1948

Photo Fonds Maurice Perron du Musée national des Beaux-arts du Québec, kindly authorirized by Line-Sylvie Perron. Copyright © Carmen Perron.
Photo Fonds Maurice Perron du Musée national des Beaux-arts du Québec, kindly authorirized by Line-Sylvie Perron. Copyright © Carmen Perron.

Malgré cette interruption, Barbeau participe à la dernière exposition de la CAS qui se tient du 7 au 29 février à l’Art association et son nom est mentionné dans les critiques de l’exposition. L’accrochage qui relègue encore une fois les disciples de Borduas dans une salle exiguë ce qui accroît les dissensions croissantes entre le petit groupe et les autres membres de la Contemporary Art Society. La réunion qui suit consacre la rupture entre les «anciens» et les «modernes» et entraîne la dissolution de la CAS.(35)

À la demande de Françoise Sullivan, Barbeau crée un masque pour le costume de sa nouvelle chorégraphie, Dédale. La représentation est prévue pour le 3 avril à la Maison Ross, rue Peel. Barbeau utilise du gros fil métallique pour fabriquer ce masque qui se prolonge dans une coiffure inspirée de ses sculptures de papier mâché. Mais ce casque est lourd et inconfortable et la danseuse le perd constamment dans la violence des mouvements de “derviche” de sa chorégraphie. Elle ne peut pas le porter pour le spectacle (36) ce qui provoque une nouvelle déception pour Barbeau.

À la fin de l’hiver, Claude Gauvreau présente à Barbeau, Suzanne Meloche, une jeune artiste et poétesse d’Ottawa avec laquelle le poète entretient des relations épistolaires. (37) Barbeau en devient éperdument amoureux. Il revient à la peinture, repeignant entièrement les quelques toiles de l’année précédente, qu’il n’a pas entièrement détruites. Pour se rapprocher de Suzanne Meloche, il loue comme atelier le sous-sol de la maison de la rue Fabre où elle vient d’emménager. Dans ses nouvelles peintures, il se soumet au jugement de Borduas et de ses confrères et tente de retrouver l’espace «allant vers l’infini», préconisé par son maître. Il invite Borduas à voir cette nouvelle production que ce dernier apprécie l’encourageant à poursuivre dans cette voie. Maurice Perron se rend à l’atelier de fortune de Barbeau pour y photographier Coquille évoluée des mers brûlantes, une de ses sculptures, retenue par Borduas pour être reproduite dans le manifeste du mouvement automatiste. Barbeau profite de sa présence pour lui faire photographier une autre sculpture et sa nouvelle production en peinture depuis l’hécatombe du printemps précédent. Mais Barbeau en est insatisfait, les trouvant trop sages et regrettant déjà ses peintures all over de l’année précédente. Ces peintures seront également détruites pour la plupart et celles qui échapperont à cette furie autodestructrice seront perdues dans ses nombreux déménagements. À l’exception d’œuvres prêtées ou données à des amis, le reste de sa production des années antérieures disparaîtra dans un grand ménage du hangar de la maison familiale.

Bientôt, Barbeau quitte la résidence familiale pour partager discrètement la chambre de Suzanne Meloche. Le propriétaire, Monsieur Rivest, surprend les jeunes amants. Jugeant cette cohabitation immorale, il les somme de quitter les lieux ou de se marier, leur offrant même d’accélérer les procédures en les faisant exempter de la publication des bans grâce à l’intervention de son frère, curé de la paroisse voisine. Marcel Barbeau épouse Suzanne Meloche le 7 juin 1948 à l’église Saint-Philippe de Montréal. Son oncle, George Saint-Antoine lui sert de témoin alors que Claude Gauvreau est celui de Suzanne Meloche. (38) Le jeune couple s’installe quelques semaines plus tard dans un petit appartement du 3185, de la rue Evelyn à Verdun, banlieue ouvrière de Montréal, propriété de la famille de Guy et Jacques Viau, d’anciens confrères de l’École du Meuble. (39)Les deux frères qui viennent de créer une maison de décoration et de fabrication de meubles exclusifs lui offre un emploi de dessinateur. Barbeau y travaillera pendant trois ou quatre mois. Mais les jeunes dessinateurs sont trop audacieux pour la clientèle montréalaise de l’époque et ils sont confrontés à la production en série qui commence à se développer. Les commandes se tarissent rapidement et la jeune entreprise doit bientôt limoger ses employés.

Au cours de l’été, il signe le manifeste Refus global et il participe à son impression. Une de ses sculptures, Coquille évoluée des mers brûlantes, y est reproduite. Le manifeste paraît le 8 août. Le manifeste fait scandale dans la société québécoise. Borduas perd son emploi à l’École du Meuble. Avec quelques anciens élèves de Borduas, Marcel Barbeau témoigne dans La Clairon en faveur de Borduas pour dénoncer son renvoi de l’École du Meuble. (40) Le maître et ses jeunes disciples deviennent les cibles de la critique et des institutions québécoises, situation qui se prolongera pendant plusieurs années. Un article de Maurice Gagnon sur le mouvement automatiste paraît dans le numéro 3 du volume V du magazine, Canadian Art. Le nom de Barbeau y est cité. (41)

Après la perte de son emploi chez les frères Viau, Marcel Barbeau retourne travailler à l’épicerie de son oncle les fins de semaine et il effectue divers petits boulots pour assurer la survie du couple.

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