National Gallery de Londres. Au début mars, il profite d’une semaine de repos à Malaga en Andalousie pour produire une suite d’une vingtaine de petits dessins.
Le 29 mars, Marcel Barbeau et sa compagne s’envolent pour Vancouver pour y préparer la tenue de l’exposition « Marcel Barbeau Vertiginous Limits » à la galerie Elliott Louis. Il participe à l’accrochage et accorde de nombreuses entrevues aux médias. L’exposition reçoit un accueil enthousiaste tant des professionnels que des amateurs d’art et plusieurs tableaux sont vendus dès l’accrochage de l’exposition. Venue de Rome pour participer à l’événement, la danseuse et chorégraphe Jocelyne Montpetit donne une performance exceptionnelle dans le cadre du vernissage. Son interprétation chorégraphique des peintures de Barbeau met en relief le lyrisme des constructions géométriques de Barbeau, et la qualité émotionnelle de leur équilibre fragile. En finale, elle invite le peintre à se joindre à sa danse dans un bref pas de deux. Ninon Gauthier participe également à l’événement par une conférence dans laquelle elle démontre l’importance du rapport aux autres disciplines artistiques dans l’œuvre de Marcel Barbeau depuis ses toutes premières abstractions des années quarante.
[1] BARBEAU, Manon, Barbeau Libre comme l’art, ONF/ InformAction Film, Montréal, 2000. 49 minutes – – Reportage photographique de Ninon Gauthier, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[2] Quelques mots sur l’exposition¨, Confluence, lettre du Centre culturel de Morsang-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, mai 2000.
[3] Reportages photographiques de Pierre Huot, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[4] Reportage photographique de la Galerie Montcalm, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[5] BOREMANS, Guy, Dérives et variations, vidéo sur la performance de Jocelyne Montpetit et dans l’exposition du même titre avec la participation de Marcel Barbeau, production Jocelyne Montpetit et Marcel Barbeau, Montréal, 2000. VHS. 20 minutes.
[6] Reportage photographique de Françoise Gilbert, fonds d’archives photographiques, Archives personnelles de l’artiste.
[7] Ouvrage collectif, Paris vu par 1970-2000, Centre Culturel Canadien, Ambassade du Canada, Paris, 2000.
[8] XXIVe Festival international du film d’art et pédagogique, Maison de l’UNESCO, Paris, 30 novembre-12 décembre 2000.
[9] Le 55e Salon de Mai, Paris, 2001. Catalogue, ill.
[10] Archives personnelles de l’artiste, correspondance, Centre d’art de Baie-Saint-Paul.
[11] Graviers dressés sur l’algue, vidéo sur la performance de Jocelyne Montpetit, en relation avec les peintures de Marcel Barbeau, La marée aux milles vagues, Rivière-du-Loup, 31 août 2001; Reportage photographique de Ninon Gauthier, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[12] Biennale Qnternazionale Dell’ Arte Contemporanea, Terza Edizione, décembre 2001, Catalogue, ill. et archives personnelles de l’artiste, fonds d’archives photographiques, photographies de Ninon Gauthier.
[13] Reportage photographique d’Yvette Froment, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[14] Reportage photographique de Jacques Bélanger, fonds d’archives photographiques, archives personnelles de l’artiste.
[15] Cf. note 465.
1: Ce document est tiré de la thèse de doctorat de Ninon Gauthier, « Échos et métamorphoses dans l’œuvre de Marcel Barbeau Catalogue des peintures (1945 – 1971) et catalogue des sculptures (1945 – 2000), préparée sous la direction du Professeur Serge Lemoine et soutenue à l’Université Paris IV – Sorbonne le 9 mars 2004.
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