En janvier, il peint un nouveau grand tableau faisant suite aux précédents. À l’invitation de la maison de production Inform’Action, Barbeau se rend à Montréal à la mi-mars pour assister à la première du film Barbeau Libre comme l’art au Festival international des films sur l’art de Montréal.[1] La projection a lieu au Musée d’art contemporain de Montréal. Il rencontre Jocelyne Montpetit en vue d’élaborer avec elle un projet de performance danse-peinture, qu’il souhaite présenter dans l’exposition de ses peintures récentes, Dérive et variations, à Hull et à Montréal au cours du printemps et de l’été suivant. À son retour à Bagnolet, il rencontre le directeur du centre d’art de Morsang-sur-Orge qui retient cinq sculptures pour une exposition que ce dernier organise en vue de développer un jardin de sculpture.[2]
De retour au Canada au début de mai, il séjourne pendant trois semaines dans la région de la capitale nationale à l’occasion de son exposition à la Galerie Montcalm, galerie publique de la ville de Hull et à la Galerie Jean-Claude Bergeron, à Ottawa. Avec son épouse, Ninon Gauthier, commissaire de l’exposition à la Galerie Montcalm, il participe au montage des tableaux et à l’accrochage. À la veille de l’exposition, il assiste à une conférence de Ninon Gauthier sur son œuvre au Musée des beaux-arts du Canada. La rencontre avec des amateurs d’art de l’Outaouais se prolonge à la Galerie Jean-Claude Bergeron dans le cadre d’une réception.[3]
Les jours suivants, Barbeau assiste aux vernissages de ses deux expositions[4] et il participe à de nombreuses entrevues. L’exposition est bien reçue par un public nombreux et elle est largement couverte par les médias régionaux. Durant son séjour dans la capitale nationale canadienne, Barbeau peint quelques petites peintures dans le jardin de la maison où il loge.
Le 20 juin, Barbeau quitte l’Outaouais pour visiter sa belle-mère à Pointe au Pic. À son retour à Montréal, il participe au montage de l’exposition à la Maison de la Culture Côte-des-Neiges et il rencontre Jocelyne Montpetit pour finaliser leur projet de performance. La veille du vernissage, Guy Boremans tourne un vidéo de la performance. Elle sera présentée sur demande dans l’exposition.[5]Le peintre participe aussi à la campagne de presse de l’expositon et à celle du film de Manon Barbeau. Le lancement du vidéo a lieu au vernissage, après la performance de Jocelyne Montpetit.[6] Ce triple évènement attire un large public, On y remarque de nombreuses personnalités de la scène artistique et cinématographique montréalaise.
Barbeau passe le mois de juillet à Westmount chez une amie, Hilda Blayer, dans le cadre d’un échange d’appartement. Il rencontre Jocelyne Montpetit pour élaborer avec elle de nouveaux projets de
performances à Baie-Saint-Paul et à Tokyo. Il loue un atelier rue Saint-Laurent, mais y peint peu, étant occupé à restaurer quelques tableaux anciens, abîmés par l’entreposage et par son déménagement récent dans un nouvel entrepôt. Il y produit cependant la petite sculpture L’échelle des ombres fugitives, suite à une commande d’un jeune collectionneur, Jacques Bélanger. La sculpture est produite, sous sa supervision, par Raymond Grandbois à la fin juillet. À la mi-août, il séjourne chez sa belle-mère pendant deux semaines avant de retourner en France.
À son retour à Paris, il assiste au lancement de Paris vu par au Centre Culturel Canadien, une brochure anniversaire publiée par l’Ambassade canadienne, dans laquelle il publie un court texte sur le thème « Vivre à Paris ».[7] Durant l’automne, il poursuit sa production de très grands tableaux de l’automne et de l’hiver précédent. En décembre, il assiste à la première européenne du film Barbeau Libre comme l’art[8] à l’Unesco. Puis il se rend à Montréal, où il conclut une entente de représentation avec Jacques Bélanger qui devient son agent à Montréal.
Barbeau poursuit durant tout l’hiver et le début du printemps sa production de grands tableaux. Jacques Bélanger organise une exposition de ses œuvres à la Galerie Bernard pour le printemps 2002. Le directeur de la Galerie, Gianguido Fucito choisit deux de ses œuvres pour les inclure dans une exposition de sculpture d’artistes de la galerie. En avril, Barbeau participe au Salon de Mai avec le tableau Amour Champagne et autres choses qu’il a produit en décembre 2000, au retour d’un voyage d’affaires au Canada.[9]
À la fin d’avril, il reçoit une invitation à participer à la Biennale internationale d’art contemporain de Florence, en Italie. Grâce à l’aide d’un généreux mécène et du Gouvernement du Québec, il réunit les fonds nécessaires à sa participation. La nouvelle du décès de Françoise Labbé, la directrice du Centre d’art de Baie Saint Paul, qu’il a bien connue, le bouleverse. Il s’interroge aussi sur le sort de son projet exposition. Au début de mai, il subit une petite intervention chirurgicale qui l’immobilise jusqu’à son départ annuel pour le Québec. À la veille de son retour au Québec au début juin, Laurent Bouchard, le directeur par intérim annule la présentation de l’exposition Marcel Barbeau Le fleuve en escales à Baie-Saint-Paul.[10]
Après de brefs séjours à Montréal, où il assiste au vernissage de l’exposition de sculpture à la Galerie Bernard, il s’installe à Val Sutton, pour l’été. Un architecte et promoteur immobilier, Jean-Claude Cyr, lui aménage un atelier dans un ancien restaurant qu’il s’apprête à convertir en centre de santé.Réconforté par la commande d’un tableau de grand format et par un nouveau projet d’exposition dans la région l’été suivant, Barbeau y peint quatre nouveaux tableaux de grand format. Au cours de l’été, il organise une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit. La performance a lieu la veille de son retour en France, le 31 août dans le cadre de l’évènement La marée aux milles vagues qu’organise le musée du Bas Saint-Laurent.[11] Dès son retour à Bagnolet, il reprend sa production et il peint plusieurs tableaux de petit format en vue de son exposition du printemps à Montréal.
Début décembre, il se rend à Florence en Italie où il participe à la Troisième édition de la Biennale Internationale d’art contemporain.[12] Il obtient le cinquième prix. Il profite de l’occasion pour visiter la capitale toscane, qu’il avait traversée trop rapidement lors de son premier voyage en Italie en 1962, pour découvrir ses chefs-d’œuvre artistiques et architecturaux. Il est particulièrement touché par les murales de Ghirlandaio de San Maria del Carmine, par les Botticelli et les Velasquez de la Galerie des Offices et par la dentelle de pierre de San Maria del Fiore. À la fin décembre, il se rend à Montréal pour finaliser l’organisation de son exposition à la Galerie Bernard, et de la performance qu’il projette d’y présenter. Il passe les fêtes de fin d’année en famille.
À l’invitation de ses amis, Louis-Marie Tremblay et Yvette Froment, Barbeau visite le Sud de la Floride au début janvier.[13] Il profite de ce voyage pour visiter des galeries d’art et des musées.
À son retour à Paris, il reprend sa production en vue de son exposition du printemps à Montréal. En mars, il participe à la Première biennale d’estampes et d’œuvres sur papier, qui se tient à Paris. À la fin avril, il retourne à Montréal pour son exposition « Limites vertigineuses » à la Galerie Bernard[14] dans laquelle il organise une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit. [15] À l’occasion de ce voyage, il séjourne quelques semaines à Toronto où il tente de renouer avec la scène artistique de la métropole canadienne. Après un voyage dans la région de Montpellier et bref séjour d’un mois à Bagnolet, il retourne au Québec en août où il est l’invité d’un évènement culturel dans les Laurentides. Profitant de ce séjour au Québec, les nouveaux propriétaires de son ancien atelier et résidence de la rue Amherst, Richard Soucy et Duane Kindness organisent le dévoilement d’une plaque en son honneur sur la façade de l’édifice. L’événement a lieu en présence de l’artiste entouré de collectionneurs et d’amis. Des personnalités de Montréal y assistent.
À son retour à Paris à la fin août, le peintre reprend sa production, s’interrompant à peine quelques jours pour être opéré pour une cataracte. Profitant des derniers beaux jours et de sa convalescence, il s’installe sur la terrasse de son atelier pour produire une suite de petits modèles de terre rouge.
À la fin septembre, il participe à la première Triennale d’art contemporain, à Paris. Ayant recouvré une parfaite perception des couleurs à la suite son intervention chirurgicale, il reprend sa production picturale avec enthousiasme. Il se rend à Montréal à la fin décembre pour superviser le tirage et signer deux estampes d’interprétation de sa production récente par les Communications Imprimées Bellemare Inc. Puis, il visite brièvement des amis en Floride.
À son retour à Paris, à peine remis du décalage horaire et d’une intervention pour une deuxième cataracte, il reprend sa production en vue de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul à l’automne 2003.
En mars, Spectra, l’organisme organisateur du Festival International de Jazz de Montréal lui commande une estampe pour la levée de fonds de la vingt-quatrième édition de l’événement. Au début mai, Barbeau se rend à Montréal pour superviser la réalisation et l’impression de son estampe aux ateliers de Communications Imprimées Bellemare Inc. L’estampe est intitulée Django Blue en l’honneur Django Reinhardt auquel le Festival rend hommage à l’occasion du cinquantenaire du décès du musicien de jazz franco gitan. Le titre n’est pas sans rappeler celui d’un tableau cinétique de Barbeau, Rétine Django, de 1965, qui évoquait déjà sur le mode humoristique la mémoire du musicien. Barbeau participe au lancement de l’estampe sur le site de la Place des arts. Il profite de sa présence à Montréal pour renouer avec le jazz en assistant à de nombreux concerts du Festival, dont celui qui est dédié au célèbre guitariste.
Barbeau et son épouse passent l’été à Pointe au Pic chez sa belle-mère, Fleurette Rose-Gauthier, gravement malade. Le peintre y poursuit sa production en vue de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul. À cette fin, il loue une maison voisine en construction qui lui tient lieu d’atelier. Il y reprend également en grand format une de ses sculptures de l’été 1992, propriété d’un collectionneur, qui est acquise par le Musée régional de Charlevoix.
Il profite de ce séjour pour assister à quelques concerts au Domaine Forget.
À la mi- août, il retourne à Montréal pour procéder au montage des tableaux de grands formats de son exposition et pour mettre au point, avec Jocelyne Montpetit, la performance de la chorégraphe et danseuse au vernissage de son exposition à Baie Saint Paul. Parallèlement, il prépare son exposition à la galerie d’art contemporain de Montréal, prévue pour le début octobre. Le décès de sa belle-mère le ramène d’urgence dans Charlevoix le 5 septembre. À la fin septembre, il participe à l’accrochage de son exposition au Centre d’art de Baie Saint-Paul, à la campagne de presse et au vernissage. Le vidéaste et photographe François Rivard et une équipe de la télévision communautaire filment le vernissage et la performance. Des amis se déplacent de Montréal pour le vernissage, notamment, Madeleine Arbour ainsi que Jacques Bélanger et sa famille.
Dès le début octobre, Barbeau retourne à Montréal pour le vernissage de son exposition le 9 octobre. De nombreux collectionneurs, amis et confrères sont présents au vernissage, dont Françoise Sullivan et Claude Tousignant et son épouse. Avant de rentrer à Paris pour la saison hivernale, Barbeau et son épouse Ninon Gauthier assistent au spectacle que Jocelyne Montpetit présente dans le cadre du Festival International de la Nouvelle Danse. À son retour à Paris, Barbeau reprend sa production picturale et il assiste à quelques concerts à la Cité de la musique. Il reçoit fréquemment à l’atelier Emilie Salmon, une étudiante en histoire de l’art qui prépare un mémoire de maîtrise sur son œuvre.
En févier, Barbeau retourne par affaires à Montréal et au sud de la Floride alors que son épouse prépare la soutenance prochaine de sa thèse de doctorat à la Sorbonne. Barbeau revient à Paris pour l’événement qui a lieu le 9 mars en présence de quelques amis. L’affection que ses amis lui manifestent à cette occasion, la rencontre sympathique des membres du jury, leurs témoignages sur l’originalité de sa contribution et la perspective d’une reconnaissance en France à la suite de cette thèse, sont pour lui d’un grand réconfort et l’incite à reprendre une production délaissée depuis plusieurs semaines. À la mi-avril, à l’invitation de leurs amis Éric Lapeyre et Nathalie Guépratte, les Barbeau séjournent à Bidart, au Pays Basque. La lumière maritime et la beauté du paysage, qui comme Charlevoix associe la mer et la montagne, inspirent au peintre une suite de petites peintures sur papier. À son retour, il s’arrête à Pons d’où les Barbeau du Québec sont originaires. À Pâques, ils visitent Amiens où ils séjournent pour le week-end. À l’initiative de son agent, Jacques Bélanger, la Fondation Pinel et Loto Québec l’incluent dans leur collection alors que de nouveaux jeunes collectionneurs s’intéressent à son œuvre.
En mai, Barbeau reçoit la visite de son amie la sémiologue Carolle Gagnon et de son compagnon Dick Shell qui sont de passage à Paris dans le cadre de travaux de recherche. Carolle Gagnon profite de cette visite pour réaliser une entrevue avec l’artiste en vue d’un article pour le magazine montréalais. « Maison d’aujourd’hui ». Après un court voyage d’affaires au Québec en juin, Barbeau reprend le chemin de l’atelier. Il entreprend une nouvelle suite de peinture de grand format.
Marcel Barbeau et Ninon Gauthier retournent au Pays Basque en juillet. Ils profitent de ce séjour pour visiter la Fondation Chillida en banlieue de San Sebastian. Ne pouvant rester inactif, Barbeau peint quelques œuvres de petits formats entre les visites touristiques, les promenades sur la plage et les parties de golf. Ce voyage est aussi pour les Barbeau une nouvelle occasion de mieux connaître la France. Ils visitent ainsi Limoges, Uzès et Cahors, à l’aller, et Angoulême, Poitiers et Blois, au retour. Ils s’arrêtent chez des amis, Anne-Marie et Michel Passebon, à la Fosse, un petit bourg charentais. Passionnés de leur région et de celle du Québec, ces derniers leur font découvrir Rochefort et Brouage. Projetant de revenir prochainement au Canada, les Barbeau retournent en Bretagne en août. Nantes, la Pointe du Raz et les sites de Carnac figurent sur leur itinéraire.
Les visites amicales qu’il reçoit au cours de cet été, notamment celle de Carolle Gagnon, au printemps et de Jocelyne Montpetit, à la fin de l’été, stimulent la production de Barbeau. Manquant d’espace pour ses activités et dans la perspective d’un déménagement, il loue un local dans un entrepôt voisin à la fin septembre. En octobre, Émilie Salmon rend à nouveau visite à l’artiste pour lui remettre un exemplaire du mémoire de maîtrise qu’elle vient de soutenir à l’Université Paris X – Nanterre. En novembre, Barbeau et sa compagne passent une semaine à Canne pour y découvrir les nouvelles installations de l’Espace de l’Art concret de Mouans-Sartoux. Ils profitent de ce voyage pour tenter de renouer avec les sites qu’ils fréquentaient dans les années soixante-dix et visiter d’autres musées et centres d’art de la région. À la fin novembre, ils se rendent dans le Nord, pays d’origine de feu son ami Charles Delloye afin de visiter la foire artistique de Lille et les musées de la région. Loto Québec acquiert un second Barbeau, une peinture récente de l’artiste. En décembre, un nouveau projet d’estampe d’interprétation avec la galerie Roger Bellemare le ramène à Montréal. Il assiste au vernissage d’une exposition collective à la galerie Gala où quelques-uns de ses petits tableaux tachistes sont présentés. Il passe Noël en famille dans sa ville natale. Ne pouvant rester inactif, il peint une série de peintures sur papier tachistes dans un atelier du Canal Lachine que lui prête le propriétaire du Château Saint-Ambroise.
À leur retour à Paris, les Barbeau élaborent divers projets d’exposition. Parallèlement, de leurs fréquents voyages, ils préparent un retour éventuel en Amérique. De passage en Île-de-France, le collectionneur Outaouais Claude Bouchard visite à nouveau son atelier fin janvier.
En février, profitant d’un échange de résidence, les Barbeau visitent la Floride afin d’y explorer des possibilités d’exposition et aussi celles de s’y établir. Malgré le vif intérêt que deux marchands d’art lui manifestent, Barbeau hésite à laisser ses œuvres en consignation aussi loin de sa résidence et il retourne à Paris sans avoir conclu d’entente de représentation avec l’une d’elles. Durant son séjour, inspiré par les couleurs éclatantes et la vie trépidante de Miami, Barbeau produit une suite de collages à partir de papier de couleur et de coupures de magazines. Les figures se disloquent alors qu’un bleu céruléen intense remplace le bleu clair de sa production précédente.
À son retour à Paris, l’artiste peint une suite de petits tableaux inspirés de ses collages floridiens. À la mi-avril, le peintre profite à nouveau de l’hospitalité de ses amis Basques. À cette occasion, il accompagne, à la Fondation Chillida, Ninon qui prépare un reportage. Il découvre avec elle l’œuvre d’un autre grand sculpteur espagnol, Jorge Oteiza et la Fondation qui lui est dédiée dans les environs de Pampelune. À son retour d’Espagne, Barbeau se procure des papiers de couleur et il produit une courte suite de collages.
À son retour à Bagnolet, l’artiste reprend en grand format la production picturale amorcée à son retour de Floride. Le fond bleu céruléen de ces derniers tableaux semble se souvenir de la lumière et des couleurs intenses du Pays Basque. Chassé temporairement de son atelier par des travaux, il visite la fonderie d’art de Bagnolet et développe avec son propriétaire un projet de tirage d’un modèle récent de sculpture, inspiré de sa production charlevoisienne du milieu des années soixante-dix.
Les brèves visites de ses petits-enfants Manuel et Anaïs, et de sa fille Manon le réconfortent tout en lui faisant ressentir plus lourdement la distance et le passage du temps. Il évoque de plus ou plus fréquemment le projet d’un retour au pays, tout en le récusant dès qu’un nouveau signe de rejet de son œuvre par les institutions canadiennes ou québécoises se manifeste.
En juin, Barbeau démarre son projet de bronze à la fonderie d’art bagnoletaise. Le 7 juin, il assiste à un hommage à la marchande d’art Iris Clert, organisée par la communauté grecque parisienne à l’occasion de la première du film que lui consacrent Frédéric Compaign et son petit-fils, Vassili Clert. Sept de ses collages de Barbeau, datant de 1961, figurent dans l’exposition « Des œuvres en série », présentée au Musée national des beaux-arts du Québec, du 9 juin au 23 octobre. Ces œuvres sont des acquisitions récentes du musée.
À la fin juin, Barbeau retourne à Montréal et il s’installe pour l’été au Château Saint-Ambroise, l’ancienne filature en bordure du Canal Lachine. Il y produit plusieurs tableaux et y renoue avec vieux amis et avec sa fille Manon, qu’il visite à sa maison de campagne en Estrie. Il y reçoit aussi la visite d’amateurs d’art. Son séjour à Montréal lui permet d’initier une nouvelle relation avec la galerie Elliott Louis de Vancouver et de développer un projet d’exposition avec son directeur Ted Lederer. En septembre, les Barbeau séjournent une semaine dans Charlevoix, au Domaine Forget. Il profite de ce voyage pour visiter l’exposition du Musée national des beaux-arts du Québec où les collages de Marcel datant de 1961 sont présentés pour la première fois et pour voir la nouvelle installation de ses sculptures au Musée régional de Charlevoix à La Malbaie.
À son retour à Paris à la fin septembre, il supervise les dernières étapes de la production de son bronze « Le marcheur de nuit » et il le signe. Puis, il reprend le chemin de l’atelier en vue de compléter la production de son exposition à la galerie Elliott Louis prévue pour le début avril 2005. Il tente aussi d’organiser une nouvelle performance avec Jocelyne Montpetit dans le cadre de cette exposition. En novembre profitant d’une invitation à un vernissage, il visite Strasbourg et ses musées. Début décembre, ayant presque complété les œuvres qu’il doit envoyer à Vancouver en janvier, il se rend à Marrakech pour une semaine de repos.
Une randonnée sur le haut plateau du Quick, ses visites des monuments et des jardins et ses promenades dans les rues grouillantes et vivement bariolées de couleurs vives de la vieille Médina inspireront sa palette à son retour à Paris. Au cours, d’un week-end à Londres il visite la National Gallery. Il est fortement impressionné par les peintures de la Renaissance qu’il y voit y remarquant pour la première fois leur composition décalée et l’importance accordée à la partie supérieure de plusieurs de ces tableaux. Il s’en inspire dans quelques-unes des peintures qu’il produit à son retour.
Les premières journées de janvier, il produit les deux derniers tableaux de son exposition à Vancouver, juste à temps pour respecter l’échéance de leur expédition.
La nouvelle de l’acquisition par Hydro Québec d’une rare série de ses toutes premières sérigraphies, « Trajectoires », l’encourage à reprendre sa production sans interruption après le départ de ses tableaux pour la Côte Ouest. Ses nouveaux tableaux retrouvent l’élan et la légèreté des tableaux inspirés de sa visite de l’exposition « Rubens » et de celle des Autoportraits de la National Gallery de Londres. Au début mars, il profite d’une semaine de repos à Malaga en Andalousie pour produire une suite d’une vingtaine de petits dessins.
Le 29 mars, Marcel Barbeau et sa compagne s’envolent pour Vancouver pour y préparer la tenue de l’exposition « Marcel Barbeau Vertiginous Limits » à la galerie Elliott Louis. Il participe à l’accrochage et accorde de nombreuses entrevues aux médias. L’exposition reçoit un accueil enthousiaste tant des professionnels que des amateurs d’art et plusieurs tableaux sont vendus dès l’accrochage de l’exposition. Venue de Rome pour participer à l’événement, la danseuse et chorégraphe Jocelyne Montpetit donne une performance exceptionnelle dans le cadre du vernissage. Son interprétation chorégraphique des peintures de Barbeau met en relief le lyrisme des constructions géométriques de Barbeau, et la qualité émotionnelle de leur équilibre fragile. En finale, elle invite le peintre à se joindre à sa danse dans un bref pas de deux. Ninon Gauthier participe également à l’événement par une conférence dans laquelle elle démontre l’importance du rapport aux autres disciplines artistiques dans l’œuvre de Marcel Barbeau depuis ses toutes premières abstractions des années quarante.
Pour leur voyage vers Montréal, où ils se proposent de passer près de deux mois avant leur retour à Paris, les Barbeau choisissent d’emprunter la voie du chemin de fer transcanadien. En effet, les deux billets obtenus de VIA Rail pour les droits de reproduction de la murale Laurentides en 1990[1] et jamais utilisés, leur permettent de réaliser sans frais ce voyage mythique en première classe. Ils passent ainsi cinq jours d’émerveillement à découvrir paisiblement le Canada des montagnes, des plaines et des lacs infinis. Ils en profitent pour faire une escale à Edmonton où ils rencontrent un professeur de l’université de l’Alberta spécialiste du surréalisme et même de faire un détour par Calgary pour voir leurs amis, l’historienne d’art Ann Devis, qui dirige les musées et les archives de l’Université de Calgary et Romana Kaspar, la fille de son ancien marchand torontois. Le couple profite de cet arrêt à Calgary pour visiter, au Glenbow Museum de Calgary, l’exposition itinérante du Musée des beaux-arts du Canada Art and société in Canada1913-1950, dont un volet consacré aux automatistes comporte quelques œuvres de l’artiste. Monique Westra, la conservatrice d’art du musée les accompagne et leur ouvre la voie vers d’autres expositions du musée.
Avant de rentrer à Montréal, les Barbeau s’arrêtent aussi à Toronto pour rendre visite à leurs amis Carolle Gagnon et Dick Shell ainsi qu’à la sociologue de la culture Véronique Tomaszewski et sa petite famille. Ils y rencontrent également Dennis Reid, le conservateur en chef de l’AGO avec lequel ils ont amorcé une discussion au sujet d’un éventuel projet de rétrospective Barbeau. Carolle Gagnon, qui pourrait s’impliquer dans ce projet, les accompagne.
Cette traversée des Rocheuses et des Plaines fournit à l’artiste une puissante source d’inspiration. Dès son retour à Montréal, l’artiste produit une série de peintures tachistes expressionnistes qu’il intitule Suite canadienne, en lointain écho aux paysages grandioses traversés au cours de ce voyage et aux rythmes variés du train et de la Suite Canadienne d’Oscar Peterson (1964), écoutée fréquemment sur cd pendant son long trajet en alternance avec Dry leaves du compositeur britanico-colombien, Rodney Sherman, qu’ils ont rencontré chez les Shumiatcher. Au terme de ce long séjour au Canada, Barbeau organise une petite exposition dans son atelier temporaire au Château St-Ambroise pour des amis et collectionneurs montréalais. Il y vend quelques peintures et une petite sculpture.
À l’invitation de leurs amis Nathalie Guépratte et Éric Lapeyre, les Barbeau délaissent l’atelier à la fin juin, pour prendre de courtes vacances d’une semaine au Pays Basque. Ce sera l’occasion pour l’artiste de profiter une dernière fois des terrains de golf de la région et de faire quelques sorties culturelles en Espagne pour revoir le Musée Guggenheim de Bilbao et le Musée Chillida-Leku à San Sebastian et pour découvrir le musée de la Fondation Oteiza. Il produit aussi quelques peintures sur papier et quelques collages pour ne pas perdre complètement le rythme de l’atelier.
À la fin de cette brève interruption ensoleillée, Barbeau rentre à Paris. Ses douleurs au genou, qui l’ont beaucoup gêné durant son voyage dans l’Ouest canadien et l’ont forcé à interrompre la plupart de ses dernières parties de golf, dans les Pyrénées comme à Vancouver, l’incitent à consulter son médecin de famille qui après un scan lui recommande de consulter sans plus tarder le Docteur Francis Slomka, un spécialiste réputé. Ce dernier prescrit une intervention chirurgicale rapide pour retirer les nombreux fragments d’os détectés dans le genou de l’artiste. Après l’intervention chirurgicale, Barbeau doit demeurer presque immobile pour deux semaines de convalescence. Craignant la canicule d’août à Paris, les Barbeau louent un petit pavillon de campagne en Bretagne, à Carantec où ils pourront se reposer de ce début d’année mouvementé. Pour limiter la fatigue du voyage, ils se rendent en TGV jusqu’à Morlaix, la gare la plus proche, et y louent une petite voiture que Ninon conduira durant leur séjour. Ils découvrent ainsi cette partie de la Bretagne qu’ils ignoraient encore. De nouveau à Paris à la fin d’août, Barbeau retrouve avec bonheur son atelier où il peint avec frénésie des tableaux de grands formats, introduisant les coloris vifs et variés et les contrastes marqués observés au cours de ses derniers voyages. Souvenir de la lumière mauve des matins brouillés de Vancouver et de Victoria? Il pose ses compositions sur des fonds mauves et lilas. Il utilise aussi des roses et des verts tendres comme arrière-plans de ses nouveaux tableaux, tout en conservant ses problèmes qu’il décline dans des tons plus soutenus, plus profonds.
En novembre, ses nouveaux amis de Vancouver, l’architecte Judah Shurmiatcher et son épouse, la femme de théâtre Barbara Shumiatcher, sont de passage à Paris pour assister à l’opéra Faustus, the Last Night du jeune compositeur français Pascal Dusapin au théâtre du Châtelet que dirige un jeune chef canadien qu’ils connaissent par l’entremise d’un ami. Ils profitent de l’occasion pour visiter les Barbeau à Bagnolet. Ils font l’acquisition d’une toile intitulée Les glacis d’une Aurore, de la série des grands tableaux à fond mauve que le peintre vient tout juste de terminer. La structure et la composition de ce tableau peut évoquer une parenté spirituelle et formelle avec l’architecture de la maison Shumiatcher que Barbeau avait eu la chance de visiter lors de son voyage plus tôt cette année à Vancouver. Ensemble ils vont voir plusieurs expositions dont celle de Maurice Denis, le maître de Borduas, au Grand Palais.
Peu après le départ des Shumiatcher, Ted Lederer, le marchand britanico-colombien de Barbeau leur transmet une invitation de l’Association d’art contemporain de Vancouver à venir donner une conférence, sous leur égide, à l’Emily Carr School of Art and Design. Au même moment, ils reçoivent une proposition d’échange d’appartement sur la rue Outremont dans le voisinage immédiat de la résidence de la fille de Marcel, Manon Barbeau. Ils décident donc de passer Noël à Montréal pour ensuite se rendre à Vancouver afin de participer à cette rencontre publique. Parallèlement, Marcel trouve un petit local au château St-Ambroise où il pourra peindre pendant son séjour à Montréal. En décembre, il organise avec sa conjointe la réception familiale des fêtes de Noël dans cet appartement où ils célèbrent parmi leurs proches.
[1] Murale que Barbeau avait créée à la suite d’une commande du grand transporteur ferroviaire canadien dans le cadre de la rénovation de ses trains transcanadiens par la designer Madeleine Arbour en 1990.
Ce site est protégé par les conventions internationales sur le droit d’auteur. Il est strictement défendu de télécharger pour copier, reproduire, conserver ou transmettre sous quelque forme ou de quelque façon que ce soit un élément, une partie ou l’ensemble de son contenu visuel et de ses textes sans l’autorisation expresse et écrite des auteurs ou des ayants droits concernés. Pour information à ce sujet, vous adresser à ADAGP-Paris, au sujet des œuvres de Marcel Barbeau. Pour les textes, les photographies et les autres œuvres d’art, adressez-vous à Ninon Gauthier qui vous mettra en relation avec les ayants droits concernés. Il en va de l’existence même de ce site et de son développement. Merci..